Chapitre III : Solitude

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Jour I:

L'obscurité se faisait toujours aussi omniprésente. J'admirais le vide néant qui me faisait face, en quête de ne serais-ce qu'une once de lumière. Mon corps s'abandonnait dans cette cave sinistre me faisant office de logement. J'étais assise au fond de ce bloc, adossée contre le mur et face à la porte fortement scellée. J'ignorais par manque de lumière les objets qui se trouvaient à ma portée, plongée dans l'obscure noirceur de la pièce. Condamnée à devoir subsister encore 7 jours dans cette prison, je pressais contre mon corps le tissu chaud de la couverture que l'on m'avait mystérieusement donné la veille. Caressée par le parfum enivrant de l'objet, je sombrais dans le silence malheureux de la pièce; je dormais.

Jour II:

La nourriture et l'eau commençaient à trotter dans mes pensées. Toutes mes idées finissaient toujours par être en lien avec le fait de manger. Soudainement, j'entendis le raisonnement de plusieurs pas en direction des barreaux de la fenêtre.
C'était Sanemi.
Il détenait dans sa main un exquis repas, il le tend tout d'abord vers moi puis se retint d'un léger rictus. Déposant l'assiette au bord de ma fenêtre, il s'en alla, comme s'il trouvait enfin consolation dans ma peine. Seule face à la faim, l'odeur brûlait mes narines, agitait mon estomac, perturbait mes sens, affligeait mon calme. J'éprouvais le besoin immense de manger et de boire, cependant, dès lors, je laissais agir les conséquences de ma maladresse passée, j'assumais mes actes, la tête haute; je résistais.

Jour III:

L'attente se fait longue, n'ayant aucun repère temporel, je me fie donc à la lumière du soleil pour distinguer les jours. Chaque heure, je regardais avec hésitation l'eau qui s'égouttait en partant de l'angle du plafond. Ainsi, je me souviens des mots de Sanemi, de son incitation à la haine. Épuisée par l'absence de mes besoins vitaux, mon corps ne répondait plus et s'avançait sans mon accord. D'autre part, je me rendis compte qu'il se dirigeait a mon insu vers l'eau sur le mur, condamnée à la survie, seule face à la souffrance. Sanemi avait donc raison, c'est cela? Il était donc conscient de me réduire à lécher les gouttes du mur? Abandonnée à moi-même, j'atteignais presque la paroi humide, le ventre en ébullition et contracté par la famine. Ma gorge était tellement sèche que j'arrivai à en distinguer les parois habitées par la sécheresse du vide de mon être.

-Eh

Cette voix provenait de derrière les barreaux, c'était la même la dernière fois.

-Tiens, bois.

Il me tenda une gourde à travers les barreaux. J'attrapais le récipient avec fougue et m'empressa d'en avaler le contenu. D'une traite, j'étais rassasiée, comblée de cette eau qui effaça le vide en moi.

-M-merci

Ma voix sonna dans un déraillement, je n'avais pas prononcé un mot depuis plusieurs jours. J'entendais les pas de l'homme s'éloigner de ma prison. J'étais à nouveau seule dans cette obscurité profonde. Malgré cela, le chant des grillons m'accordaient un peu de chaleur dans ce trou comblé d'amertume. Une lumière était désormais née au fond de mon cœur, elle brillait faiblement mais d'une pureté inégalable. Cette lumière, c'était lui.

Giyuu Tomioka x reader [L'Ombre De L'Eau]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant