5. Ariana Shaffer

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Je me réveille en sursaut. Quel rêve horrible ! Je passe une main sur mon visage trempée et ferme les yeux quelques secondes. En les rouvrant, je sens les larmes qui coulent sur mes joues. Je les essuie d'un geste rageur et me lève. J'attrape un sweat, enfile un débardeur et un jogging, prends mes écouteurs et me dirige vers la porte d'entrée. Je sors et me mets à courir, la musique agresse mes tympans, dans l'espoir d'empêcher toutes pensées de traverser mon esprit. C'est peine perdu, je revois la scène, encore et encore. Tout est pareil, comme à chaque fois de toute façon, cependant un détail à changer, elle est là, alors que je ne la connais même pas. Pourtant, cette brune ténébreuse et arrogante occupe mes pensées depuis la veille. J'ai la certitude qu'elle n'a pas toujours été comme ça, pour la simple et bonne raison que je connais cette attitude, je devine facilement en la voyant que son passé n'a pas été tout rose. Je suis sûre qu'elle a vécu des choses terribles, tout comme moi. En fin de compte, peut-être qu'elle et moi, nous sommes pareilles ? Brisées par la vie ? Fatiguées d'être trahies ? Détruites par la haine qui nous entoure ?

Je m'arrête en m'appuyant sur un arbre, complétement essoufflée. Je suis à bout, j'en peux plus, je ne sais plus quoi faire. Je ne supporte plus de vivre une vie pareille, de me battre constamment, je ne veux plus de toute cette souffrance qui me ronge.

Je rentre chez moi pour prendre une douche avant d'aller au lycée.

Il est 8h25 quand je me mets en route, mes écouteurs dans les oreilles. J'arrive avec dix minutes d'avance et me dirige vers mon casier, j'y range mes affaires de cet après-midi et récupère mon livre de maths. Je me retourne et prends le chemin de la salle 205, où aura lieu le cours.

J'attends patiemment, assise sur ma chaise, seule dans la salle.

Quelques minutes plus tard, le professeur, Mr Gall, entre, suivi du reste de la classe. J'observe mes camarades qui chahutent ensemble.

- Un peu de calme, s'il vous plaît, intervient le professeur.

Le silence se fait et il commence l'appel. Je suis dans mes pensées quand sa voix m'interromps.

- Ariana Shaffer ? Elle est absente ? s'interroge-t-il.

- Présente, fis-je en levant la main.

Le professeur me sourit et termine.

- Bien, ouvrez vos manuels à la page 163 et faites les exercices n°22,23 et 27. Je vous fais pas de discours de début d'année, je pense que ça vous ennuie autant que moi. Allez au boulot ! ordonne-t-il en souriant.

Je me plonge dans la lecture de l'énoncé et commence à remplir la page de mon cahier.

La sonnerie qui met fin au premier cours retentit. Me voilà en route pour un cours d'histoire avec Mme Lin.

- Bien. Chers élèves, pour bien démarrer l'année, je vous donne un exposé à faire ! s'exclame-t-elle toute joyeuse.

Des soupirs agacés se firent entendre dans la salle.

Quant à moi, j'étais complétement figée, je paniquais à l'idée de devoir passer à l'oral devant toute la classe.

Cette sadique nous donna les sujets et la date de la présentation, puis nous présenta le programme le reste de l'heure.

Pendant la récréation, je resta seule dans la cours, ne voulant pas m'attirer à nouveau la colère d'Alexis. Je ne l'avais pas vu en classe aujourd'hui, mais bon, on ne sait jamais.

Je me dépêcha de retourner en cours dès que la sonnerie retentit.

Mme Mayers était devant la salle, elle attendait que tous les élèves soient rentrés pour refermer la porte. Elle commençait le cours quand on toqua à la porte.

- Entrez ! cria-t-elle.

- Bonjour, cette jeune fille intégrera votre classe pour l'année, Madame Mayers, indiqua le surveillant avant de repartir.

- Très bien, installe-toi, Carli, lui sourit Mayers, qui avait l'air de bien la connaître.

- Merci, Madame.

Carli vint s'installer seule au fond de la classe, elle regardait les élèves, cherchant quelqu'un.

Au début de la deuxième heure de littérature, la porte s'ouvrit à nouveau, laissant place à Alexis.

- Tu es en retard, Alexis, la réprimanda Mme Mayers.

- Pardon, fit-elle sans grande conviction avant de commencer à marcher entre les rangs.

Son regard croisa le mien, mais je ne décelais aucune haine, ni dégoût, ce qui me semblait bizarre tout de même. Elle s'installa à côté de Carli qui la regarda, inquiète. Alexis lui tendit un papier, puis s'assit et croisa ses bras sur la table avant d'y enfouir sa tête. Elle avait l'air vide, brisée. Je ne comprenais pas, hier encore, elle me frappait sans le moindre remord, et là, elle s'excusait d'être arrivée en retard et me lançait un regard étrange.

" La tristesse vient de la solitude du cœur " - Montesquieu

Comment (ne pas) l'aimer ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant