Vos roses n'effaceront pas nos bleus.
Pas tant que vous fermerez les yeux.
Nous avons besoin d'être entendues.
Sans relâche, on nous tue.
Nos sœurs, nos mères, nos cousines,
Nos amies, nos filles, nos voisines.
Ce ne sont pas des crimes passionnels.
Pensez un peu à elles.
Celles que l'on a fait taire,
Dont les corps reposent sous la terre,
Celles qui avaient des enfants,
Qui ont probablement vu leur sang.
Celles que l'on n'a pas écoutées,
Celles que l'on a moquées,
Insultées,
Blâmés,
Humiliées.
Celles que l'on a noyées lorsqu'elles se débattaient,
Dont l'appel à l'aide a été ignoré.
On les compte chaque jour,
On leur envoie un peu d'amour,
Mais elles ne sont plus là pour le recevoir,
Avec elles chaque fois s'en va l'espoir.
Étranglées, écrasées, poignardées,
Brûlées, frappées, noyées,
Par un mari jamais emprisonné
Par une société jamais alarmée.
Ta mère ne sera plus là demain,
Ton père l'a emportée de ses mains.
Alors chacune appréhende,
Chacune se demande
Si elle sera la prochaine
À subir cette haine.
En attendant nous serons la voix de celles qui n'en ont plus,
Nous continuerons à sortir dans les rues,
Plus écoutées mortes que vives,
Pourtant les noms se suivent,
Elles s'appelaient Coralie ou Béatrice,
Hilal, Isabelle, Nathalie ou Sandra,
Mambu, Chantal, Nellie et Yaroslava,
Laura, Martine, Mayie ou Gwenaëlle,
Priscilla, Céline, Sylvie et Dolorès.
À ces femmes assassinées,
La patrie indifférente
Aux hommes qui les ont tuées,
Elle semble reconnaissante.
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Derrière le silence
Short StoryCeci ne sera pas une histoire à proprement parler mais plutôt un recueil de nouvelles courtes et indépendantes (elles n'auront pas de suite) que j'écrirai en parallèle de "La différente" (contrairement à "In the shadow", que je transcrirai ici une f...