Chapitre 5 : Déliba

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Même sous l'eau, je sens les larmes couler sur mes joues. La partie de ma peau qui commençait à fondre se calme et se refroidit.

Bon, enfin un peu de bien.

Pendant un moment, je reste là, cachée, le souffle coupé. Mes poumons s'étranglent de plus en plus, sauf que je ne veux pas retourner à la surface.

J'ai tout perdu. Alors, à quoi bon rester sur Terre ?

Mon instinct essaye tant bien que mal de prendre le dessus : il veut que je cesse mon sur-place afin de remonter à la surface.


Non, encore un moment, ça me procure un grand bien de moins ressentir les brûlures.


L. . . Leila . . .


Hein ? Oh. . . Si c'est toi Félix, sort immédiatement de ma tête ! Je ne te dirai pas où je suis.


Tout à coup, mes jambes s'affaissent. Leur mouvement aller-retour s'arrête. Lentement, je coule.


Je n'arrive plus à nager.


Je lutte, mais en vain. Mes réserves d'énergies sont épuisées. Le quelque-peu de force qui me reste tête redresse ma tête vers le haut. Je vois la surface de l'eau s'éloigner. Au travers, je vois la lumière du feu qui absorbe le restant de ma vie. La fumée épaisse en ressort.


À quoi bon ça sert ? La souffrance va s'arrêter dans un moment.


Puis, une ombre irrégulière s'approche : des bras. Ils plongent.


C'est la fin : je m'éteins.





***





- Réveille-toi, ma belle !


Une main tapote ma joue.


Non. . . Laissez-moi mourir en paix.


- Allez ! Je sais que tu es consciente ! Réveille-toi !


Je soupire pour dégager mes globes oculaires de leurs paupières.


- La fumée. . . Le feu. . .


- Je m'attendais plus à un "merci", dit une voix froide.


Je tourne la tête à ma droite, là d'où venait le son. Elle provenait évidemment de Félix. Lui et ses bonnes manières. . .


En scrutant les environs, je remarque que nous nous sommes éloignés du feu.


- Ça va ? Tu n'as rien ? m'a demandé l'inconnu par la suite, lorsqu'il a reposé son regard sur moi.


Justement, qui c'est ?


- Je suis Déliba, la voisine d'à côté ! Dès que j'ai vu l'incendie, j'ai couru jusqu'ici.


Avec une main sur mon front, je m'assois. La lumière orangée du feu m'empêche de l'apercevoir.


Ah bon ? J'ai une voisine ? Mais depuis quand ?


- Ma famille est très à l'écart des autres maisons, puisque nous avons disons. . . un tempérament très colérique, excepté moi. Je devais m'occuper de mes parents ainsi que de mon amoureux afin qu'il n'arrive rien.


Je l'écoutais attentivement quand ma pensée est revenue en tête. En observant ma droite, je vois Félix qui, lui aussi, est plongé dans cette histoire.



- Gris -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant