Chez le directeur

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Les semaines défilèrent.

Pour la majorité du temps, j'étais seule.
Fallen avait trouvé ses amis et ne s'occupait plus de moi.
Lina ne venait me voir que très rarement et pourtant, à ces moments, elle se comportait comme si elle restait toujours avec moi.

Je me sentais trahie.
Je me sentais seule.
Pourtant je fis comme si tout allait bien.
Peut-être parce que j'étais trop gentille ? Peut-être parce que je ne voulais pas devenir comme mon père ?
Je ne savais plus.

La cloche sonna.
Je me mis en rang comme mes camarades qui me regardaient comme un déchet.
Je me cachai le visage.

Nous entrâmes en classe.
« Mademoiselle Riant, pourriez-vous aller donner ce mot au directeur ?
-Bien sûr. »

Je pris le mot des mains de la professeur et partis vers le bureau du directeur.
Je sentis les murmures mécontents dans mon dos et mes dents grincèrent. Je serrais les points.
Mais pourquoi s'acharnaient-ils sur moi ?

Sur le chemin jusqu'au bureau, je trébuchais.
Je vis alors un petit symbole doré sur mon poignet.

Il représentait une sorte de bulle qui venait d'éclater.
C'était cette sorte de symbole que l'on trouvait dans les bd's quand elles explosent.

Je n'avais jamais vu ça avant.

Je me relevais et partis dans le bureau du directeur.

« Entrez ! »
J'ouvris la porte.
Le directeur se tenait debout près de son bureau.
Quand il me vit, il fronça les sourcils.
Il commença à trembler.

Je fus surprise.

« Qui...qui est là ?
-Moi monsieur. Je suis Eliona Riant. Ma professeur m'a demandé de vous apporter ce mot.
-Répondez !
-Mais je vous ai répondu, monsieur. »

Je commençais à avoir peur.
A avoir peur qu'il ne devienne fou.

Je posais le mot sur la table et me précipitais vers ma classe.

Sur le chemin, je croisais mon reflet.
Du moins j'essayais.
Je ne me vis pas.

Ce n'était pas possible, ce n'était pas possible.

Je m'assis sur le banc et calmai ma respiration.
Ce devait être une erreur.
J'avais dû me tromper.
Je regardai mon poignet. Le petit symbole s'y trouvait toujours.

« Eliona ? »
Je me retournai.
Fallen se tenait, surpris par ma mine horrifiée.
« Mme. Juopins m'a demandé de venir te chercher car ça fais une demi-heure que tu es partie. Tout va bien ?
-Ou... non. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive. Le directeur ne m'a pas vue, je n'ai pas remarqué mon reflet dans la glace en rentrant. Je suis folle, c'est ça ?
-Quoi ? Euh.... non. Tu n'es.... pas folle. Tu as juste besoin d'aller à l'infirmerie. Je t'accompagne. »

Il faisait une tête bizarre, pas celle que l'on adresse à une folle mais plutôt de la surprise.

Il me donna la main. Je la pris.
En passant près de la glace, je ne vis que Fallen, tenant une main imaginaire.

J'étais folle ! Ça n'existait pas !

Je me répétais ça longtemps, dans l'infirmerie.
Je regardai encore mon poignet. Le signe avait disparu.

J'avais rêvé, c'était certain.

Je ne sais pas pendant combien de temps mais mes pensées basculèrent mais je ne repris mes esprits que quand quelqu'un se pencha sur moi.

« Houhou ! Eliona ! Vraiment, t'es pas croyable ! J'ai du prendre tous tes devoirs alors que tu n'as rien ! Tu le fais exprès ? »

C'était Lina.

« Excuse-moi. J'ai eu un peu peur et Fallen a voulu que j'aille à l'infirmerie.
-Fallen ? Le beau garçon qui est arrivé cette année ? Je te préviens, il est à moi. »

Elle était amoureuse de Fallen ?
Le Fallen qui avait été si gentil avec moi ?
Qui m'avait aidé ?

Moi aussi je l'aimais. Mais je ne voulais pas d'histoires avec Lina.
Ma seule amie.

Alors j'hochais la tête, le laissant à elle.

Sans le savoir, j'avais donner ma vie à Lina.
J'avais donné mon cœur, n'étant plus qu'un pantin inoffensif.
Manipulée par une prétendue amie, qui jouait avec mes sentiments.

Pour le moment, Fallen ne m'importait gère.
Je pensais toujours à ce moment, à cette rencontre avec le directeur.
Et j'avais peur.
Peur de deviner ce qui se passait.

Je m'empêchais de penser une seconde de plus à l'étrange phénomène qui s'était produit.

Ce n'était que mon imagination qui m'avait joué des tours. Rien d'autre.

Mais je me trompais.
Et ce qui c'était produit n'avait rien d'ordinaire.

J'avais un don, un don qui allait tout changer.

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