Chapitre 5

2 0 0
                                    


An 87, Saison des pluies, jour 22

- Vaall ! Vaall ! cria Bluthe en s'agenouillant puis en secouant le corps recroquevillé qui gisait sur le sol.

Le chevalier commença à émerger et cligna des yeux pour s'habituer à la lumière diffusée par le feu après ce qui lui avait semblé une éternité dans l'obscurité. La puanteur environnante lui monta bien vite au nez et l'atmosphère chargée de mort semblait l'écraser de tout son poids.

- C'était impressionnant ! Vraiment ! Tu les as tous tué ! Tu as un zénon, c'est ça ? Oui, suis-je bête, tu es un chevalier du Jugement, c'est normal que tu en aies un. J'ai toujours rêvé d'avoir mon propre zénon, moi, récita Bluthe, visiblement enjoué par cette découverte.

Sans répondre, Vaall s'assit avec beaucoup de précautions. La douleur à ses côtes était moins forte mais toujours présente. En revanche, sa tête lui faisait un mal de chien.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda le chevalier, la bouche pâteuse, tout en reprenant ses esprits.

Bluthe lui posa sa main sale sur le front pour en jauger la température. Il lança un regard très inquiet à Vaall en constatant que sa peau était brûlante, puis se décida à lui répondre :

- Tu tournais tellement vite ! Tu as envoyé toutes ces sales bêtes directement dans les flammes de leur feu en un instant. Je n'avais jamais vu ça ! Et puis après, pouf, par terre. J'ai eu vraiment peur pour toi, j'ai cru que tu allais mourir. Mais heureusement, tu as juste perdu connaissance.

Le chevalier tenta tant bien que mal de se lever, mais la vivacité de la douleur sur ses côtes qui revint en un instant lui fit bien vite renoncer.

- Ça va ? demanda le jeune Ziotais en fronçant les sourcils. Tu n'as vraiment pas l'air en forme... Tu as mal quelque part ?

Vaall tâta ses côtes douloureuses du bout des doigts, cherchant l'endroit exact de la blessure.

- J'ai mal ici. Je crois que mes côtes sont fêlées ou brisées...

- Montre, demanda Bluthe en se plaçant tout près de son ventre.

Tout en soulevant légèrement la chemise de cuir trempée qui lui collait à la peau, Vaall dévoila l'énorme ecchymose marron-noire qui s'étalait sur son ventre. Bluthe frissonna et lâcha, l'air un peu dégoûté :

- Ah oui, quand même... C'est le zénon qui t'as fait ça ?

Le jeune garçon se perdit un instant dans la contemplation du zénon de Vaall. La petite pierre arborait une couleur rouge vif qui contrastait avec sa peau pâle entachée d'hématomes et de vieilles cicatrices. Elle possédait un éclat incroyable qui reflétait toute la lumière de la grotte. Ses yeux ne relâchèrent le zénon que lorsque le chevalier répondit :

- Non, mon zénon n'est pour rien dans cette histoire, c'est un ork domestique qui a causé ça...

- Un ork domestique ? demanda Bluthe, perplexe. Comment est-il possible de domestiquer une telle créature ?

- Avec beaucoup de persévérance, se contenta de répondre Vaall en pensant aux nombreux efforts de Tims, ce qui lui arracha un faible sourire.

- Comment t'a-t-il fait cela ? reprit Bluthe.

- Juste un banal accident.

Visiblement, Vaall n'avait aucunement envie de se lancer dans de grandes explications concernant les détails de cet accident. De son côté, Bluthe semblait ne pas vouloir se satisfaire de cette phrase si vague, aussi commença-t-il à ouvrir la bouche pour poser toute une salve de questions, mais Vaall fut plus rapide et demanda :

L'Aube de la puissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant