Chapitre 7

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An 87, Saison des pluies, jour 23

- Allez, dépêche-toi ! ordonna Vaall en pressant un peu plus le pas.

Après sa première nuit dans un lit depuis un bon moment, Bluthe se retrouva levé de bonne heure pour accompagner le chevalier dans les rues de Slive. Il marchait lentement, émerveillé par la grandeur de la ville et son architecture. Il se mit donc à trottiner pour rattraper la jeune femme, dont les longues jambes l'aidaient à avancer à un rythme soutenu malgré ses côtes encore douloureuses.

- Dis, Vaall, tu m'emmènes voir le zénon, hein ?! demanda-t-il, plein d'espoir.

Pour la centième fois depuis la veille, lorsque Bluthe lui en avait fait la demande, Vaall poussa un profond soupir, puis acquiesça :

- Oui, oui, oui ! Tu ne veux pas arrêter un peu de me le demander ?

- Excuse-moi, mais je suis tellement excité ! Je vais enfin voir le fameux zénon de Slive !

Il paraissait totalement agité et son large sourire enfantin réchauffait le cœur de Vaall.

Après de longues minutes de marche, qui parurent une torture à Bluthe tant le chevalier avançait à une cadence élevée, ils arrivèrent dans la grande rue principale, beaucoup plus peuplée, qui débouchait sur la place centrale. Au loin, Bluthe vit de grands bâtiments blancs très imposants. Ils entouraient le zénon protecteur, dont le jeune garçon distinguait à peine la couleur.

Et là, ce fut Vaall qui dut accélérer pour parvenir à maintenir le rythme de Bluthe. Ce dernier, aux anges, se faufilait avec une parfaite aisance entre les passants et les curieux qui encombraient le passage. Le chevalier perdit le Ziotais des yeux un court instant pour le retrouver quelques pas plus loin, négociant un passage très serré entre deux groupes de personnes qui venaient sûrement visiter la cité pour la toute première fois à voir leurs yeux ébahis et leurs sourires figés.

Lorsqu'il estima qu'il était assez près, Bluthe consentit à lever les yeux pour voir le zénon. Il se sentit happé par l'aura que dégageait la grande pierre couleur ambre. La pluie venait rebondir contre ses bords lisses et, avec la complicité du soleil qui parvenait à percer de quelques rayons à travers les nuages, faisait briller le zénon de mille feux.

Tout d'un coup, quelqu'un tapota doucement son épaule, lui faisant perdre le fil de ses pensées et de sa contemplation. Il se retourna pour voir Vaall, le visage rougi par l'effort de se frayer un chemin entre les passants et ruisselant d'eau de pluie. D'un geste las, elle délogea un bon nombre de gouttelettes avant de dire :

- Bon, allez, on y va. Tu auras tout le temps et le loisir de venir le revoir. En attendant, tu dois aller voir le duc.

- Je n'ai pas très envie d'aller le voir, confia Bluthe.

Vaall prit son bras et le guida en dehors de la zone d'observation du zénon protecteur de Slive.

- Pourquoi ? Tu as peur ? s'étonna-t-elle.

- Un peu... Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi important...

- Ne t'inquiète pas, il va juste te poser des questions sur les magiciens et sur Ziote. C'est important qu'il sache ce qu'il s'est passé.

- Oui, oui, mais je ne sais pas du tout comment je dois me comporter devant lui...

- Eh bien, ne parle pas s'il ne te pose pas de question, ne l'interrompt pas et évite de le regarder sans cesse dans les yeux avec ton air abruti.

Il ne leur fallut pas longtemps pour accéder à la rue très privée qui menait à la villa des souverains de Slivéan. Les gardes postés un peu partout eurent du mal à reconnaître Vaall. En effet, la jeune femme ne pouvait pas porter son uniforme de chevalier, car le cuir trop moulant, telle une seconde peau, n'était pas recommandé sur ses blessures aux côtes et aux jambes. Heureusement, elle portait l'insigne des chevaliers, ce qui permit aux soldats lourdement armés de la laisser passer sans encombre, sans même s'inquiéter de la présence de Bluthe à ses côtés.

L'Aube de la puissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant