Mon amour de prof

1. Jour de rentrée, La rencontre

Maman monte dans la voiture, jette un regard sur la banquette arrière où je me trouvais et m'adresse un sourire éclatant avant de se retourner vers son mari, lequel venait tout juste de boucler sa ceinture.

- Allez, c'est parti pour les vacances les filles ! Fit-il plus heureux que jamais.

À cette époque je ne me souciais de rien et souriait à la vie. Je ne savais encore rien du malheur qui allait s'abattre sur notre petite famille.

J'avais 16 ans, je venais de faire ma rentrée au lycée et nous avions décidé de passer les vacances d'hiver à la montagne, loin du brouhaha de la ville.

J'etais heureuse en ce temps là.

Le réveil sonne, m'arrachant à mes rêveries nostalgiques.
Des larmes coules, comment en aurait-il pu être autrement, après tout, tout est ma faute.

Je soupire et me lève, jetant un petit coup d'oeil au portait de mes parents trônant sur ma petite table de chevet.
Un jour nouveau commence, un énième jour de regret, de douleur et d'amertume. Vivre est devenu difficile, mais je ne flancherai pas, je le leur doit.

Je pars me doucher, determinée à adoucir mes idées noires par un torrent d'eau chaude.
Aujourd'hui, c'est la rentrée. Ce sera la première depuis le décès de mes parents.
J'enfile mon uniforme,une petite jupe bleu marine ainsi qu'une chemise blanche et d'une veste assortie. J'observe l'énorme noeud papillon rouge censé être attaché autour de mon cou puis le balance négligemment sur le sol.

Je suis pas un chien non ?

En descendant dans la cuisine j'aperçois un mot sur la table.

" Salut cousine,

Je suis désolé de ne pas pouvoir t'accompagner ce matin, je sais que c'est dur pour toi...
Je dois aller à Pékin pour un gros buisness mais je te promets de rentrer au plus vite.
Comme d'habitude je t'ai fait un virement, si tu as besoin de quoique ce soit surtout tu n'hésites pas à m'appeler ! Je ferai en sorte de rester joignable.
Fais attention à toi et ne fais pas de bêtises,

Bisoux,
Luxus"

Je souris face à son écriture, comment un homme aussi respectable et respecté peut-il écrire comme un enfant de CP ?

A la mort de mes parents, on m'avait tout d'abord placé dans un foyer, évidemment je fuguais constamment et me bagarrais avec tout le monde. Luxus c'est battu comme un lion pour obtenir ma garde, nous savions tous deux qu'il serait souvent absent mais qu'importe, vivre avec lui m'a aidé à avancer, il est désormais l'unique pilier de ma vie et je lui en serait à jamais reconnaissante.

J'attrape une brioche à la va-vite et la fourre dans ma bouche en courant vers la porte.

Merde, 7h50, je vais arriver à la bourre !

Essoufflée, j'aperçois la grille du lycée fermée et l'escalade en crachant un juron, on a pas idée d'enfermer des élèves !

Je cours jusqu'au hall pour y trouver ma salle, B14, je m'y précipite lorsque, au détour d'un couloir, je percute quelqu'un, tombant en arrière.
Assise lamentablement sur le carrelage glacé du lycée je ramasse mon sac, non sans un regard noir à l'encontre de l'initiateur de ma chute.

- Escuse-moi, dit-il en me proposant sa main, tu ne t'ai pas fais mal ?

Je frappe sa main pour l'écarter et me relève en vitesse. J'arrive à peine à ces épaules mais je ne démonte pas, il va goûter à ma colère.

- Abruti ! On t'a pas appris à marcher ?! Bouge de là, j'ai pas de temps à perdre avec un vieux mec aux cheveux rose !

Je lui assène un coup de coude aux côtes et rejoinds ma salle, ignorant le cri de douleur de cet imbécile.