Chapitre 2

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J'ouvre les yeux lentement... Je n'ai aucune idée de où je me trouve, et je n'ai aucun souvenir de ce qui s'est passé ces dernières minutes, ou peut-être ces dernières heures... Je commence à paniquer. Je regarde autour de moi et me rend soudain compte que je suis allongée dans ce qui m'a l'air d'être un champ. Autour de moi, tout est flou... Je ne vois que de la fumée, et plus loin des flammes. J'entends des sirènes d'ambulance... Je perçois des bruits de pas, qui sont de plus en plus proches. Un homme s'approche, et me demande si je l'entends. J'aimerais lui répondre, mais je n'arrive pas à sortir un son de ma bouche. Je sens de la panique dans la voix de l'homme, mais je ne comprends rien. Tout est bizarre dans mon esprit, comme si ce n'était qu'un rêve. Des personnes autour de moi me soulève pour me mettre sur un brancard et m'amener en vitesse dans une ambulance. Je ne sais pas ce qui se passe, mais bizarrement, je ne m'inquiète pas. Je ne ressens en fait aucune émotion. Soudain, nous passons devant un énorme engin. J'ouvre les yeux du mieux que je peux, et tente de l'identifier. Une carcasse d'avion, en mille morceaux... Tout me reviens alors... Le voyage, les turbulences, la chute, l'accident... Je reprends complétement conscience à ce moment et observe autour de moi. Des dizaines de secouristes, d'ambulances, de personnes qui arrive sur les lieux, tous dans la panique et la peur. Je suis dans l'ambulance, et pense soudain à mes parents. Mes parents ! Où sont-ils ? J'aimerais les appeler, les voir, mais je ne parviens pas à parler, ni à crier...

Je me réveille à nouveau, cette fois dans une chambre d'hôpital. J'ai mal. Très mal. Partout. Je ne peux même pas bouger, tant la douleur est insoutenable. Un médecin entre alors dans la chambre, et, voyant que je suis réveillée, commence à m'expliquer ce que je viens de vivre :

"Noémie, votre état de santé est grave, mais vous avez toutes vos chances de vous en sortir. Le choc a été d'une violence extrême. Vous avez subi un traumatisme crânien, et après avoir été réveillée lorsque les secours sont arrivés sur les lieux de l'accident, vous êtes retombée dans un coma profond pendant presque une semaine."

Une semaine ??? Je ne me suis rendue compte de rien, et écoute attentivement le médecin. Malgré toutes les questions que je voudrais lui poser, je ne le coupe pas.

"Ce que je vais vous annoncer maintenant va sûrement vous faire un choc et il vous sera compliqué de vivre avec ça, mais je sais que vous pouvez le faire, et beaucoup de personnes sont là pour vous aider."

Je ne comprends pas ce qu'il veut dire, mais ça commence à me faire sérieusement peur. Je voudrais voir mes parents, leur dire que je vais bien, et les prendre dans mes bras pour les serrer très fort. Le médecin prend une grande inspiration avant de m'annoncer ce qui va changer ma vie à jamais :

"Noémie, vous êtes la seule survivante du crash de l'avion."

Je reste un moment figée, regardant le médecin dans les yeux, n'arrivant pas à croire ce que je viens d'entendre. Ne pouvant contrôler mes émotions, je dis, la voix tremblante :

"M...Mes... Pa...Parents..."

Le médecin ne répond pas et prend ma main dans la sienne, comme pour me rassurer, mais je fond en larmes. Après un long moment de silence, il reprend enfin :

"Nous avons retrouvé l'avion en Espagne, perdu dans un champ. Nous pensions qu'il n'y avait pas de survivants, jusqu'à ce qu'un des secouristes vous trouve, les yeux ouverts, le cœur battant encore. Survivre a un accident comme celui là relève de l'exploit, et malgré votre état, vous vous en êtes extrêmement bien sortie. On vous a rapatriée ici, à Hyères, dès que nous avons su qu'il était possible de vous sauver. Vos parents n'ont malheureusement pas survécus, mais vous allez être aidée, croyez-moi, par des psychologues, des médecins, comme moi, et toute votre famille. Vous allez vous relever j'en suis sûr, faites moi confiance."

J'entends ces paroles mais je n'arrive pas à répondre. Mes larmes ne cessent de couler, je revois les dernières images des visages de mes parents en boucle, je n'arrive pas à y croire... L'envie de mourir aussi me prend d'un coup, mais l'incapacité de me lever à cause de la douleur qui ne cesse d'augmenter m'empêche de faire une bêtise. Une infirmière entre alors dans la chambre, et tend une feuille au médecin. Il s'agit du bilan de mes différentes blessures. Je n'ai pas envie de l'écouter lire cette feuille. Je n'ai pas envie de savoir. Je veux simplement rester seule. Seule dans mes pensées et dans mes larmes, sans personne pour me parler. Évidemment, il recommence :

"Vous souffrez d'un léger traumatisme crânien comme je vous l'ai dit tout à l'heure, vos côtes sont toutes fêlées, votre colonne vertébrale et votre fémur ont été très endommagés et vous vous êtes également cassé un os du bras et la cheville. Des antidouleurs et antibiotiques assez fort vous seront administrés par une infirmière chaque jour et vous allez devoir faire plusieurs examens. Je vais vous laisser et je reviendrai cet après-midi, mais je serai accompagné. Même si les visites ne devraient pas encore être autorisées, nous avons fait une exception."

Il me regarde en souriant, avant de partir, me laissant alors seule. Je ferme les yeux, espérant que tout ça n'est qu'un rêve, et que je vais bientôt me réveiller, dans ma chambre, avec mes parents à côté. Je rouvre les yeux mais suis toujours dans cette pièce blanche, froide, et tout ça est bien réel. Une visite cet après-midi est bien la dernière chose dont j'ai envie. Je vais me retrouver face à une personne de ma famille qui aura pitié de moi, de ma situation, et ça ne va pas me remonter le moral...
Je m'endors sous l'effet des antibiotiques, les larmes ne cessant de couler le long de mon visage.

Je me réveille lorsque quelqu'un toque à la porte. Le médecin entre. Je n'ai aucune envie de le voir. Je me rappelle alors que quelqu'un d'autre se trouve avec lui...
Je tourne la tête et la voit sur le palier de la porte...

Un drame, un destin...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant