Chapter 52

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— Ne vous donnez pas tant de mal, dit pour la énième fois madame Holmes alors que je réassortis le plateau de scones.

— Ça ne me dérange nullement, je vous en prie.

Comme convenu avec Mycroft, il a déposé ses géniteurs dans le salon, m'a saluée brièvement avant de disparaître. Il a juste eu le temps de s'enquérir de l'absence de son frère, ce à quoi j'ai rétorqué qu'il ne tarderait pas. Et hop ! Le voilà parti. Rendez-vous important, rendez-vous important... Rendez-vous galant, oui !

Sherlock approuve ma théorie. Bon, d'accord, c'est plutôt moi qui me joint à la sienne. Cependant, le principal est là : Mycroft fréquente quelqu'un sérieusement et essaye de le cacher aussi longtemps qu'il n'en a la possibilité.

Cela fait maintenant deux bonnes heure que je discute avec les parents de mon colocataire. Je dois dire que j'aime beaucoup converser avec eux. C'est pour dire, je n'ai pas vu le temps passer et j'ai même été surprise quand le détective est arrivé à 16h41 précises.

— C'est à cette heure-ci que vous arrivez ? Fais-je semblant de m'offusquer au moment où il entre dans la pièce.

— Une urgence, me ment-il en toute impunité.

Autant faire illusion jusqu'au bout, en fin de compte.

— Tu as lassé ton amie se charger de nous toute seule, reproche de suite monsieur Holmes à son fils.

Tandis que le malmené se force à embrasser ses parents tout en conservant un silence des plus pesants (trêve d'effusion dans la famille, à ce que je vois ! ), je prends immédiatement sa défense.

— Ne le blâmez pas pour cela, je quémande. De toute façon, j'ai l'habitude et je sais lui rendre la monnaie de sa pièce si c'est nécessaire. Et puis, il me le rend bien. Vous vous doutez bien que j'ai aussi des réunions impromptues qui s'attardent. J'avais garanti que je m'occuperai de tout aujourd'hui... et avec joie.

— Vous êtes bien patiente avec lui, me dit la dame. Et prévenante aussi.

— Ce n'est pas un énorme sacrifice. Et de toute évidence, votre compagnie est tout sauf désagréable, je la flatte. Sherlock, vous pouvez faire chauffer l'eau pour le thé ?

Je vois qu'il obéit, mais à contrecœur. Il aimerait être à des lieues d'ici ! Je le rejoins dans la cuisine après m'être rapidement excusée auprès de ses aïeuls. Je peux toujours tenter de le dérider un peu, non ?

— Ils sont charmants, je lui lance d'une petite voix rassurante en prenant quatre tasses et sous-tasses dans l'armoire.

— Vous faites de l'excès de zèle, déclare-t-il en me voyant préparer tant de vaisselle.

— Non ! Je vous assure que je ne me force pas. Ce n'est pas exactement les personnes auxquelles je m'attendais, en réalité.

— Et à quoi vous vous attendiez, au juste ?

Je m'approche de lui pour baisser d'un ton.

— À des démons tout droit sortis des enfers, je plaisante à voix basse.

Je m'apprête à repartir en direction du salon quand un infime détail perturbe mon attention, me forçant à réduire la distance entre mon colocataire et moi.

— Vous vous êtes tâché, je remarque en pointant son col du doigt.

Sans véritablement attendre de réaction de sa part, je m'empare d'une serviette que j'humidifie au plus vite avant de l'appliquer sur le tissu. Tout en frottant précautionneusement, j'évite de le regarder, d'autant plus que son regard insistant sur mon geste m'embarrasse beaucoup.

Une colocataire irascibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant