Chapter 85

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Bonjour ! 

Qu'est-il advenu de cette nuit ? 

Je ne vous laisse pas dans l'inconnu plus longtemps, savourez ! 

Bonne lecture.

Quand j'ouvre les yeux, ce matin-là, j'ignore quelle heure il est, ni même quel temps il peut faire dehors. La réflexion de l'épaisse couche de neige dehors empêche toute estimation correcte, il faudrait que je me lève pour aller constater par moi-même ce qui m'attend à l'extérieur. Et il est hors de question que je sorte de mon lit. Je suis emmitouflée dans ma couette, au chaud.

Je frictionne tout à coup mes bras, étonnée d'avoir si froid. L'édredon ne me suffit pas. J'ai pourtant laissé derrière moi toutes les craintes de la veille, j'ai arrêté de souffrir et je crois même avoir passé une bonne nuit. Je dois reconnaître que c'est en partie grâce à la présence de Sherlock qui...

Sherlock !

Cette fois, je suis parfaitement réveillée, mais je me rends compte que je suis seule dans ma chambre, définitivement seule. Mon colocataire a déserté mes draps : il n'est plus là. Sur le tapis, pas plus de Baron qui veille : le détective a dû le faire sortir.

Je m'assieds et prends la peine de mieux regarder autour de moi. Au pied du lit, mes chaussons sont en charmante compagnie, curieusement. Un tissu informe traîne à côté, je m'en empare pour savoir ce dont il s'agit.

Une chemise, sa chemise.

C'est vrai, il a enlevé ses vêtements avant de me rejoindre, je m'en rappelle. Ce n'est pas mon esprit qui me joue des tours, c'est véritablement arrivé, tout cela. Je n'ai rien inventé. Je porte le vêtement à mon nez et hume l'odeur de chèvrefeuille que je pourrais reconnaître entre mille. L'espace d'un instant, j'espère juste qu'il ne va pas revenir prendre sa chemise d'un coup, sans prévenir, pour qu'il ne me prenne pas en flagrant délit : j'ai l'air sotte.

Mon téléphone vibre, maintenant que je suis levée, je suis de meilleure composition pour regarder mes messages. L'heure a bien tourné, il est plus de neuf heures, je ne me suis même pas levée pour aller aux toilettes. Je suis étonnée de ma propre réaction.

Sur mon portable, un message, de mon colocataire. L'heure d'envoi date d'à peu près sept heures du matin, je suppose donc qu'il a quitté les lieux à cette période.

SH : « Il était préférable qu'on ne me trouve pas dans votre chambre au petit matin. 

Au début, en lisant ses mots, je souris, presque niaisement. Ensuite, je ressens des picotements, ou des frissons, dans la nuque et le dos. Je n'ai pas froid, je n'ai pas peur : c'est une réaction que je trouve agréable. J'ai déjà appuyé sur la touche « Répondre » sans vraiment savoir ce que je pourrais bien lui envoyer. En revanche, j'ai envie de le faire, alors je tape, j'efface, je m'y reprends trois fois, quatre fois... Je ne veux pas être fausse, je prône la vérité, fidèle à moi-même. 

To : SH : « Dommage... »

SH : « Vous vouliez qu'on nous surprenne ? »

To : SH : « J'aurais aimé que vous restiez un peu plus longtemps. Idiot. »


Je m'étire longuement avant de prendre mes affaires pour me changer et retourner à l'étage supérieur, car il n'y a jamais eu de salle de bain au rez-de-chaussée. Je dois donc, par la force des choses, retourner dans la chambre que je partageais avec Klaus pour faire ma toilette.

Une colocataire irascibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant