Chapitre 20

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Quand j'arrive au bar dans l'après-midi, je vois qu'un seul de mes collègues est présent. En même temps, en journée en semaine, on est souvent que deux mais on alterne plus ou moins souvent. Aujourd'hui, je fais la fin d'aprem jusqu'à 22h, mais samedi je commencerai plus tôt et finirirai une heure plus tard, pour rattraper les heures que j'ai manqué mardi en partant plus tôt. Je vais dans la salle rejoindre mon collègue qui me dit que je dois prendre les commandes pendant qu'il reste au bar pour les préparer, mais vu qu'il n'y a que peu de personnes présentes comme la plupart travaille à cette heure-là, il n'y a pas beaucoup personne pour qui je dois prendre les commandes. En fin d'après-midi, quelques personnes arrivent en plus, quelques lycées qui finissent les cours et veulent se poser un peu, des adultes voulant prendre un café avant de rentrer dans leur famille, et encore d'autres gens. Toujours en service, je me contente de noter les commandes des différents clients et de les donner à mon collègue qui me les prépare rapidement. Alors que j'ai un plateau dans la main avec un verre dessus et que je passe un coup rapide de chiffon sur une table, quelqu'un me bouscule et je manque de faire tomber le verre.

- Excusez-moi, je ne faisais pas attention. 
- Heureusement que tu t'excuses, il manquerait plus que tu ne le fasses pas alors que tu m'as bousculé. 

Je ne supporte pas les gens comme ça, mais c'est le métier, j'ai pas le choix. Je ne réponds rien, je fais simplement un sourire hypocrite avant de retourner au bar. 

- Il a eu de la chance de tomber sur toi et pas sur moi le type, je peux te dire que je l'aurais pas laissé s'en sortir comme ça. T'avais pas à t'excuser, il a presque fait exprès de te pousser. 
- Ouais, mais tu sais très bien qu'on doit être polis avec les clients. J'ai pas vraiment envie de me faire renvoyer tu vois... Tiens, salut Laura ! 

La jeune fille se retourne et nous salue d'un sourire avant de s'enfoncer dans les vestiaires. C'est l'une des rares filles qui travaille ici. Aucun des garçons n'a de comportement déplacé, ce qui permet d'avoir une bonne ambiance dans l'équipe. Je me retourne vers l'entrée et regarde un homme s'approcher de mon collègue et moi et contrairement à ce que je pensais, soit qu'il allait s'installer au bar pour commander, il salue Noa en l'embrassant. 

- Salut. Tu as bientôt fini ton service ? 
- Oui, ma collègue vient d'arriver, j'attends juste qu'elle vienne dans la salle et je vais me changer. Timéo, je te présente mon copain, Adrien, Timéo, un collègue. 
- Enchanté.
- Moi de même. 

Nous échangeons une poignée de main et nous sourions. Laura ne tarde pas à nous rejoindre, changée et je passe derrière le bar, nous fonctionnons souvent comme ça : le premier arrivé va au bar, quand le second arrive il est en service, et ainsi de suite. Il n'y a qu'en soirée où nous sommes plusieurs en service et derrière le bar. Je discute un peu avec Adrien pendant que mon collègue se change pour rentrer chez lui. Je ne savais pas qu'il était gay, mais après tout, on ne sait pas grand chose les uns sur les autres. On ne parle pas tant de nous que ça. 

La soirée passe plus ou moins rapidement. Axel ne travaillait pas ce soir, donc je m'ennuie un peu vu que c'est avec lui que je parle le plus, mais bon. Tant pis. De toute façon je suis là pour travailler à la base. 

Quand je pars enfin de mon travail, je rentre à l'appart en regardant mon téléphone. Je vois trois appels manqués de Juliette et deux messages vocaux, mais je remarque qu'elle n'est pas la seule à avoir essayé de me joindre. J'ai aussi un appel manqué de Alexis. Je rappelle Juliette d'abord, je rappellerai Alex après. Au bout de quelques détonations, elle décroche.

- Allô ? 
- Timéo ! Enfin j'arrive à te joindre !
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu ne m'appelles pas autant de fois d'habitude.
- Alex me répond pas. Il est toujours pas rentré et j'arrive pas à le joindre depuis qu'il est parti. 
- Mais il est parti ? 
- Il est rentré de cours, j'étais avec Léandre, il a récupéré quelques affaires et nous a dit qu'il sortait sans dire où ni rien et comme j'arrive pas à le joindre depuis je m'inquiète. 
- Calme-toi, il va bien, tu le connais. Il avait peut-être besoin de prendre l'air. Et tu sais, c'est un grand garçon, il ne va pas faire n'importe quoi.

Je me retiens d'ajouter normalement pour ne pas l'affoler encore plus.

- Il a essayé de me joindre, moi. Je vais le rappeler, je te tiendrais au courant, d'accord ?
- Ouais... 
- Allez, ne t'inquiète pas. Je te rappelle dans cinq minutes et de toutes façons je rentre. Je serais bientôt là. 
- Ok... À tout'.

Je raccroche et appelle mon meilleur ami. Il ne répond pas tout de suite, mais il répond quand même.

- Allô ? 
- Mec tu fous quoi ? T'es où ? 
- Calme-toi, je suis chez un pote. 
- Tu m'expliques ce qu'il se passe ? Juliette est super inquiète. Pourquoi tu t'es barré comme ça et tu la laisses sans nouvelles ? 
- Ecoutes, j'en peux plus de la voir avec lui. J'ai fait des efforts pendant des mois mais là j'en peux plus. Tu comprends peut-être pas mais ça me pèse beaucoup trop. 
- Si, je comprends. Je vois très bien ce que tu veux dire... Mais tu vas faire quoi ? 
- Je sais pas.
- Tu devrais essayer de parler avec elle. Je te dis pas qu'elle te retournera tes sentiments mais essaye de lui demander de moins ramener son copain peut-être ? 
- Je sais pas... Elle est chez elle aussi, elle devrait pouvoir ramener qui elle veut. 
- Eh oh. Je te rappelle que t'es autant chez toi qu'elle. Vous avez le droit d'y habiter tous les deux. Ok ? 
- Hm... Je vais rester chez mon pote ce soir. Je rentrerais demain. 
- Dac. Bon, je vais te laisser. Je vais la rassurer, elle était vraiment affolée quand je l'ai eu au téléphone. Bonne nuit, à demain.
- Merci, à toi aussi, à demain. Et vraiment merci d'être là.
- T'inquiète, c'est normal.

Je raccroche et au lieu de rappeler Juliette, étant devant l'immeuble, je monte directement et quand j'ouvre la porte, Juliette arrive très rapidement.

- Oh... C'est toi. 
- Juliette... 

Elle me fait de la peine, elle a les yeux rouges, ce qui montre qu'elle a pleuré, mais d'un autre côté je comprends Alexis. Je n'entends pas de bruit dans le salon, j'en déduis que son petit-ami est rentré chez lui.

- Tu as réussi à avoir de ses nouvelles ? 
- Oui, ne t'inquiète pas, il passe la soirée chez un ami, il rentrera demain. 
- Je ne comprends pas... 
- Je pense que vous devriez parler quand il rentrera.
- Tu sais quelque chose ? 
- Oui, mais c'est pas à moi de t'en parler. Il le fera s'il en a envie. 
- Si tu le dis...
- Bon, tu devrais aller te coucher, tu es crevée. Enfin, moi c'est ce que je vais faire en tous cas. 
- Tu as raison. Bonne nuit... 

[BxB] You ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant