Chapitre 31

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MATHIS

- Alors, qu'est-ce que tu avais de si important à me dire ? 

Je rentre de cours, accompagné de Sofian, qui est rentré ce matin. Il est venu cet après-midi en cours, il avait dû partir pour un enterrement. 

- Tu sais, je suis pas obligé de t'en parler maintenant, ça peut attendre... 
- Je pense que peu importe ce que tu as à me dire, ça me changera les idées !

Je le regarde en soupirant. Depuis qu'on s'es retrouvé il n'arrête pas d'afficher un sourire de façade. Même si je pense qu'il fait ça parce qu'il en a besoin, j'ai du mal à faire comme si tout allait bien. Je ne connaissais pas son grand-père, mais je sais que So était attaché à lui. Il était sans aucun doute la personne de sa famille de qui il était le plus proche. 

- Bon, je t'en parlerai quand on arrivera chez toi. Tu m'attends là ? 
- T'es sûr ? 
- Oui, t'inquiète, j'ai juste besoin de récupérer deux/trois affaires. De toutes façons demain on a pas cours. 
- C'est vrai. Et heureusement, j'aurais pas supporté deux journées de suite pareilles que celle d'aujourd'hui ! 

Je vois son sourire se faner alors je me décide à rentrer pour aller poser mon sac de cours et changer les vêtements que j'avais pris la veille. 

À l'instant où je passe la porte, mon regard se pose sur ma mère, assise devant la table, se rongeant les ongles, chose qu'elle ne fait jamais. En entendant la porte se refermer, elle relève soudainement le regard vers moi. 

- Mathis ! Tu es enfin rentré ! Où étais-tu ? 

Je suis surpris. C'est bien la première fois que ma mère s'inquiète de savoir où j'ai passé la nuit. Elle se lève, renversant presque sa chaise et vient m'enlacer. Je lui rends son étreinte avant de la repousser légèrement. 

- Pourquoi tu me demandes ça ? 
- Je m'inquiétais, enfin ! 
- Parce que tu t'inquiète de savoir où je suis maintenant ? 

Je vois dans son regard que mes mots la blessent. 

- Mathis, tu es mon fils. Il est normal qu'une mère s'inquiète pour son fils ! 
- Tu t'en es jamais inquiétée avant. 
- Parce que je savais que tu étais chez Sofian. Mais j'ai eu sa mère au téléphone qui m'a dit qu'ils étaient partis en début de semaine et ne revenaient qu'aujourd'hui. 

Je tourne la tête vers la fenêtre à travers laquelle j'aperçois Sof qui m'attend, il s'est assis sur l'une des chaises qui entourent la table de jardin. 

- J'étais chez un autre ami. Excuse-moi, mais je dois aller chercher mes affaires. Je dors chez Sofian ce soir. 
- Comment ? Mais tu ne peux pas... 
- Je peux pas ? Parce que Timéo vient manger demain midi ? Je serais rentré pour le déjeuner. J'ai eu Timéo au téléphone hier soir. On se connaissait déjà vite-fait. 
- Comment ça ? 
- Bref. Je reviens demain pour midi. 

Voyant que quoi qu'elle pourrait dire je ne reviendrais pas sur ma décision et sachant qu'il est mieux qu'elle me laisse partir plutôt que je ne fasse le mur, elle se décale, me laissant gagner ma chambre. Si je n'avais pas dit où j'allais, elle ne m'aurait pas laissé partir. Mon père n'a pas ouvert la bouche de toute la discussion, à tel point que j'en avais oublié sa présence. Je récupère une tenue pour le lendemain et je repars. Je salue mes parents sans leur adresser un regard et en fermant la porte, j'entends ma mère lâcher un sanglot. Je m'éloigne et So me rejoint devant la porte. 

- Tout va bien ? 
- Laisse, je m'expliquerai mieux avec eux demain. 
- Hm... 

Je regarde une dernière fois ma mère à travers la vitre et je m'éloigne pour rejoindre la maison de Sofian. En arrivant, nous sommes accueillis par Julie, comme souvent. 

- Bonjour les garçons. Le lycée s'est bien passé ? 
- Oui, mais même si j'ai été en cours qu'aujourd'hui, je suis content que ça se termine. 
- Oui, ça va, content d'être en Week-end aussi. 

Julie nous sourit et après m'être déchaussé, je m'approche d'elle pour l'enlacer comme elle l'a fait pour moi quelques semaines auparavant. Elle me rend mon étreinte en me remerciant et fini par s'éloigner. Cette femme est incroyablement forte. Je sais qu'elle tient le coup pour son mari et son fils, mais elle reste incroyable à mes yeux. Même si je sais que ce n'est pas son père qu'elle a perdu, n'ayant jamais connu le sien, le père de Maxence était comme un père pour elle. C'est lui qui l'a accompagnée à l'autel pour son mariage, il l'a épaulée et a toujours été là pour elle, quelques soient les circonstances. Elle tenait beaucoup à lui. Même moi, c'était quelqu'un que j'appréciais beaucoup, et réciproquement. 

Elle me sourit tristement et, après lui avoir rendu son sourire, je suis So dans sa chambre. 

- C'est dur pour elle... 
- Je sais... D'ailleurs, vous êtes sûrs que je dérange pas ce soir ? 
- Mais non ! Je pense que ça va lui faire du bien que tu sois là. Elle préfère largement te savoir ici que quelque part où ni elle ni ta mère ne savent où. 
- Ouais... 

Nous restons quelques minutes silencieux avant que So ne se souvienne du sujet qu'il voulait aborder avec moi. 

- Alors ! J'y pense, tu devais me parler de quoi, du coup ? 
- Ah oui, c'est vrai... Tu lâcheras pas le morceau hein ? 
- Exact !

Je soupire. Je ne sais pas comment lui dire. Je n'ai pas encore eu l'occasion de lui raconter ma rencontre avec Timéo. 

- Tu sais que le Week-end dernier j'ai rencontré Timéo ? 
- Oui, tu m'en vaguement parlé, mais t'es pas entré dans les détails. 
- C'est vrai, mais je pensais que c'était pas le bon moment.

Il me regarde, attendant sans doute que je développe. 

- En fait, j'en ai encore parlé à personne parce que j'ai du mal à poser des mots sur ce que je pense et ce que je ressens. 

[BxB] You ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant