Chapitre 27

80 8 15
                                    

Deux jours sont passés depuis la visite de Mathis. Je n'ai pas repris contact avec lui ou sa mère, je me suis contenté de reprendre le court de ma vie, retournant en cours. Fatigué mais apaisé. Je pense que je devais le faire, même si j'ai été très paniqué. Je suis encore perdu à propos de mes sentiments et leur contradiction : j'espère qu'il ne me renverra pas de message, mais d'un autre côté, dès que mon téléphone sonne, j'espère que ce soit lui.

Je ne croyais pas au coup de foudre puisque pour moi, il ne peut pas y avoir de sentiments quand on ne connaît pas quelqu'un. Malheureusement pour moi, non seulement je suis attiré par lui physiquement, c'est un fait, mais en plus je le connais un minimum. Je n'ai aucune idée de ce qu'il ressent pour moi, mais je ne suis certainement que l'ancien copain de sa sœur décédée. Il n'a pas l'air prêt à passer à autre chose. Je ne sais même pas s'il sort avec quelqu'un. Enfin, il me l'a peut-être dit, mais ça m'est sorti de l'esprit. Mon portable vibre, la sonnerie signifiant la fin du cours retentit, je remballe mes affaires et sort mon téléphone une fois dehors.

"Salut, je sais que les conditions étaient pas idéales mais je suis content qu'on se soit vu en vrai. Je te l'ai peut-être déjà dit, mais mon meilleur ami avait déjà pensé que tu étais le petit-ami de Jess'. J'aurais aimé qu'elle me parle de toi, mais d'un autre côté je n'en suis pas sûr. En tous cas, s'il y a bien une chose que je peux dire c'est qu'elle n'avait pas mauvais goûts en matière de garçon !"

Mathis... Tiens, quand on en parle ! Je réponds rapidement avant de partir pour mon prochain cours.

"Hey, c'est clair que j'aurais préféré te rencontrer dans d'autres circonstances, mais je suis aussi content de t'avoir vu.  Effectivement, tu me l'avais dit quand on s'est téléphoné avant que tu viennes. Je suppose que je dois le prendre comme un compliment ? Toi, tu ne ressembles pas beaucoup à ta sœur, je trouve, tes yeux, un peu ta voix, mais sinon je ne trouve pas que tu lui ressemble beaucoup. Ce n'est pas une critique, hein ! Je précise au cas où."

J'envoie, un léger sourire aux lèvres puis quand je me rends compte que je souris, mon visage redeviens neutre. Non, ça ne va pas du tout. Je ne sais pas comment je vais me débrouiller, siça continue comme ça... 

Je rallume mon téléphone qui s'était mis en veille et ouvre mes contacts pour appeler Alexis en espérant qu'il décroche rapidement. Evidemment, ce n'est pas le cas. Je me dirige rapidement vers la salle dans laquelle se trouve mon prochain cours et m'assois dans la salle juste avant que le professeur ne referme la porte. 

- Bonjour à tous.

Il commence son cours, que je n'écoute pas particulièrement, trop occupé à réfléchir. Je prends des notes automatiquement, comme un robot, mais n'y fais pas plus attention que ça. Je ne  me reconcentre que lorsque le prof annonce que nous devons trouver une entreprise dans laquelle nous ferons un stage l'année prochaine avant deux semaines. Je ne suis pas particulièrement motivé. J'aime le journalisme, mais je ne suis pas encore sûr de vouloir vraiment faire ce genre d'études. Pour l'instant, je vais m'orienter vers ça, mais je ne sais pas encore où je vais le faire. Il nous autorise à partir plus tôt, ayant fini ce qu'il avait prévu pour ce jour-là. 

C'était mon dernier cours. Je me dépêche de passer à l'appartement, je dois déposer mes cours et repartir, je bosse ce soir. Il est déjà 15h30, donc je dois me bouger un peu si je veux être à l'heure. Lorsque j'arrive à devant l'immeuble, je m'autorise enfin à sortir mon téléphone, sans surprise, je vois deux appels manqués d'Alex. Je le rappelle et cette fois-ci, il décroche presque dans la seconde où j'ai lancé l'appel. 

- Allô ? Timéo ? 
- Ouais, c'est moi.
- J'ai vu que tu m'avais appelé tout à l'heure ? 
- Ouais, on peut se voir après mon service ? Je suis dans la merde et j'ai besoin d'un autre avis que celui de Juliette. 
- Tu finis à quelle heure ? 
- Vingt-deux heures trente.
- Ok, ça devrait le faire. Je t'attends devant le bar ? 
- Ouais, merci. 
- Pas de problème, t'inquiète. Allez, file, tu vas être en retard ! 
- Ouais, à ce soir ! 
- À tout' !

Il raccroche et je ressors de l'appartement, ayant eu le temps de déposer mes affaires pendant l'appel. J'accélère le pas pour arriver rapidement et en entrant je tombe sur Axel qui discute avec Noa. Mais, Noa commence plus tard normalement ? 

- Salut les gars. 
- Hey ! 
- Salut. 
- Noa, tu commences pas plus tard ? 
- Non, moi aussi j'ai des heures à rattraper ! 
- Cool ! 

Si Axel se tourne pour aller en salle, je vois que Noa reste planté devant moi.

- Un problème ?
- Non, non, je voulais juste savoir... 

Je le vois hésiter. Pourquoi tout le monde hésite et cherche ses mots en face de moi ? 

- Oui ? 
- Tu... T'es pas dérangé par le fait que je sois gay ? 
- Hein ? Bien sûr que non. Pourquoi ? 
- Je sais pas, j'avais peur. J'ai jamais vraiment fait mon coming-out au travail, deux-trois personnes étaient au courant, mais toi non. Et je ne savais pas trop comment tu te comporterais avec moi. 
- Ah, non, t'inquiète, vraiment. Si tu veux tout savoir, je m'interroge moi-même sur mon orientation donc bon... 
- Mais t'avais pas une copine ? 

Et voilà... Grillé... 

- Si... Mais j'ai rencontré quelqu'un, qui se trouve être son frère, et il se trouve également qu'il me plaît... Et que j'essaye d'éviter au max les contacts avec lui, je ne sais pas quoi en penser.
- Tu sais, ton ancienne copine souhaiterait avant tout que tu sois heureux. Elle ne veut que le bonheur de son frère et le tien, j'en suis certain. Vous ne pouvez pas vous arrêtez de vivre pour elle, je sais que ça peut paraître cruel, mais tu sais, chaque jour des gens naissent et décèdent, pourtant le monde continue de tourner. 

La réalité de ses propos me frappe. Mon monde, qui semblait s'être mis sur pause a comme recommencé à avancer. 

[BxB] You ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant