Le retour (1/2)

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Eliott descendit de la voiture d'un pas lent, posant son avant bras sur son front pour couvrir ses yeux du soleil éblouissant.

Ça faisait maintenant trois heures qu'il roulait, assis à l'arrière du taxi aux vitres teintées qu'il avait commandé pour venir ici. Déjà parce qu'il avait la flemme de conduire mais en plus parce qu'il ne se rappelait plus comment accéder à cet endroit.

Il congédia le taxi après l'avoir payé et mis son masque blanc sur son nez, ainsi qu'une paire de lunettes de soleil et un bob noir. Il faisait une chaleur étouffante, mais il ne se sentait pas mal à cause de ça.

Non, le mal qui le rongeait était beaucoup plus personnel, plus intérieur. Eliott avait honte.

Le taxi l'avait déposé, comme il l'avait demandé, une rue avant l'endroit où il devait se rendre. Pas parce que c'était plus simple. Mais parce que Eliott préférait prendre son temps pour arriver devant cette petite maison qui lui faisait si mal à regarder.

Dix ans. Ça allait faire dix ans qu'il n'avait plus mis les pieds ici. Dix ans qu'il n'en avait plus eu l'occasion, dix ans qu'il était trop en colère envers tout ce que cet endroit lui rappelait pour pouvoir revenir ici, dix ans qu'il n'en avait pas ressentit le besoin, ni l'envie.

Et pourtant, aujourd'hui, il était là.

Il soupira difficilement et se mit à avancer dans cette petite rue. Chaque pas augmentait son mal être mais il sentait qu'au fond de lui, il avait besoin de revoir une dernière fois cette petite demeure. Après ça, il ne savait plus rien. Il n'arrivait pas à anticiper ses réactions, à savoir ce qui allait se passer.

Il était pourtant un homme réfléchit, patient et calculateur. Il prévoyait toujours tous ses coups, tout ce qui allait lui arriver. Mais cette fois ci, il avait agit sur un coup de tête quand, ce matin, il avait appelé un taxi depuis Marseille, lui donnant sa destination et une heure à laquelle venir le chercher.

Il ne savait pas ce qui lui avait pris, il avait juste ressentit le violent besoin de revenir ici. Et là, maintenant, il y était.

Il continua à avancer malgré la douleur lancinante qui lui dévorait les tripes et lui bloquait la gorge. Le bout de la rue approchait, il voyait déjà un morceau de la maisonnette. Le soleil lui brûlait la peau, la chaleur l'étouffait, mais il se dit que ce n'était qu'une juste punition après tout ce temps. Un premier châtiment avant l'enfer, en quelque sorte, comme un avant goût.

Alors il continua d'avancer courageusement, se doutant qu'il devait avoir l'air parfaitement ridicule en cet instant, à marcher la tête baissée et les mains dans les poches comme un condamné. Mais pour une fois, l'image qu'il renvoyait ne lui importait pas.

Les clôtures qui finissaient la rue se terminèrent, et Elliot continua d'avancer sans relever la tête. Il avait tellement honte de lui, il aurait aimé que quelqu'un, n'importe qui, vienne le frapper à sang pour le punir. Mais le silence de la rue brûlante, seulement interrompu par le bruit des cigales, était bien pire. Comme si une multitude de gens, qu'il connaissait bien, le regardaient avec mépris et dédain. Il se sentait comme le monstre le plus horrible que personne n'ai jamais vu, caché dans une ridicule enveloppe humaine, sans pourtant que personne ne se laisse berner par celle ci.

Comme si tous ces fantômes voyaient à travers lui, voyaient ce qu'il était devenu, ce qu'il avait fait.

Il s'arrêta lorsque la porte du garage entra dans le champs de vision de ses yeux baissés. Il n'osait pas relever les yeux, pas regarder cette simple porte de métal peint en blanc crème qui lui faisait face.

Il savait que ce serait ici, que tout commencerait. Comme chaque été ou, dix ans auparavant, la voiture de sa famille s'arrêtait devant cette même porte, et que ses parents leurs donnaient l'autorisation, à lui et ses frères et soeurs, de descendre et de courir vers le petit portail.

Les P'tites Coupures Où les histoires vivent. Découvrez maintenant