L'écolo (1/1)

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- Putain de merde Félix ! Sérieusement, ça t'arracherais la bite de foutre ton putain de mégot de merde dans une poubelle?

- Ferme ta gueule, tu m'emmerdes et tu parles fort.

Le blond soupira avant de se baisser à contre coeur et de ramasser le petit bout fumant qu'il venait de jeter par terre, marmonnant des insultes à l'égard du basané à côté de lui. Qu'est ce qu'il pouvait l'emmerder avec ses délires écolos... c'est limite s'il ne lui demandais pas de bouffer de l'herbe. Il se releva et alla mettre le bout de cigarette dans la poubelle à quelques mètres d'eux avant de se barrer sans attendre la mangeur de soja qui lui servait d'ami. Maintenant il était en retard.

Il marcha quelques minutes à travers le campus qui lui servait de lycée, avant de toquer paresseusement à la porte de son cour d'AP français ou son prof, Dudu, l'attendais avec son habituel sourire narquois qui le caractérisait tant. Il s'excusa rapidement de son retard avant d'aller s'avachir confortablement sur l'une des chaises du fond, sortant ses affaires, tandis que le prof se faisait une nouvelle fois interrompre par l'écolo qui venait d'entrer à son tour.

Félix soupira une nouvelle fois, écoutant tout de même ce que racontais le prof. Il ne le dirais sans doute jamais, mais il l'aimait bien, avec ses remarques sournoises et sa manière bien à lui de laminer consciencieusement ses collègues devant leurs élèves (et inversement d'ailleurs). Seulement son attention se détourna rapidement vers son meilleur ami, Charlie aka l'écolo, qui venait de s'avachir de la même manière que lui sur le siège d'a côté.

- T'es chiant, t'aurais pu m'attendre.

- Non, tu me faisais chier.

- Juste parce que je t'ai demandé de jeter ta clope parce que ça pollue, génial.

- On en à deja parlé. Ça me fais chier, c'est une perte de temps et ça ne sert à rien. On va tous crever de toutes façons, et puis j'ai la flemme d'aller à la poubelle.

L'autre soupira avant de se taire, lui ayant lancé un regard accusateur. Il repris finalement la parole quelques secondes après:

- Et dis moi, est ce que t'auras la flemme, dans une vingtaine d'année, de voir tes gamins et ta femme ou ton homme crever dans la douleur parce que l'eau sera tellement polluée qu'elle en deviendra inbuvable ? Que l'air sera tellement chargé en particules de plastiques ou de fumée qu'il deviendra irrespirable ? Que tes gosses auront un moignon de troisième bras et treize orteils parce qu'il y a tellement d'OGM dans ce qu'on bouffe que ni ta femme ni toi ne seront plus capable d'avoir des cellules reproductrices normales? Que tu te nourriras de petits cubes parce que-

- Oh fermes ta gueule tu veux ? T'es pas ma mère et j'essaye d'écouter ce que dis le pr-

- Dites le petit couple, quand vous aurez fini votre scène de ménage, vous pourrez me donner le plan que vous avez trouvé ?

Les deux garçons se retournèrent brusquement vers le regard malicieux et sadique de Dudu qui avait apparement l'air de beaucoup s'amuser de la situation. Le blond se contenta de lancer un regard paniqué très peu discret en direction de son fayot de meilleur pote, avant d'hocher la tête et de se lever pour se diriger vers le tableau blanc d'une marche funèbre.

Sa dignité allait encore en prendre un coup.

***

Le blond marchait tranquillement en direction de chez lui, les mains dans les poches et la capuche sur la tête, écoutant d'une oreille distraite ce que lui baragouinait son meilleur ami depuis la fin des cours. Un truc sur un reportage ou il ne savais quoi... de toutes façons il s'en fichait. Pas qu'il n'aimait pas Charlie, loin de la! Ils étaient amis depuis maintenant un joli bout de temps, et même s'il avait parfois l'envie de l'étriper, il restait irremplaçable à ses yeux. Quoique depuis qu'il s'était mis à bouffer bio, il devenais insupportable. Il avait même arrêté de fumer parce que "ça pollue et ca coûte cher cette merde.". Mais bon, il n'allais pas non plus lui cracher dessus hein... enfin bien bourré en soirée... bref.

Soudainement, je fit arrêter par la main de Cha qui venait d'agripper mon poignet. Je me retourna et tomba sur son regard consterné et blasé :

- Tu ne m'écoute pas hein?

- euh... non...? M'en veux pas mais le résumé d'un reportage sur la reproduction des alpagas c'est pas mon truc.

- C'était un reportage sur la pêche de masse abrutit.

- Ah.

Ça aussi il s'en fichait. Le poisson, c'était dégueu alors qu'on puisse ravager un océan pour en pêcher, non seulement ça le dépassait mais en plus, il se disait qu'une fois que l'habitat naturel des poissons serais fichu alors ces sales bêtes mourraient... et qu'il n'aurait plus à en manger. Tant mieux. Charlie se remit à parler, et le blond laissa son regard s'échouer sur ses traits fins mais gracieux. Charlie était beau, avec son teint mate et ses cheveux brun doré bouclés sur toute la tête. Il avait les yeux noirs, un grand sourire blanc et une peau parfaite, et un corps magnifique. Le blond n'était pas homo, mais il savait reconnaître un beau corps et celui de Charlie n'étais clairement pas à plaindre. Rajoutez à ça un caractère souple et une bonne humeur constante malgré la perpétuelle mauvaise humeur et les remarques cassantes du blond, et vous aviez une idée assez nette de pourquoi Charlie avait autant de succès au lycée.

- Et tu ne m'écoutes toujours pas ! Lâcha une nouvelle fois le bouclé en souriant.

- Pardon, je crois que je suis un peu mort ce soir.

- Tu m'étonnes... on est arrivés, j'te laisse à demain !

Félix laissa son ami s'éloigner après un bref "salut" et entra chez lui ou Alice, la compagne de sa mère, était en train de préparer des lasagnes. Il l'aimait bien, Alice. C'était une fille gentille et drôle en plus d'être brillantissime. Et sa mère s'avérait beaucoup plus épanouie et heureuse avec elle qu'avec son ex-mari, soit son père, alors tout allais pour le mieux.

- Hey warrior, bonne journée ?

- Tranquille. J'suis mort, j'vais aller faire une p'tite sieste avant le repas, tu m'appelleras ?

- No problemo, de toutes façons je ne sais pas quand ta mère vas rentrer alors...

- Mmh, à toute.

Et une fois avachit sur son lit, le sommeil ne tarda pas à le gagner.

Les P'tites Coupures Où les histoires vivent. Découvrez maintenant