Chapitre 1 ~ Sayla de Nythum :

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   Sayla attendit que ses parents se rendent à la forge chercher les matériaux nécessaires à la fabrication de colliers. Lorsqu'elle fut sûre qu'ils soient suffisamment éloignés, Sayla sortit discrètement des appartements de l'aile gauche du château.

   Elle marchait à pas feutrés dans le couloir, évitant les groupes de servantes. Une fois arrivée aux cuisines, elle prétexta avoir faim et attrapa un morceau de viande. Puis, excitée, elle se mit à courir jusqu'aux écuries  destinées aux dragons.

   Sayla ouvrit délicatement la porte et entra dans la pièce surchauffée. La chaleur écrasante était due aux nombreux jets de flamme des dragons.

   Se faufilant à travers les enclos, Sayla finit par arriver devant la cage d'un majestueux dragon vert. Ses écailles épaisses brillaient de milles feux. Une lueur d'intelligence dans son regard vert, le dragon était la monture idéale pour tous les dresseurs.

   Le dragon rugit en voyant arriver la jeune fille. Il avança sa large tête vers elle et lui donna un coup de langue sur la joue. Sayla éclata de rire. Elle entra dans l'enclos et caressa le flanc du magnifique reptile ailé, qu'elle avait appelé Esthun. Celui-ci baissa ses ailes pour permettre à Sayla de monter sur son dos. La jeune fille obtempéra. Le dragon sortit de son enclos et déploya ses ailes.

   Esthun s'envola. Sur son dos, Sayla était remplie de joie. Elle se sentait tellement libre ! Le vent jouant avec sa tresse, la hauteur, la vitesse, tout cela l'excitait. La jeune fille ferma les yeux et tendit leva les bras. La sensation était incroyable ! Sayla hurla de joie.

   Une fois le vol terminé, Esthun posa Sayla au sol. Elle le remercia et courut jusqu'à ses appartements.

   Sayla avait de longs cheveux noirs comme la nuit décorés de reflets bleutés. Ses yeux verts et sa peau pâle lui donnaient une allure fière. Elle ressemblait beaucoup à son frère aîné, Layan, qu'elle admirait plus que tout.

   Layan était soldat à l'armée. Souvent mobilisé par son travail, Sayla ne voyait pas souvent son frère. Et justement, il rendait visite à sa famille ce jour-là, accompagné de sa petite amie, Kynna et de son meilleur ami, Leïnn. Sayla attendait impatiemment Layan.

   Vers seize heures, le jeune guerrier arriva enfin. Sayla l'observa attentivement.
Ses longs cheveux noirs était retenus en une tresse à moitié défaite. De profondes cernes soulignaient ses yeux verts. Ses sourcils étaient légèrement froncés, comme s'il réfléchissait en permanence.

   Kynna aussi avait l'air inquiète. Elle affichait un léger sourire peu convaincant et sa peau habituellement bronzée semblait plus pâle.

   Leïnn, quant à lui, semblait aussi heureux que d'ordinaire. Ses cheveux blonds lui tombaient sur le front. Un large sourire éclairait son visage rectangulaire. Ses yeux bruns pétillaient et ses bras musclés était croisés sur son large torse.

   — Salut, petite sœur, lança Layan.

   — Salut ! répondit Sayla. Tu vas bien ?

   — Oui merci. J'ai juste beaucoup de travail. Surtout des voleurs à éliminer, ce genre de choses. Mais j'ai trouvé le temps de venir te voir !

   — Heureusement, avoua Sayla. Tu me manquais.

   — Moi aussi je me manquais, rétorqua Layan avec un clin d'œil. Alors, tu as progressé à l'épée ?

   — Bien sûr ! Et cette fois, je te battrai !

   — C'est ce qu'on va voir. Kynna, Leïnn, si vous voulez bien m'excuser.

   Le jeune guerrier dégaina son épée et entraîna sa sœur dans la cour du château.

   — Sayla de Nythum, moi, Layan de Nythum, te défie en combat à l'épée !

   — J'accepte, Layan.

   — Que le combat COMMENCE !

   Sayla attaqua la première. Elle fit une fente, comme le lui avait appris son frère. Layan para aisément et attaqua à son tour. Ses coups étaient précis et habiles. Il maniait l'épée avec tellement de facilité qu'il pouvait mettre fin au combat à tout moment. Mais il faisait durer le plaisir.

   Au lieu d'attaquer et d'essayer de désarmer Sayla, il contrait simplement les coups. Au bout de quelques minutes, Sayla commença à fatiguer. Ses coups perdaient en force et Layan finit par la désarmer d'un coup sec au poignet.

   — Félicitations, Sayla. Tu t'es effectivement améliorée depuis notre dernière confrontation.

   — Hmm, grogna-t-elle.

   Layan ramassa son épée et la lui tendit.

   — Je peux te montrer quelques techniques, si tu veux.

   — Oui, s'il te plaît. Aurais-tu un moyen pour... combattre en hauteur ?

   — Combattre en hauteur ? Tu veux dire dans les airs ?

   Sayla acquiesça.

   — Seuls les dresseurs de dragons combattent dans les airs. Et personnellement, je trouve qu'ils sont lâches. Tout l'honneur réside dans le combat au corps à corps et les techniques de combats rapprochés.

   — Tu as sûrement raison.

   Au contraire, Sayla était persuadée qu'il avait tort. Un dresseur pouvait combattre proche de son ennemi. De plus, les archers et les mages non plus ne combattaient pas au corps à corps.

   Sayla avait toujours trouvé les dresseurs majestueux, sur leurs gigantesques dragons. Elle rêvait d'en devenir une, depuis le jour où elle avait découvert qu'elle en possédait un. Les dresseurs avaient un lien spécial avec leur dragon.

   Depuis leur première rencontre, ils étaient persuadés que leur dragon leur était destiné, et c'était réciproque. Sayla était sûre qu'Esthun était le sien, même si il appartenait à la famille royale de Nythum.

   — Sayla ? demanda Layan, coupant le cours de ses pensées. Je vais rentrer. Nos parents doivent être rentrés.

   — Oui bien sûr. Je t'accompagne.

   Leurs parents étaient bijoutiers. Ils tenaient un magasin renommé, raison pour laquelle la famille résidait au château de Nythum.

   — Layan ! s'exclama Wannia en voyant son fils.

   Wannia était grande et mince. Elle avait des cheveux bruns et lisses et de magnifiques yeux verts. Son visage fin était pâle.

   — Tu as tellement grandi ! s'exclama-t-elle.

   — Mon fils, salua Dynn, leur père.

   Il avait des cheveux noirs qui lui arrivaient aux épaules. Sa carrure musclée était intimidante, mais tout le monde l'appréciait au château.

   — Père, mère, salua Layan à son tour, un sourire éclairant son visage.

   La famille passa l'après-midi à tout se raconter. Mais ils ignoraient qu'une sombre menace s'étendait sur eux. Non loin de là, le Maître lui-même attendait patiemment la nuit.

La dresseuse de dragonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant