Un Ange

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Le ciel était tellement... magnifique. Jamais elle n'avait vu quelque chose d'aussi merveilleux ! L'instant était juste magique. Digne des dieux célestes. Il était si proche, à portée de main. Il lui suffisait de tendre le bras et les nuages effleureraient sa peau de leurs spirales veloutées. Le vent tiède caressait son corps frêle. Le rêve était devenu réalité. Le souhait le plus profond de son cœur était enfin exaucé. Sa sincère envie avait été entendue tant elle était forte. Elle planait en cet endroit magique comme s'il lui appartenait depuis toujours. Elle ressentait chaque chose, chaque élément mille fois plus fort que d'habitude. Tellement de temps s'était écoulé depuis qu'elle avait ressenti les choses aussi intensément. Ces sensations étaient désormais gravées dans sa chair. Elle en avait si longtemps rêvé. Elle avait tant de fois imploré le ciel de lui laisser une place. Cet univers au-dessus d'elle l'avait toujours fascinée. Depuis le premier jour elle ressentait le besoin de le rejoindre. Le ciel l'appelait à lui. Ce monde de douceur aux nuages duveteux et au vent chaud et apaisant.

Ses cheveux ondulaient autour de son visage. Au-dessus de sa tête, la mer de nuages s'étendait à perte de vue. Le spectacle enchanteur de ces volutes blanches et cotonneuses était magnifique. Son corps léger fendit l'épaisse couche blanche avec la grâce d'une déesse. La vue était encore plus enchanteresse. Le ciel nacré aux couleurs orangées et pourpres se mariait à un océan infini. Et tandis que le soleil plongeait sous les flots, dardant ses derniers rayons de feu, elle, elle fondait de bonheur. Son rêve, sa raison de vivre, sa légèreté, ce qui lui appartenait lui était enfin rendu. Les couleurs la libéraient. Le ciel lui faisait oublier la lourdeur de son corps. Le ciel... était un monde à lui seul. Et ce monde la faisait vibrer. Vibrer de désir, vibrer d'envie, vibrer de vie. En paix, en harmonie, les sensations étaient plus fortes et plus belles que jamais. Son cœur battait plus fortement qu'il ne l'avait jamais fait. Tout était plus fort, plus beau... magique. Tout simplement. Plus qu'elle n'aurait jamais pu espérer. Elle était seule, les cieux lui appartenaient, à elle et rien qu'à elle. Pouvait elle rêver mieux ? Était-il possible de désirer plus ?

Et si elle profitait de cet instant pour un brin de folie ? Le lieu ne s'y prêtait-il pas après tout ? N'avait-elle pas le droit de vivre pleinement ? Ne pouvait-elle pas faire comme tout le monde ? Sa condition n'avait... N'allons pas tout gâcher. Oublions, fuyions cela. Volons plutôt ! L'heure n'était pas aux tristes réflexions.

Elle transperça les nuages de part en part, montant puis descendant à nouveau. Elle parcourait les airs tel un oiseau. Elle faisait corps avec le ciel, l'air pur et la brise. Chaque frémissement de l'atmosphère, même le mouvement le plus discret, la faisait vibrer. Elle ressentait tout, voyait tout. Son corps ne pesait plus rien, tous ses sens étaient aiguisés, en éveil, son esprit libéré. Plus rien ne comptait, simplement profiter, prendre plaisir, savourer chaque frisson, chaque sensation. Respirer à nouveau, souffler. Sentir chaque goulée pure couler dans ses poumons. Loin de la douleur, loin du bruit, cette voûte enchanteresse était si calme. Et si accueillante. Là était la clé. La clé de son échappatoire. Vu d'en haut, tout était si différent, plus serein, plus simple, plus agréable, plus beau. Et cet ici lui appartenait. Mais seulement pour ces quelques instants...

Une voix creva la bulle de bonheur dans laquelle elle évoluait. Cette voix lui disait les mots redoutés, les mots qui annonçaient le retour à la lourdeur. « C'est fini, on va descendre ». Mais elle ne voulait pas que cela s'arrête ! Elle voulait y rester encore des jours. Échapper à ce qu'elle était. Elle ne voulait pas. Tout mais pas ça ! Pitié, ne pas redescendre. Elle voulait être légère, elle voulait être libre ! Mais voilà, elle était de retour sur le sol dur, assise dans l'herbe drue, froide.

Elle scruta le ciel. Elle y retournerait un jour. Le contempler ne suffisait pas. Ce bonheur éphémère lui avait été offert et elle voulait le prolonger. Par ses propres moyens.

On la souleva comme on aurait soulevé un nourrisson. Ses jambes pendaient mollement. Elle ne pesait rien, elle était si fragile et si fine et pourtant, elle se sentait si lourde, si gauche. Sa légèreté lui avait été volée une fois de plus. Un jour, elle quitterait ce fauteuil et ses jambes frêles la porteraient de nouveau. Et elle retournerait, seule, voler comme un ange.


La musique en média est de Peter Grundy, que j'ai tirée de « Don't wake me just yet » et ça à été une source d'inspiration profonde

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La musique en média est de Peter Grundy, que j'ai tirée de « Don't wake me just yet » et ça à été une source d'inspiration profonde. J'aime vraiment ce compositeur. 


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