À bout de souffle

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Coin brumeux dans la vallée enneigée. Creux encaissé dans l'ombre et la glace, cerné par les arbres torturés et piquants, comme des pointes de flèches visant le ciel. Simples nuages perdus entre les monts ou brume sournoise et traîtresse ? L'animal au lointain fuit et ne s'en préoccupe. Le tapis blanc vaporeux se répand insidieusement enroulant les arbres, les roches et les pics de volutes doucereuses et menteuses. Il s'étale sans un bruit, de plus en plus lourd, de plus en plus sombre. Plus rien ne bouge, le monde est comme figé et le temps s'arrête. Le silence. Immense, entier, total. Tout se perd et se mélange, le monde devient flou dans la pâle lumière de la lune. Les repères disparaissent et les ombres s'allongent à l'infini. La vallée, cachée aux yeux du monde, se couvre à nouveau, engloutie dans la brume et le silence statique. Les secondes s'égrènent inlassablement et les minutes semblent durer des années dans cet univers fixe et inerte. Pas un mouvement, rien. Seulement l'attente immobile et l'angoisse fébrile de Ceux qui observent. Le courant de l'air glacial s'insinue dans les os, figeant jusqu'au plus profond des âmes. L'univers se tait et écoute. Le monde tend l'oreille dans un frisson agité. Fiévreusement, dans un malaise grandissant, la crainte s'installe. Des chuchotements nerveux s'élèvent du sol, de la Terre elle-même. La tension monte et la brume se teintant de plomb s'épaissit plus encore. Se fait alors entendre le murmure inquiet de ce monde tourmenté. La brume continue de se répandre sur toute la surface du globe comme une horde indomptable. La planète n'est plus qu'un amas gris. Le murmure devient hurlement de souffrance et d'horreur et partout, partout dans l'univers, un seul et unique cri retentit : « A l'aide ! ».

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