Chapitre 5

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Adossée contre mon plan de cuisine, une tasse de café à la main, j'observe depuis plusieurs minutes la veste de costard noir qui n'avait pas quitté la chaise de ma cuisine depuis trois jours.

Trois jours s'étaient écoulés depuis ma soirée avec Ken.

Il était parti de chez moi sans que nous échangions le moindre numéro de téléphone. J'étais sûre qu'il n'arriverait jamais à trouver un moyen de me contacter, mes données personnelles étaient trop bien protégées.

J'avais décidé de laisser au moins une semaine passer afin de ne pas lui montrer que j'avais hâte de le revoir. Néanmoins, j'étais une personne très peu patiente. Attendre, passivement comme je le faisais actuellement était une torture pour moi.

Je me faisais un nombre incalculable de scénario dans ma tête: j'imaginais nos retrouvailles, ce que j'allais lui dire. Je devenais folle.

Excédée, je pose ma tasse de café sur le plan de travail et quitte mes appartements d'un pas déterminée. Je traverse le château d'un pas rapide.

Je longe un long couloir, monte un escalier et me retrouve devant une grande porte. Je toque puis l'ouvre sans attendre le moindre accord.

Le grand salon est vide, je soupire.

- Aristide. Je m'écris. Tu es là?

Une voix grave se fait entendre.

- Dans ma chambre.

Je me dirige vers la pièce adjacente et trouve mon cousin affalé dans son lit encore sous ses couvertures, les yeux rivés sur l'écran de son téléphone.

- Il est déjà onze heures, qu'est-ce que tu fous encore dans ton lit? Je croyais que tu avais une tonne de boulot.

- Ouais j'ai une tonne de devoir à faire et je ne sais pas par où commencer, rien que d'y penser ça me stresse. Donc je préfère ne pas y penser et rester dans mon lit, c'est moins contraignant.

Je me retiens de faire la moindre remarque, je me contente de lever les yeux au ciel et de m'assoir en tailleur sur son lit.

- J'ai besoin que tu me rendes un service.

- Léon a besoin de moi, incroyable. Dis moi tout cousine, que puis-je pour toi?

- J'ai besoin que tu me trouves le numéro de Ken.

Pour la première fois depuis mon arrivée, il détache les yeux de l'écran de son portable pour les poser sur moi. Je semble avoir attiré son attention.

- Ken?

- Nekfeu. Je précise.

Ses yeux se plissent.

- Quoi? Je demande sur la défensive.

- Tu n'en as pas eu au assez d'un soir?

- Comment ça?

- Sans vouloir te vexer Léo, s'il ne t'a pas filé son numéro c'est qu'il y a une raison. Il voulait juste passer une bonne soirée et c'est tout. Il ne cherche rien de plus. Alors ne te fais pas du mal et laisse tomber.

Je n'aime pas trop les allusions qu'il fait. Je n'aime pas la façon dont il me parle, comme si j'étais une adolescente fragile croyant encore aux contes de fée. Je sais depuis longtemps que les contes de fée ne sont pas réels et que le prince charmant n'existe pas.

A vingt-un j'avais appris que mon petit ami avec lequel je sortais depuis cinq ans me trompait avec une fille que je croyais être une amie. Mais cela n'avait pas été la pire partie de l'histoire. Pour moi le pire avait été que la presse se soit emparée de l'affaire. J'avais dû subir des articles sur mon histoire personnelle durant plusieurs semaines. La France entière s'était mêlé de ma vie privée et chacun avait été de son petit commentaire.

Coeur de LysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant