Lorsqu'il ouvrit les yeux, Kay se trouvait allongé sur un matelas à même le sol abrité sous une tente. Il reprit peu à peu ses esprits : l'explosion, l'accident, les hurlements de Seth... Il se redressa brusquement, constatant qu'il était seul dans la tente et qu'il n'avait aucune idée de l'endroit où il se trouvait. La panique commençait à le gagner, son rythme cardiaque s'accélérait. En temps normal, une violente décharge dans l'oreille droite aurait dû lui faire retrouver son calme. Mais cette fois ci il ne ressentit rien. Alors que mille questions se bousculaient dans sa tête, il entendit une voix à l'extérieur de sa tente, une voix apaisante, qui chantait :
Take me to church
I'll worship like a dog at the shrine of your lies
I'll tell you my sins
And you can sharpen your knife
Offer me that deathless death
Good god, let me give you my life*
La voix cessa de chanter, quelqu'un entra dans la tente. C'était un petit blond aux traits fins et des yeux d'un bleu éclatant, il devait avoir l'âge de Kay. Il arborait lui aussi sur sa veste en cuir noir un R rouge; il faisait partie du bataillon.
« Ho ! Tu es réveillé... j'étais venu t'apporter ça. L'inconnu tendis un verre d'eau à Kay. Ne t'en fais pas, tu es en sécurité ici », assura le jeune homme face à la mine terrifiée de Kay. Je suis Orion, tireur d'Elite de l'équipe numéro 3.
Kay bredouilla :
« Où...où sont les autres ?
La mine d'Orion s'assombri :
- Ils... Aucun d'entre eux n'a survécu, à part toi. On a été alerté par les équipes aériennes, et comme la nôtre était chargée de transporter le matériel médical, on est venu vous chercher. Quand on est arrivé, c'était déjà trop tard. On t'a retrouvé dans les bras d'un membre de ton équipe qui a visiblement cherché à te protéger de l'impact. »
Chaque mot qui sortait de la bouche d'Orion venait frapper Kay en plein cœur. « Seth... » Kay en était sur maintenant, son souvenir était bien plus net : « Tiens bon ! » lui avait hurlé son camarade avant que le véhicule s'écrase violement dans un mur de béton. Seth lui avait sauvé la vie en sacrifiant la sienne. La poitrine de Kay se sera douloureusement, ses mains tremblaient, les battements de son cœur lui martelaient le crâne, il peinait à respirer. Il voulait que toute cette réalité, cette douleur, disparaisse. Il n'avait jamais éprouvé une telle détresse auparavant, à cause de la puce. Il porta la main à son oreille : une partie de son lobe était arrachée. C'était sûrement là que la puce avait été installée... mais la tornade d'émotion en lui le perturbait, l'étouffait. C'est comme si, peu à peu, il était enseveli sous tout ce qu'il avait enduré depuis le début, il éprouvait toute la souffrance qu'on lui avait infligée ces dernières années. La haine, le dégout, la tristesse et surtout la peur s'emparaient de chaque partie de son corps. Il se haïssait, lui, et aussi le gouvernement qui lui avait tout pris, sa famille, ses espoirs, son avenir et même son humanité. Orion s'accroupit à sa hauteur et lui posa une main rassurante sur l'épaule :
« Tu n'y es pour rien, Kay, dit-il, comme s'il lisait dans ses pensées. Si ton ami a donné sa vie pour toi, c'est que tu en vaux la peine. »
Kay releva la tête et regarda plus attentivement Orion : c'était vraiment un beau garçon, une cicatrice lui barrait le sourcil gauche, sa mâchoire était fine et son nez était parfait. Kay ressenti une longue décharge parcourir sa nuque, puis son dos, jusqu'à ses pieds. Mais cette décharge-là n'avait rien de désagréable. Surpris, il détourna le regard. Orion se releva :
« Je vais avertir le reste de mon équipe que tu es réveillé. A partir d'aujourd'hui, tu fais partie de l'équipe numéro 3. En attendant, dors, les robots aides-soignants viendront changer tes pansements. » A ces mots, il quitta la tente.
