𝓒𝓱𝓪𝓽 𝓢𝓪𝓾𝓿𝓪𝓰𝒆 //𝓟𝓪𝓻𝓴 𝓙𝓲𝓶𝓲𝓷 [TERMINÉE]

Chapitre 10

June roulait depuis je ne savais combien de temps. Nous étions sortis de Paris depuis une vingtaine de minutes je dirais avant qu'elle ne commence vraiment à s'enfoncer dans la campagne. Elle roula prudemment sur les petites routes remplies de nids de poule jusqu'à ce que enfin, au détour du chemin, je puisse voir sa maison.

June tourna la tête vers moi avec un petit sourire. Elle coupa le moteur devant le bâtiment et dit :

- Bienvenu chez moi Jimin.

Je descendis de la moto en retirant le casque, observant la bâtisse. Elle était de taille moyenne avec un étage et ses murs étaient fait en pierre. Cette résidence avait beau être secondaire, elle était très bien entretenue. La pelouse était certes haute, mais les bosquets étaient correctement taillés, et aucune végétation ne montait sur les murs du bâtiment.

June sortit du petit garage qui se trouvait à côté une fois sa moto garée. Elle sortit des clefs de sa poche et déverrouilla l'entrée avant de me sourire.

- Tu rentres?

Je me contentai d'avancer timidement. En parler était une chose, mais être vraiment chez quelqu'un que tu connais depuis seulement deux ou trois jours, c'est différent.

Elle me suivit à l'intérieur, ouvrant les volets et les fenêtres pour aérer. Mon regard se déposa sur le décor qui m'entourait. L'ensemble était très sobre, soit blanc, soit gris, et il y avait très peu de décoration sur les murs.

- Je ne m'attendais pas à ça, ne pus-je m'empêcher de dire.

Elle haussa doucement un sourcil avant de demander, curieuse :

- Tu t'attendais à quoi?

- A plus d'extravagance, répondis-je sans hésitation.

June me regarda avec des gros yeux avant de rire aux éclats.

- Et bien au moins ça a le mérite d'être clair!

Je me grattai l'arrière de la tête un peu gêné. Elle ma tapa gentiment dans le dos.

- Te biles pas, c'est drôle. Et non, je ne décore pas beaucoup, de toute manière je ne vis pas ici. Je ne suis pas super matérialiste donc on va dire que je me fous un peu de la déco tant que c'est confortable.

- Netflix and Chill quoi, lui rétorquais-je en souriant.

- Toi, dit-elle en me désignant. Tu viens de comprendre l'existence même de ma vie!

On se remit à rire comme des idiots.

- Tu veux boire un coup? me demanda-t-elle se dirigeant vers ce que je supposai être sa cuisine.

- Oui pourquoi pas, t'as quoi, dis-je en m'installant dans un de ses fauteuils.

- Eau, jus de pomme, vin, bière, vodka?

- De la vodka pour le goûter, je l'avais pas encore fait!

Je ris doucement avant de poursuivre.

- Une bière pour moi s'il te plait.

- Brune ou blonde?

- Brune!

Elle revint avec deux bières décapsulées. Elle m'en tendit une avant de se poser dans le siège en face de moi dans un soupir avant de fermer les yeux.

- Tu ne trouves pas que ça fait du bien ce silence, me demanda June en redressant la tête pour croiser mon regard.

Je me perdis un instant dans le sien avant de répondre en souriant :

- Si. Je trouve que c'est apaisant. Tu vantes bien les mérites de ta maison.

En réponse, elle me fit un clin d'œil avant de boire une gorgée de bière. Mais notre béatitude disparut quand je pris conscience de quelque chose.

- Merde, m'exclamais-je en posant ma bière plus ou moins délicatement sur la table basse.

- Un problème? me demanda-t-elle alors que je prenais mon téléphone dans ma veste.

Je grimaçai en voyant le nombre de messages et d'appels manqués que j'avais. Je lui montrai mon écran en soupirant fortement. En voyant ça, elle fit une grimace avant de se mettre correctement dans son siège.

- Bonne chance mec, surtout qu'on a dû faire le tour des réseaux sociaux avec notre petite course dans le cœur de Paris.

- Et meeeerdeuh!

June se mit à rire en voyant ma mine désespérée.

- Mais arrête de te marrer toi, boudais-je faussement.

- Okay, okay, s'excusa-t-elle en levant les mains. Mais fais un effort pour ne plus avoir des réactions de ce genre, c'est trop drôle! Allez, maintenant appelle les pour leur expliquer.

Je me renfrognai aussitôt. Le souvenir de notre dispute me revint immédiatement en mémoire.

- Je ne veux pas leur parler. Pas maintenant. J'ai besoin de plus de temps, dis-je en détournant le regard.

June redevint vite sérieuse.

- Jimin, ils doivent s'inquiéter. Alors même si tu ne veux pas leur parler, envoies leur un message pour dire que tout va bien. Tu es le bienvenu ici. Si tu veux rester et que je t'emmène lundi à l'agence, il n'y a pas de problème. Mais n'oublies pas que tu fais partie d'un groupe. Tu n'es pas la seule personne impliquée.

Je soupirai lourdement. June se contenta de garder le silence en me regardant. Je finis par dire à contre coeur :

- Je vais leur écrire, et je retournerai demain dans la journée à l'hôtel. Mais là, je veux juste faire une pause.

- Pas de problème, je t'amènerai, me répondit-elle aussitôt.

- Merci June, lui dis-je, reconnaissant.

- De rien petite tête, me dit-elle avec un clin d'œil. Allez, au boulot maintenant petit Mochi.

Je secouai la tête en souriant avant de commencer à écrire, ignorant les messages qu'ils m'avaient envoyés plus tôt.

- Je suis avec June, tout va bien, je rentrerai à Paris demain dans la journée. Ne vous inquiétez pas pour moi. Passez une bonne journée et à demain.

Je lus rapidement le message à haute voix avant de l'envoyer.

- Et ben, j'ai connu plus chaleureux, me lança-t-elle.

Je levai les yeux aux ciels avec un petit sourire.

- Je ne voulais pas me forcer à être amical.

- Purée, tu leur en veux vraiment on dirait, lança June, inquiète.

- Il y a des choses avec laquelle je ne rigole pas, lui répondis-je avec un petit sourire triste.

Pour toute réponse, elle me regarda en terminant sa bière avant de regarder le paysage.

- Je comprends, dit-elle doucement, un air mélancolique collé au visage. Il y a des limites à ne pas franchir.