Un ado perdu (NV)

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Point de vue de Billy :

Comme prévu, j'ai voulu m'expliquer avec mon père dès le lendemain. J'ai attendu que ma sœur parte à l'école et j'ai trouvé mon père. Il était couché sur le canapé de son garage, des canettes de bière au sol. J'ai commencé à le secouer pour le réveiller, mais rien. Aux grands mots les grands remèdes. Après lui avoir envoyé un seau d'eau gelé au visage, histoire de le dessoûler un peu, j'ai commencé à vouloir lui faire entendre raison, mais rien. Pas de réaction de sa part. Aucune, il continuait à regarder le sol comme si la solution se trouvait dans les cadavres de bouteilles. J'ai commencé à monter la voix et jamais je ne me serais imaginé la suite des événements.

- Papa, Ana n'y est pour rien dans la mort de maman, tu étais là ce jour-là.

- Si ta mère n'avait pas eu Ana, elle serait encore avec nous, on serait trois, mais on serait heureux.

- Tu t'entends parler ? Tu accuses ta fille de la mort de sa propre mère. Elle était un bébé, un bébé innocent qui a eu la chance de venir au monde et d'être au moins une fois tenu dans les bras de maman avant la fin. Tu ne vois donc pas comment elle est triste, elle croit que tu ne l'aimes pas.

Et ce que je pensais ne jamais entendre de la bouche de mon père est parvenu à mes oreilles :

- Je ne ressens que de la haine pour Ana. Si elle est encore ici, dans cette maison, c'est uniquement en souvenir de ta mère. Jamais, je dis bien jamais, je ne pourrais ressentir autre chose et tu devrais penser comme moi.

- Tu n'es rien d'autre qu'une merde.

Et sans rien comprendre mon père m'a envoyé son poing dans la tronche. C'est la première fois qu'il lève la main sur moi et malheureusement ça ne sera pas la dernière. Voilà comment se déroule les journées maintenant, je réveille ma sœur le matin, prépare son déjeuner et l'envoi à l'école. Je traîne avec Alex, Vincent et le reste du groupe. Si j'ai compris que ma relation avec Alex sera à la vie à la mort, que jamais je ne lui tournerais le dos et inversement, pour ce qui est de Vincent, c'est plus ambigu. Quand il est près de moi, j'ai les mains moites, quand il me frôle sans faire exprès ou bien que lorsqu'on chahute, j'ai l'impression que mon cœur va sortir de ma poitrine tellement il bat fort. C'est dans ces moments-là que ma mère me manque énormément. Bien sûr, elle me manque tout le temps, mais je suis persuadé que si elle serait encore la, elle aurait su m'expliquer ce qui m'arrive. Je n'ose pas en parler avec Alex et encore moi avec mon père. Tous les soirs, quand je rentre, il m'attend déjà soûl sur le canapé. Depuis le jour où il m'a mis son poing dans la gueule, notre relation a clairement changé. Je ne prend plus la peine de faire tout ce que je faisais avant. Quand je fais à manger, je ne fais que deux assiettes, je ne fait plus son linge, en gros, je fais comme si je vivais qu'avec ma sœur et elle fait de même. C'est dur, par moments, je suis vraiment à bout et si Alex n'était pas là, je crois bien que j'aurais baissé les bras. Lui non plus n'a pas la vie rose. Son père est encore plus connard que le mien. Je ne compte plus le nombre de fois où je l'ai vu un œil au beurre noir ou bien l'arcade défoncée. Clairement, il se sert de son fils comme un sac de frappe. Nous avons arrêté les cours à seize ans, moi, je devais trouver de l'argent, car le peu que gagne mon père repart aussitôt en alcool. Alex, lui n'a pas hésité à faire comme moi, déjà les cours le gonflait et puis même s'il ne me l'avouera pas, il ne veut pas me laisser dans cette galère.

Puis un soir, lors d'une sortie avec les mecs, je me suis décidé à parler avec Vincent, au pire, il fera quoi ? Me rire au nez, me frapper ? Mais j'ai besoin de savoir si je suis le seul à ressentir cette attirance ou bien si lui aussi la ressent. Les gars ont parié que ce soir nous allons tous perdre notre virginité. Je commence à boire pour me donner du courage, et plus le temps passe et plus je commence à être bourré. Les mecs sont partis en chasse, mais Vincent est resté avec moi ce qui me donne espoir. Je prends ma décision, je lui paie un verre et lui déballe tout. Quand je reviens du bar, il n'est plus à notre table, peut-être est-il parti au WC. Je bois mon verre et attends. Les gars commencent à revenir et je me dis que j'ai loupé l'occasion en or. Puis je le vois revenir, une femme au bras. Quand il nous la présente comme sa petite-amie et nous explique que cela fait trois mois qui sont en couple ça en ai trop pour moi. Je me lève sûrement un peu trop vite, car ma tête tourne, mais je ne m'arrête pas et prends le chemin de la sortie. Il faut que je me casse d'ici le plus vite possible. J'entends des pas derrière moi et je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir que c'est Alex, mais je ne veux pas l'affronter maintenant. Quand il attrape mon bras et me retourne vers lui, je vois ses sourcils se froncer. Je suis en larmes et Alex sait très bien qu'il m'en faut beaucoup pour pleurer. Il ne cherche pas plus longtemps et me plaque contre son torse. J'ouvre les vannes et laisse tout sortir. Je lui demande pourquoi et Alex me répond qu'il ne sait pas. Je ne pense pas qu'il sache vraiment de quoi je parle alors je lui redemande, mais cette fois-ci je développe un peu plus.

- Pourquoi ça fait si mal de le voir avec une femme ?

- Comme je viens de te le dire, je ne sais pas, mais j'imagine qu'avec le temps tu ne ressente plus la douleur.

Comment fait-il pour savoir ? Je continu à pleurer puis je finis par me séparer de lui. Quand je lève les yeux, j'aperçois toute la bande derrière Alex. Ils me regardent tous sauf Vincent, mais personnes n'ose dire quelque chose. Puis Vincent tourne les talons et ce qu'il hurle fini de m'achever.

-Oubliez-moi les mecs, je ne traîne pas avec les tapettes.

Alex et moi décidons de rentrer chez nous. Une fois passé ma porte, je dois affronter le regard de mon père.

- Pourquoi tu chiales toi ?

- Ce n'est pas le moment laisse moi passer que j'aille me coucher.

- Ben quoi tu t'es fait jeter par une gonzesse ?

- Nan si tu veux vraiment tout savoir, je me suis fait jeter par un mec ok!!!

Mon père me fixe pour voir si je déconne, mais quand il se rend compte que ce que je dis est vrai il se rut sur moi et enchaîne les coups. Je ne cherche pas à me défendre, je ne peux plus. Je me laisse tomber au sol et mon père continu à me frapper en hurlant qu'il n'y aura aucun PD dans cette famille, qu'il préfère encore me crever que tu me laisser être avec un homme. Je ne sais pas à quel moment ces hurlements on réveillé ma sœur, ni quand elle a été chercher les voisins, mais la dernière image que j'ai avant de m'évanouir, c'est mon père plaqué au sol par des policiers qui lui passe les menottes. Le procès à était rapide et j'ai réussi, je ne sais par qu'elle miracle, à obtenir la garde de ma sœur. Nous avons continué notre vie, elle n'a pas vraiment changé en fait. Avant, déjà, on faisait comme si on avait plus de père, maintenant, c'est juste qu'il se trouve en prison alors c'est pareil pour Ana et moi. Alex m'a beaucoup aidé. De la bande, c'est le seul à ne pas m'avoir tourné le dos et finalement, c'est Alex qui a tourné le dos aux autres.

On a décidé de profiter de la vie, et on s'est lâché. J'ai enchaîné les conquêtes d'un soir, aussi bien des nanas que des mecs et Alex a fait de même à enchaîner les femmes, juste deux règles : toujours se protéger et jamais de deuxième fois. Un matin, j'ai trouvé une lettre sous la porte où il me disait qu'il partait, il m'expliquait qu'il ne supportais plus les coups de son père, qu'il voulait prendre sa vie en main et qu'il m'enverra son adresse une fois posé. On avait presque dix-neuf ans et je l'enviais un peu. Mais moi, ma sœur n'avait que quinze ans et je ne pouvais pas l'abandonner.

Ma sœur, ma petite Ana que j'ai promis de toujours protéger. Je n'ai pas réussi à tenir cette promesse, lors d'une soirée avec ces amis, elle s'est fait agresser sexuellement, mais n'a pas voulu en parler. À force de persévérance, j'ai réussi à lui faire cracher le morceau presque une semaine plus tard. Je lui ai hurlé dessus, j'étais en colère, mais en colère contre moi. Je suis parti me saouler pour oublier le temps d'un instant et quand je suis rentré, les pompiers était chez moi. Ana avait voulu mettre fin à ses jours. Elle m'avait laissé une lettre dans laquelle elle s'excusait, mais rien de tout ça n'était ça faute. J'ai retrouvé ces mecs, et j'ai vengé ma sœur. Je me suis assuré qu'il ne pourrait plus jamais faire de mal à une femme avant un bon moment. Je n'étais pas un enfant de cœur, mais je n'étais pas non plus l'homme d'aujourd'hui. Puis Alex m'a envoyé un SMS pour me dire où il se trouvait. Ma sœur avait besoin de soin psychiatrique alors après lui avoir trouvé une place dans la meilleure clinique, j'ai fait un sac et je suis partie rejoindre mon ami de toujours.

Je savais qu'Alex allait m'aider pour me faire du fric, mais je ne m'attendais pas à ça.

Quand le passé apporte un avenir tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant