Chapitre 7

14 2 0
                                    

Chapitre 7

À leur réveil, le ciel était couvert. De l'océan, montaient des nuages noirs annonciateurs d'orage. L'air s'alourdissait et semblait chargé d'ozone.

Brian et Kira choisirent de prendre leur petit déjeuner dans une des salles du restaurant de l'hôtel. Sur le parking, le va-et-vient des automobiles était incessant.

Un grondement lointain de tonnerre roula longuement.

— Ça va péter, fit remarquer Brian.

— Le plus tôt sera le mieux. L'air devient irrespirable.

Ils s'étaient levé tôt et se dépêchèrent de finir leur petit-déjeuner, afin d'être devant chez Richard Sanderson avant que les trois occupants n'en soient partis.

Ils les surveilleraient et les suivraient dans l'espoir qu'Addison serait laissée seule à un moment ou un autre et qu'ils pourraient en profiter pour l'emmener avec eux, même de force si cela était nécessaire. L'idée de devoir la kidnapper sous les yeux de Dracula, dont ils ne savaient encore rien et qui était armé, leur déplaisait au plus haut point.

L'orage éclata quand Kira et Brian arrivèrent en vue de la Ford qui était toujours garée au même endroit que la veille. Des grosses gouttes d'eau se mirent à tomber, d'abord espacées, puis quelques minutes plus tard, une véritable cataracte s'abattit sur la ville. Des trombes de pluie, poussées par des bourrasques de vent, balayèrent la rue. Des éclairs zébraient le ciel suivis par de formidables coups de tonnerre.

— Ils ne vont pas sortir par ce temps ! cria Kira pour couvrir le bruit de l'eau tambourinant sur le toit de la voiture.

Brian se contenta de hausser les épaules, fataliste.

C'est pourtant sous cette pluie battante qu'ils virent les trois colocataires sortir en courant et monter dans leur voiture. Brian leur laissa un peu d'avance et commença la filature. Les deux véhicules quittèrent les cités dortoirs et la circulation se faisant plus intense, Brian put se rapprocher. Les essuie-glaces avaient du mal à rejeter l'eau hors du pare-brise. Tous les véhicules roulaient bien en dessous de la vitesse autorisée.

Ils traversèrent quelques quartiers chics, puis roulèrent sur l'autoroute en direction des zones portuaires. La Ford s'engagea alors dans une bretelle de sortie et Kira vit apparaître des maisons délabrées aux pelouses jonchées de déchets. Brian ralentit pour ne pas se faire repérer et quand Dracula stoppa sa voiture le long d'un trottoir, il se gara lui aussi, loin derrière, sur le bas-côté. Un homme en vieux trench-coat surgit d'une maison et s'approcha de la Ford. Il parlementa un instant avec Richard, assis à l'arrière puis il rentra chez lui et Dracula reprit sa route.

— Ils dealent, commenta Kira. S'ils sont en train de faire le tour de leurs clients, on risque d'en avoir pour un bout de temps et on va finir par se faire repérer.

Leur filature les amena vers les quartiers les plus sordides de Miami. Là où vivaient, oubliés de presque tous, les humains que la ville avait vomis, dans l'accumulation de cartons et de taules qui leur servaient d'habitat. La Ford passait lentement, de rues en rues, mais ne stationnait plus. La pluie tombait moins dru, le vent s'était calmé.

— On dirait qu'ils cherchent quelqu'un, remarqua Kira, et qu'ils se disputent.

On voyait à l'arrière, Ritchie s'agiter et lever les mains. Finalement, la Ford accéléra et reprit sa route en direction des plages.

Dracula entra dans un bar et commanda une bière qu'il sirota en surveillant, par la fenêtre, ses deux compagnons qui s'amusaient sur le sable. Le bar était bondé et la plage déserte. Les clients regardaient d'un air réprobateurs, ces deux jeunes inconscients marchant dans les vagues alors de des éclairs parcouraient encore le ciel. À plusieurs tables de Dracula, Brian et Kira les observaient discrètement en buvant un café.

— Dracula n'a pas l'air heureux, remarqua Kira.

Le visage sans attrait de l'homme reflétait un profond énervement. Son regard braqué sur les deux jeunes gens semblait désapprouver leur plaisir à courir en évitant de se faire mouiller.

— C'est un drôle de trio, répondit Brian.

Sur la plage, Richard poussa brusquement Addison, qui juta dans une vague et se relava trempée jusqu'aux os en riant.

Dracula se leva, blanc de colère, sortit et s'approcha d'eux à grand pas. Les deux jeunes gens cessèrent aussitôt de rire. Dracula sembla leur faire des reproches et montra le parking d'un geste sec. Ils se dirigèrent vers les voitures. Dracula marchant devant d'un pas colérique, Ritchie et Addison le suivant la tête basse.

— Il y a vraiment de l'orage dans l'air, sifflota Brian en se levant.

Ils remontèrent dans leur voiture et reprirent leur filature.

— On dirait qu'ils rentrent chez eux, dit Kira.

— Cela n'a rien d'étonnant, Addison est trempée. Ils n'avaient sans doute pas prévu cet intermède d'où la contrariété du prince des vampires.

Le téléphone de Kira sonna. C'était les parents d'Addison qui confirmait leur arrivée imminente.

— Nous avons votre fille en visuel, elle a l'air en parfaite santé, répondit Kira. Dès qu'on en a l'occasion, on vous la ramène.

Quand la Ford s'arrêta devant l'immeuble de Ritchie et que seule Addison en descendit, Brian et Kira échangèrent un long regard.

— Oh yes !

Ritchie passa de la banquette arrière, à l'avant de la voiture et ils repartirent aussitôt.

Brian et Kira attendirent qu'ils aient disparus en tournant au bout de la rue et sortirent de leur véhicule.

Blue noteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant