Chapitre 10

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Chapitre 10

Brian regarda s'éloigner l'ambulance qui emmenait Richard. Détenteur d'un diplôme de premier secours, il avait fait pour lui tout ce qu'il avait pu, mais le jeune garçon était dans un état grave et n'avait toujours pas repris connaissance. Brian était en train de répondre aux questions de l'inspecteur Welby, envoyé sur place, quand il reçut un appel de son frère. Il interrompit aussitôt sa déposition pour lui répondre. Max avait localisé le téléphone de Joraho. Renseignés par Brian, Welby et son adjoint sautèrent dans leur voiture et démarrèrent rapidement. Brian, toujours au volant de la voiture de sport qu'il avait empruntée, s'engouffra derrière eux, dans l'espace ouvert par leur sirène hurlante. Ils cernèrent la Ford, mais elle était vide, abandonnée dans un terrain vague. Les policiers durent forcer la serrure de son coffre tandis que Brian ne savait plus s'il devait prier pour que Kira y soit encore (vu que pas le moindre bruit ne provenait de l'intérieur), ou espérer qu'elle n'y était plus. Le coffre était vide, ils trouvèrent le portable de Joraho sur le siège passager et les policiers le mirent dans un sachet pour le confier à leur laboratoire.

La nuit tombait sur Miami. Dans le hall d'accueil de l'hôpital, Brian, impuissant, attendait de pouvoir parler à Ritchie. Les agents n'avaient pu recueillir aucun témoignage intéressant aux alentours du terrain vague. Lisa, prévenue par Brian de la disparition de sa cousine, le front barré d'une ride d'angoisse, arriva en courant.

Le jeune homme lui fit un rapide point de la situation et, regardant Lisa droit dans les yeux, lui assura qu'il allait retrouver Kira en vie. Elle savait en tout cas qu'il ferait tout pour cela et avait confiance en son professionnalisme. Après tout, c'était son travail de retrouver les gens. Elle chassa loin d'elle la pensée que ce qu'il retrouvait parfois, c'était des cadavres.

— Il t'a dit : c'est à cause du train, mais de quel train ? demanda-t-elle en s'asseyant dans le hall, à côté de lui.

— Si je le savais... Les flics surveillent toutes les gares avec les photos de Kira, Joraho et Addison sur leurs téléphones.

L'inspecteur Welby surgit d'un couloir et fit un signe à Brian.

— Il a repris connaissance, ils ont stabilisé son état et vont le monter au bloc, on a 5 minutes pour lui parler.

Arrivé dans le couloir où Ritchie, sur son lit, attendait de partir pour le bloc opératoire, Brian se pencha vers l'oreille de Welby et lui demanda de regarder ailleurs un instant. L'inspecteur eut une seconde d'hésitation, mais il connaissait la réputation des membres de la fondation Kirson et hocha la tête. Brian se pencha vers Ritchie, relié à un moniteur, il avait un tuyau à oxygène dans les narines et un de ses poignets était menotté à un montant du lit.

— Qu'est- ce que Joraho et Addison ont prévu, demanda Brian ? Ou sont-ils ?

Les yeux de Ritchie s'ouvrirent sur des pupilles dilatées par les antidouleurs.

— Addison avait disparu mais elle a téléphoné, elle a demandé qu'on vienne la chercher et elle a dit qu'elle avait trouvé notre cible.

— Quelle cible ?

— Quelqu'un pour mettre sur la voie.

— Pour mettre sur la voie ? Je ne comprends rien à ton charabia, dit Brian, il va falloir te faire un effort. Où sont-ils allés ?

Il se pencha sur Richie et pinça le mince conduit d'oxygène qui arrivait à ses narines.

— Soit clair, parce que sinon... menaça-t-il.

L'inspecteur Welsby se mit à regarder ses pieds tandis que les yeux de Ritchie s'agrandissaient de terreur et que le moniteur s'affolait.

— La train de la GJC, la Grapefruit Juice Corporation qui transporte les pamplemousses chaque soir depuis les plantations vers les usines de traitements. Ils vont attacher ta copine sur les rails pour qu'elle soit dispersée. On l'a fait une fois avec un vieux clochard, pour rigoler, mais moi, je ne voulais plus les suivre dans leurs conneries, c'est des grands malades, des vrais barges, finit-il par ânonner en étouffant, privé d'oxygène.

Une infirmière, alertée par les bipbip de la machine, arriva en courant. Voyant la façon dont son patient était traité, elle repoussa brusquement Brian et ordonna en montrant la porte de sortie :

— Sortez tout de suite !

— C'est un sans abris que ces psychopathes cherchaient dans les bidons-villes, cria-t-il à l'inspecteur Welby, en se dirigeant vers les portes de sorties. Il nous faut un hélico.

Welby hocha la tête et montra l'ascenseur, en sortant son téléphone de sa poche.

— Il y a une plate-forme d'atterrissage sur le toit, venez.

Lisa leur emboîta le pas, pâle comme la mort.

— On va arriver à temps, lui dit Brian en lui prenant le bras.

L'hélicoptère bleu de la police se posa quelques minutes plus tard et tandis que l'inspecteur montait à l'avant, Brian et Lisa s'installèrent derrière et s'équipèrent de casques radio.

Le pilote redécolla aussitôt et prit la direction des entrepôts fruitiers en remontant la longue voie de chemin de fer de la GJC. La nuit était tombée et le projecteur de l'engin trouait l'obscurité, éclairant les marécages qui cernaient la voie et dérangeant la faune sauvage. Quand, comme en écho, les phares d'une locomotive, suivie de wagons remplis de pamplemousses, éclairèrent l'unique voie, Lisa se mordit le poing, laissant échapper un déchirant gémissement de désespoir.

Blue noteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant