Chapitre 7

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                                             Point de vue: ???

Tout le monde meurt un jour. Moi aussi. En général, on ne connaît pas à l'avance le jour de sa mort. C'est mon cas. Mais je sais que, à compter du moment où j'écris ces lignes, jour pour jour, je ne vivrai plus dans un an. À moins d'un miracle, qui n'arrivera pas.

Il n'y a pas de question à se poser, ni de pourquoi ni de comment, parce que je ne pourrais y répondre avec certitude. Mais je sais que mon heure approche, et que si vous lisez ces lignes, il est très peu probable que je sois encore de ce monde.
Au cas où, je ne préciserai pas la date. Mais vous serez sûrement au courant de ma mort. Si ce n'est pas déjà fait, je vous informe, sachez que je suis mort. J'aurais aimé connaître la personne formidable que vous êtes.
Je me suis contredis. Plus haut, j'ai dis qu'il y avait des chances que je sois encore vivant au moment de votre lecture. C'est faux, car personne n'aura accès à ce journal de mon vivant. Je l'espère.

Il est peut-être temps que je me présente. Je m'appelle Jules, et je ne préciserai pas mon nom pour laisser ma famille en dehors de tout ça. Je suis un Gardien. Sûrement le premier à avoir pris les armes.
Si cela ne vous dit rien, je pourrai ajouter que j'ai 21 ans et toutes mes dents. Peut-être que vous avez entendu parler d'un blondinet aux yeux marrons avec un soleil tatoué sur la nuque ?

Si cela ne vous dit toujours rien, je ne vous preciserai pas ma taille, car ça ne vous aidera pas. Dans ce cas, prenez ce livre, enterrez-le, brûlez-le, quelque chose dans le genre. Il vaut mieux pour vous.

Si vous voyez qui je suis, cachez ce livre. Il est préférable pour votre survie qu'on ne vous trouve pas avec. Enfin, qu'ils ne vous trouvent pas avec. Je ne peux pas certifier qu'ils ne l'ont pas déjà lu, ou qu'ils ne sont pas en train de le faire, mais je ferai tout mon possible pour l'éviter.
Êtes-vous un Gardien ? Ou une Gardienne ? Si oui, sachez que vous cachez ne vous sera d'aucune utilité. Ils savent déjà beaucoup de choses, et ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne vous démasquent.

Vous voulez savoir pourquoi ? Et comment je me suis retrouvé dans cette situation de potentielle mort imminente ? Je vais essayer de tout vous raconter, si j'ai le temps.
Car le temps presse, et je ne vais pas tarder à devoir y aller.
Sachez que vous pouvez me faire confiance. Si ce journal tombe entre leurs mains, je deviendrai un traître, et mon espérance de vie déjà réduite ne sera alors pas plus mince qu'une feuille de papier.
. . . . . . . . . . .

L'alarme que j'avais enclenchée se mit à sonner dans la pièce. Je l'eteignis rapidement avant qu'elle ne rameute tout le staff.
Mon interview allait commencer.

Je fermai le journal, après y avoir apposé le point final. Je le contemplai quelques instants. C'était idiot. Je ne devai pas avoir peur. Mes mains n'avaient aucune raison d'être moites. Et pourtant... Cette sensation ne me quittait pas. J'avais insisté pour qu'Eleanore ne vienne pas à cause d'elle, sous prétexte qu'elle ne s'était pas encore remise de ces blessures.
C'était idiot, et pourtant j'avais cette impression, comme si c'était la dernière fois que je voyais cette loge. Je l'ai déjà dit, c'est idiot. Je passerai forcément par ici pour me démaquiller et me désaltérer à la fin de l'interview. 

Je ne pus retenir un petit rire. Un interview, bien sûr. Ça allait surtout être l'occasion pour tous ces journalistes de satisfaire leur curiosité, admirer l'anomalie. Ils ne devaient pas se regarder beaucoup dans le miroir pour avoir une telle fascination envers un être humain. Non, au lieu d'une interview, on aurai pu parler d'un cabinet de curiosité. Ou d'un zoo. J'étais bien content d'avoir insisté pour qu'Eleanore ne vienne pas. Mais vu son regard, elle devait s'en douter, et serait à coup sûr devant son écran.

The New Dawn ( En pause )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant