Chapitre 12, Partie 2

8 1 0
                                    

Je me réveillai en sursaut, et mis quelques secondes à reprendre mon souffle. Autour de moi, les murs étaient gris, et cette couleur commençait sérieusement à entamer mon moral. La lumière inondait la pièce, s'infiltrant à travers une minuscule fenêtre équipée d'épais barreaux.
J'avais dû encore une fois beaucoup dormir, trop dormir, pour que le soleil se lève autant à mon insu.
Un lit grinça à ma gauche. Je tournai aussitôt la tête, croisant un regard vert qui me fixait.

Hier soir, il était directement allé se coucher, me faisant ainsi comprendre implicitement qu'il ne m'aiderait pas plus. Je m'étais donc approprié le lit face au sien et m'étais couchée, sans pouvoir m'empêcher de ruminer encore et toujours sur les événements passés et futurs. Sans succès.
La première chose censée à faire était sans conteste sortir de cette cellule.
Premier pépin.
Ensuite, je devrais trouver un moyen de dénicher et rassembler les autres Gardiens.
Second pépin.
Puis, main dans la main, nous devrions réfléchir à une solution pour revenir dans la réalité et mettre à bas le Créateur.
Énième pépin.
Et tout ça en évitant de nous faire repérer et arrêter.
Et tuer, aussi. Rester en vie, c'est agréable et plus pratique.
Mais, puisqu'apparement la nuit porte conseil, je m'étais couchée, remettant à plus tard la résolution de ces problèmes qui me donnaient mal à la tête.

Le garçon était assis en tailleur sur son lit, adossé au mur derrière lui, et jouait avec un objet qui me semblait familier. Ses cheveux roses tombaient devant ses yeux, m'empêchant d'apercevoir son regard, à part lorsqu'il relevait la tête de temps en temps pour m'observer.
Je ne connaissais d'ailleurs toujours pas son identité, ni la raison de sa présence ici. Même si je doutais la connaître un jour.
Rose. Une bonne idée de surnom.
Oui, pour l'instant, il devrait se contenter de ça.

-Tu apprécies la vue ?

Je sursautai. Ses prunelles moqueuses étaient plongées dans les miennes, et ses lèvres étirées en un sourire joueur.
Consternée, je ne trouvai rien à répondre de cohérent et de percutant à cet énergumène, et ce ne furent que les bruits de pas qui remontaient le couloir qui me soustrairent enfin à son regard, qu'il riva vers le garde poussant un chariot apparu derrière les barreaux.
Je ne reconnus pas son visage, pour mon plus grand bonheur, et il me paraissait plutôt équilibré, d'autant que je pouvais en juger extérieurement. C'était plutôt rare que mon jugement se trompe, même si c'était déjà arrivé.
J'avais eu ma dose des personnalités compliquées hier soir.

L'homme fit glisser deux assiettes prises sur son chariot à travers une trappe conçue à cet effet, et recula prudemment, nous observant minutieusement.
Rose en attrapa une et poussa vaguement la deuxième en ma direction. Un signe de sympathie ? Rien n'était moins sûr venant de lui. Je me levai finalement et saisi l'assiette, puis me rassis sur le bord de mon lit.
Le repas était composé d'une tranche de pain brunie surmontée d'un œuf au plat à la couleur douteuse. Le tout accompagné d'un verre d'eau. Me rendant compte de ma faim, je me dépêchai d'avaler le plat, faisant passer son goût âcre grâce à l'eau. Mon repas fini, je conservai néanmoins des relents d'œufs pourris sur ma langue.

Le garde n'avait pas bougé, se contentant de ramasser les plats vides que Rose et moi déposâmes devant la trappe. Puis, retournant s'adosser au mur faisant face à notre cellule, il sortit de sa poche un stylo et bloc-notes, qu'il feuilleta jusqu'à s'arrêter à une page.

-Mary, vingt ans, originaire de France et heureuse propriétaire de sa voiture grâce à laquelle elle parcourt New Dawn.

Nos regards se croisèrent, et il me toisa quelques secondes.

-Cela me paraît un peu trop facile.

Comme je ne niais pas et gardais mes yeux fixés sur lui, il continua sur sa lancée.

The New Dawn ( En pause )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant