Chapitre 5

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Après cette discussion tendue avec Sophie, les choses redevinrent comme d'habitude, même si je sentais parfois son regard dans mon dos.
Quand à ma nouvelle situation, je décidai d'attendre que les choses se tassent, où que d'autres se manifestent.

Une semaine passa, quand un soir Sophie me réveilla brutalement. Je ne compris pas tout de suite ce qu'elle me disait, mais sa tête m'interpella. Ses yeux étaient écarquillés, ses cheveux emmêlés, et elle semblait affolée. Elle me tira par la main et me poussa vers la télé.

La télé, allumée à cette heure ?

Ce que j'y vis acheva de me réveiller, et ses paroles me parvinrent très clairement, même si je mis quelques secondes à les assimiler avec ces choses à l'écran.

-Amy !! Ils existent !

C'était forcément un cauchemar.

Je me tourna vers Sophie, et lui pinçai le bras. Après m'avoir regardée avec des yeux outrés, elle me giffla violemment en me repoussant. Chancelante, je me rattrapai de justesse à une chaise qui traînait devant la télé, et dus me résoudre.

Ce qui se passe, son discours, cette encre sur mes mains, ces choses à la télé, c'est la réalité.

Hébétée, je m'approchai de l'écran, et regardai plus attentivement ce qui s'y passait. Un petit quartier d'une ville de l'Est était en proie aux flammes, et c'est au milieu du tumulte que je les vis pour la première fois.

Les choses.

Si j'avais dû les comparer à une créature hors-norme sortie tout droit de l'imagination humaine, j'aurai pu citer un croisement entre un fantôme et Frankenstein. Elles étaient extrêmement pâles, presque translucides, légèrement plus grandes qu'un humain dans la force de l'âge, et chauves. Une longue cicatrice entourait leur crâne, qui avait été comme recousu. Elles étaient vêtus entièrement d'une sorte de toge rouge, possédant de longues manches qui cachaient leurs bras. Quand elles se tournèrent vers l'objectif de la caméra, je pus voir leurs yeux, dénués de pupille, laiteux. Ils se fondaient presque dans la blancheur de leur peau. Elles étaient près d'une dizaine, et c'est quand l'une d'entre elles tendit sa main droite vers  nous que je compris la cause de l'incendie. Au bout de ses doigts, se  trouvait un trou, qui brillait à la lumière comme si du métal le tapissait à l'intérieur. Puis la chose sourit, et la caméra fut plongée dans les flammes.

L'écran bascula aussitôt sur une autre vue, mais les images précédentes restèrent gravées dans ma mémoire. Ces choses... Elles pouvaient faire jaillir du feu de leurs doigts? Mais comment ? Et qu'était-il advenu du cameraman ? Il n'était pas mort... Si ? Sophie, à côté de moi, était elle aussi en état de choc. Devant nos yeux ébahis, des gens fuyaient en tout sens tandis que plusieurs autres habitations s'embrasaient à leur tour. Tout à coup, une des créatures fit irruption derrière une petite fille qui venait de trébucher. Souriante, elle leva le bras en direction de la fillette, l'effroi de cette dernière se reflétant dans ses yeux vides. Je retins mon souffle.

Mais avant qu'elle ne puisse faire un geste de plus, elle fut coupée en deux.

La lame tournoya quelques instants, avant de s'immobiliser dans la main de son propriétaire, qui se mit en position de garde. Ses cheveux blonds étaient semblables à des fils d'or dans les premiers rayons du soleil qui venait de se lever, et qui éclairait le sourire lumineux du garçon. Après avoir saisi son arme des deux mains, ils s'élança à la rencontre des choses. Juste avant qu'il ne disparaisse du champ de vision de la caméra, je pus apercevoir sur sa nuque un soleil d'encre, qui semblait me sourire.

The New Dawn ( En pause )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant