Une nuit mouvementée

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Des bruits sourds me réveillent. Je me redresse dans mon lit, le cœur battant la chamade. J'écoute... Le bruit ne semble pas venir de la maison. Je me lève, mets ma veste polaire par dessus mon pyjama et me dirige vers la cuisine. Il n'y a personne devant chez moi mais le vacarme s'intensifie. Je me dirige alors vers la porte fenêtre du salon que j'ouvre. Je sors dans le jardin avec la batte de baseball dans les main prête à taper. Rien ne se déroule dans mon jardin. Apparemment cela se passe chez mes voisins. Ce ne sont pas des bruits de fête, en plus j'étais l'une des dernières à partir de leur barbecue, ça ressemble plus à des bruits d'arbres qui tombent lors d'une tempête, des coups de fusils ou encore à des explosions. Je me mets à trembler et rentre en courant récupérer mon téléphone portable. J'appelle Maria, puis Charlotte qui ne me répondent pas toutes les deux. Je me décide à appeler Annabelle. Tant pis si je la réveille. Apparemment non, elle décroche dès la première sonnerie.
—- Annabelle ! C'est Lou ! Il doit y avoir un problème chez mes voisins ! Il y a un bruit monstre qui vient de chez eux !
—- Eh merde ! S'il y a autant de bruit, c'est pire que ce à quoi je m'attendais !
—- Quoi ? Qu'est-ce que tu dis ? Je t'entends très mal !
—- Rien ! Reste chez toi ! Je suis sur la route avec les gars et dans moins de trois minutes on sera arrivé !  Surtout reste chez toi et je passerais te voir quand ce sera terminé.
Elle a raccroché. Je ne suis pas rassurée. Mon cœur se sert de douleur, de peur qu'il n'arrive quoi que ce soit à mes nouveaux amis. Ça ne fait qu'une journée que je suis dans ma nouvelle maison et les problèmes m'entourent déjà. Finalement, j'aurais dût aller dans une grande ville où personne ne s'intéresse à toi et où tu ne te retrouve pas impliqué aux problèmes des autres. Finalement, je prends mon carnet de croquis et m'installe dans le jardin, pour m'occuper,  mais à l'affût du moindre bruit. Les coups de feu ont repris de plus belle. Annabelle et les autres ont dû arriver pour aider la famille Greenwood. Je tremble tout en dessinant, je respire à fond pour essayer de me détendre. Au bout d'une demi-heure, le calme s'est installé. Est-ce que c'est bon signe ? Ou est-ce que je dois plus m'inquiéter de ce silence ? Un bruit de feuille ... mon cœur bat plus vite et est prêt à sortir de ma cage thoracique... Que vais-je voir arriver ? Un de mes amis, mon loup... ? Non... Oh mon Dieu... Tout mais pas ça... Un homme immense, très musclé s'approche de moi avec le regard méchant et un sourire mauvais accroché à ses lèvres.
—-Tiens donc ! Une petite nouvelle dans les environs ? Et en plus elle sent leurs odeurs !
—-Qu'est-ce que vous racontez ? Je ne comprends rien à ce que vous dites. Et je veux que vous sortiez de ma propriété !
Dis-je en me redressant le plus que je peux. Je sens leurs odeurs ? Il est vraiment malade ce type ! C'est un animal où quoi ?
Il s'approche de plus en plus de moi jusqu'à attraper mes poignets et me secouer comme un prunier.
—- Je partirais quand j'aurais fini de m'amuser avec toi ! Ils me doivent bien ça !
—- QUOI ??? Lâchez moi espèce de brute !  AU SECOUR !!! AIDEZ MOI !!!!
J'arrive quand même à me débattre et à lui asséner un bon coup de pied entre les jambes. Celui-ci me lâche mon bras gauche, du coup, je continue à le frapper comme je peux tant-dis qu'il se maintient les parties très sensibles. Tant mieux ! Je ne vais pas me laisser faire. Je continue toujours à le frapper jusqu'à ce qu'une douleur fulgurante sur la joue gauche me fige sur place. La douleur me vrille la tête, me donne des vertiges et la nausée.
—- Ha ha ! On fait moins la maligne là ! Tu vas voir, je vais bien m'occuper de toi ! On va déjà commencer par retirer cette veste...
En un seul geste, il a réussi à me la retirer... je ne pourrais jamais me défendre contre cette brute épaisse. Des larmes coulent de mes yeux. Je sais que je ne survivrais pas à cette nuit... Il continue de me parler mais je ne l'écoute pas. Je vide ma tête pour ne pas ressentir ce qu'il me fait, mais je n'y arrive pas autant que je le souhaiterais. Je sens sa main descendre sur ma poitrine et la malaxer. Je ferme les yeux et souhaite que quelqu'un vienne me sauver vu que je suis incapable de me défendre toute seule contre cette brute épaisse. D'un seul coup, je me retrouve projetée au sol et écrasée par mon agresseur. Je vois une grosse tâche grise bouger au dessus de moi. Je ne comprends pas ce qu'il se passe. J'arrive à me relever et à me rapprocher de ma maison pendant que le loup gris de ce matin grognait contre mon agresseur qui lui criait dessus. Je ne comprenais rien à son monologue, je suis encore en état de choc. Il se jettent l'un sur l'autre, l'un avec ses points, l'autre avec ses crocs. La bagarre est rude, je n'arrive pas à savoir lequel des deux à le dessus. Il y a du sang partout. Je vois l'homme sortir du flan du loup, un poignard dégoulinant de sang. Le loup glapit et tombe à terre, mon cœur cesse de battre pendant quelques seconde, un coup de fusil retenti et l'homme tombe à terre, une balle en plein front. Je vois Annabelle se pencher vers le loup, un fusil à la main. Je me dirige lentement vers eux et tente de sortir de mon hébétude afin d'entendre ce que me dit mon amie, à moins que ce ne soit au loup.
—- ... ce n'est rien. Aucun organe vital n'est touché. Tu t'en remettras rapidement. Ty, Chris, Antony et ton père ne vont pas tarder à arriver pour tout nettoyer et te ramener à la maison.
Je reste abasourdie. Elle parle au loup comme si c'était l'un des enfants de mes voisins... Ils me l'aurait dit si le loup étaient à eux... Pendant que je me plonge dans mes réflexions, le magnifique loup gris et tâché de sang se redresse et me regarde dans les yeux... ma respiration se bloque... je reconnais ces yeux là... je les ai regardé une bonne partie de la soirée... Carl a les mêmes yeux que le loup... non ce n'est pas possible... je dois être dans un cauchemar... Il m'observe toujours pendant que Annabelle marmonne qu'elle aurait mieux fait de se taire. Sans rien dire, je tends la main vers le loup. Il me la lèche de sa langue rugueuse. Les chatouilles que cet acte me procure enlève tout mes doutes. Je suis bien réveillée et Carl est bien mon loup. Je vois les autres arriver alors que je rie et que je me décide enfin à parler.
—- Carl ! Tu es dégoûtant ! On ne t'a jamais dit que ce n'était pas bien de lécher les gens ?
Tout le monde s'est arrêté, peut-être même de respirer. Le loup s'assoit sur son arrière train et ses babines se redressent comme s'il me faisait un sourire. Ben s'approche de moi et pose sa main sur mon épaule. Le loup grogne et retrousse ses babines.
—- Calme toi Carl ! Je ne vais pas lui faire du mal ! Il faut que je vérifie qu'elle n'a rien.
—- Merci Ben, mais je n'ai rien.
Le loup grogne de plus belle.
—- Euh... à part quelques bleues et encore un peu en état de choc suite à mon agression... mais c'est vraiment Carl ? Je ne me suis pas trompée ? Et vous aussi vous pouvez vous changer en loup ?
—- Tant de questions pour une si petite personne ?
Nous entendons de nouveau le loup grogner de plus en plus fort et il vient coller son flan qui n'est pas blessé sur ma cuisse. Je pose ma main sur son cou et commence à le gratter derrière son oreille. Instantanément, le grognement se mue en ronronnement. Je ne savais pas que les loup pouvaient le faire. Ben se racle la gorge et fini par reprendre la parole.
—- Bon. Je vois que de toute façon, je n'ai plus le choix. Alors oui, tu fais bien des mamours à Carl !
Je suis tellement surprise que j'arrête de bouger mes doigts. Le loup me donne un petit coup de museau en grognant. Je le regarde stupéfaite de ne pas mettre trompée et reprend mes caresses. Je retourne mon attention sur Ben et lui demande:
—- Pourquoi vous n'avez pas le choix de me le dire ? Vous auriez bien pût me faire croire que suite au choc j'aurais mal compris ! Alors pourquoi me l'avoir dit ?
—- Parce que l'on sait où tu habites. Si tu le dis à qui que ce soit on viendra te tuer.
Je regarde Antony, qui vient de parler, avec des yeux ronds. Le loup fait pareil et gronde.
—- Je ne le dirais à personne ! Je vous le jure ! Et qui pourrait me croire de toute façon ?
—- Tony ! Ça suffit ! Arrêtes de dire des âneries ! On ne tue pas pour ça Lou, ne t'inquiète pas. De toute façon, Carl est apparemment très attaché à toi.
—- Ça  en a l'aire. Pourtant, au barbecue, ce n'est vraiment pas l'impression qu'il m'a laissé.
—- Ne t'inquiètes pas pour ça. Il a été un peu dérouté d'avoir rencontré sa moitié. Il t'a découvert et appris à te connaître en seulement une journée. Parfois c'est déroutant quand on ne s'y attend pas et qu'on ne l'attend pas.
—- Pardon ? Sa moitié ?
—- Oui bon bref... On a assez perdu de temps comme ça... Carl t'expliquera... Pour l'instant, il faut que l'on débarrasse tout ce bazar et soigner Carl.
Les garçons, vous vous occupez du corps et de nettoyer tout ce sang pendant que Annabelle et moi rentrons avec Carl pour le soigner. Quand à toi, Lou, tu t'enferme chez toi jusqu'à demain matin.
Annabelle s'approche de moi et prend ma main libre. Carl grogne... Elle le regarde dans les yeux et lui dit:
—- As-tu fini ? Tu sais très bien que j'aime les hommes ! Alors je ne risque pas de te la voler ! Et si tu continue encore à me grogner dessus, je me ferais un malin plaisir à te faire mal lorsque je te soignerais tout à l'heure !
Son grognement arrête instantanément et son ronronnement reprend.
—- Bon je vais enfin pouvoir te parler tranquillement. Je passerais avec Maria vers neuf heure pour voir s'il n'y a pas de problème et ensuite nous irons au marché. Nous devons nous trouver une nouvelle tenue pour le bal du village qui se déroulera dans deux jours.
—- D'accord. Mais je ne suis pas sûre de pouvoir me rendormir...
—- Je ne peux pas te proposer de venir avec nous. Ça ferait beaucoup trop pour toi et je dois soigner Carl.
—- J'ai la trousse de soin de ma mère si tu as besoin. Elle était infirmière et je remplace tout ce qui a été utilisé ou périmé. Au moins ça aura servi à quelque chose que je la ramène.
Je sens le pelage du loup glisser sous ma main. Il rentre dans la maison et s'allonge par terre.
—- Bon je crois qu'il a décidé de rester avec toi. Ben ! Je soigne cette tête de mule ici et je vous rejoins après.
—- Non reste ici. On ne sais jamais. Tu sais bien comment il est quand il est blessé ! Je repars à la maison pour ranger. Faites quand même attention à vous. On ne sais jamais.
Les garçons et Ben repartent avec le corps après avoir nettoyé le sang à l'arrière de ma maison. Je rentre et sors la trousse médicale de ma mère et rejoins Annabelle pour nous désinfecter les mains. Je la laisse s'occuper de soigner le loup pendant que je caresse la tête de celui-ci posée sur mes genoux tout en lui tendant les instruments qu'elle a besoin.Une fois fait et tout le sang nettoyé de sa fourrure, Annabelle me demande de la viande crue. Heureusement, j'en avais mis à décongeler hier avant de partir chez mes voisins.
Je la sors de mon réfrigérateur, la coupe en gros morceaux et les jettes au loups qui les engloutit. Je commence à me sentir lasse et m'installe dans un coin du canapé. Carl monte dessus doucement et installe l'avant de son corps sur moi. Je reprend mes papouilles dans son cou et m'endors, épuisée.

THE GREENWOODOù les histoires vivent. Découvrez maintenant