Chapitre 7 - La Noble Cause

29 4 0
                                    

Des fois, il faut commettre des atrocités pour une noble cause. Et en certaines situations, mieux vaut le meurtre d'une personne que la disparition d'une centaine.

Je me réveille de nouveau dans le même lit où Alphys m'a soignée. Je regarde mon flanc, et je n'ai aucune blessure visible, juste une cicatrice plus claire que le reste de ma peau, et une sensation un peu engourdie quand je la touche. On dirait qu'à mes nerfs non plus, Undyne ne fait pas part de pitié.

Je me lève et sors de la chambre, pour entrer dans ce qui a l'air d'être le salon. Un grand piano à quart de queue se trouve à droite, une table à manger à son opposé. Un plan de cuisine se trouve sur le mur sur lequel est la porte de la chambre.

"T'as fait le tour du cadran." Undyne est accoudée sur la table, un cure-dents à la main. Ses dents sont plus jaunes que la paille et plus pointues que ses lances. C'est peut-être faux, mais elles font concurrence.

"Il est quelle heure?"

"T'as une pendule là." Elle montre une horloge pendue au mur. Les aiguilles indiquent 3 heures et des poussières. "C'est la nuit." ajoute-t-elle.

"Merde. Je vais devoir me réarranger l'horloge interne."

"Ouais." Son visage montre une expression que je ne saurais pas déchiffrer. Elle soupire. "Je sais pas ce qui m'as pris."

"Hein?"

Elle me regarde, un soupçon de honte dans les yeux. "J'étais en colère, de te voir parler avec lui comme ça. J'aurai dû me souvenir que le meurtrier est aussi maître à l'art de la manipulation." Elle serre les poings et regarde le vide, enragée. "Cet enfoiré..." tire-t-elle d'entre ses dents avant de tout relâcher. Elle tourne de nouveau les yeux vers moi, "Tu es notre seul espoir." La chose qui cache son œil semble couler, lentement. C'est à peine remarquable.

"Qu'est-ce qui est arrivé à ton œil?" Je pointe du doigt son visage, et j'arrête rapidement. C'est mal poli, et pas sympa, je devrais le savoir de toutes personnes.

"Je suis morte à cause d'un excès de détermination. Les monstres peuvent pas en contenir, donc quand ça arrive, ils fondent."

J'imagine pas voir Undyne fondre de son vivant.

"Et... Pourquoi juste cet œil?"

"Quoi, tu veux que ce soit aux deux?" Elle me lance un sourire pointu. "Je suis borgne, et j'ai l'habitude de ne pas voir de cet œil. Quand tu reviens, des fois, ta raison de mort se manifeste dans ta forme physique, en fonction de comment tu te vois, et cetera. C'est pour ça que maintenant, à la place d'un cache-œil, j'ai..." Elle tourne son index autour de son œil manquant, ne souriant plus. "...Ça."

Un léger temps marqué par les tics et les tacs de l'horloge passe.

La maison est calme. Elle me rappelle chez moi. C'est simple, petit, clairement pas fait pour accueillir du monde. La maison des frères squelettes était sans doute destinée à une famille. Celle d'Undyne est destinée à Undyne. Chaque maison a une histoire à raconter, et celle là raconte celle d'une femme qui est plus dehors que dedans.

Undyne reprend la parole. "Papyrus, tu l'as vu?"

"Oui. Sans et moi l'avons retrouvé, ou il nous a guidé vers lui, plutôt. Il a dit qu'il était perdu. Mais il va mieux que Sans."

Elle a l'air surprise. "Sans va pas bien?"

"Je pense pas qu'un alcoolique suicidaire puisse aller bien, Undyne."

Elle écarquille son œil encore plus. "Alcoolique? SUICIDAIRE?!"

Elle ne me laisse pas le temps de répondre avant de se lever en vitesse et mettre un coup de poing dans sa table. La table se fêle. "MERDE!" gueule-t-elle, je ne sais pas si c'est par rapport à la table ou à Sans. Décidément, le titre de reine des douilles, ça me va de mieux en mieux au fur et à mesure que je reste ici.

UNDERDEATH 1 - Au Pays Des MortsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant