Comme si de rien était.

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Je suis toujours couché. Le sommeil m'a emporté. Il est 19h par là. J'entends du bruit. C'était Latanya qui avait ramené ses amis à la maison. Ils ont fini de réviser, et tous sont dans la cuisine, attendant les délicieuses crêpes de mon cordon-bleu de sœur. D'habitude quand Latanya est à la cuisine, c'est juste pour son compte ou celui de Carnelia s'il arrivait que notre cadette ait faim, et y avait rien à manger. De plus on a une ménagère, Tantine Mado. Elle estime donc que Claire se revendicant le droit de femme de la maison, c'est à elle que revient la responsabilité de s'occuper de nos ventres. Paradoxalement Latanya cuisinait, et super bien. Elle le tient sûrement de Maman qui  était une super cuisinière. Je me rappelle encore de ses pâtisseries ou de son Ndolè. Faut dire que pour une femme Duala (la tribu autochtone de la ville de Douala) c'est une honte de pas savoir cuisiner et pire encore le Ndolè qui est un de nos mets traditionnels. Latanya cuisinait très souvent chez Mémé, qui elle même avait formé Maman, et poursuivit son éducation culinaire à la suite de sa disparition.
La soirée se poursuit, Latanya et ses amis se trouvent dans le boukarou qui est au jardin. Claire, se réveille enfin du sommeil profond dans lequel je l'avais plongée. Carnelia est dans ses pattes. Sûrement elle avait faim et est allée réveiller sa « mère ». J'étais au salon entrain de regarder le nouveau Fast and furious. Le volume est relativement haut, le room-cinéma amplifiait le son. A chaque effet spécial du film, on entendait dans toute la maison. Claire me demanda de baisser le volume. Je ne compris pas une fois, ni la deuxième. Elle vint donc elle même le faire, prenant la télécommande et actionnant le bouton du volume vers le bas. Elle se tourne et retourne à la cuisine ensuite sans rien dire, ni rien exprimer du regard. Une fois après avoir servi le repas à Carnelia, elle ramène son MacBook pour qu'on puisse parler à Papa tous ensemble via Skype. J'étais gêné, voir mon père me parler et prendre de mes nouvelles, lui répondre sachant ce qui venait de se passer me mettait un peu mal. J'ai simulé un malaise, puis j'ai quitté la table. En partant j'ai lancé un regard froid à Claire, qui elle était tranquille telle une mère qui ne cède pas aux caprices de son enfant.

- N'oublie pas de débarrasser ton assiette jeunhomme, me dit elle sans toutefois me regarder.

Skype terminé, les amis de Latanya partis, il est tant de nettoyer et pour Carnelia de réviser. En général, c'est Latanya qui la tient pour ses révisions, mais vu que depuis la soirée elle est collée à Claire, c'est elle qui s'assure de cela ce soir. C'est pas trop compliqué après tout un Master, ce n'est pas assurer les répétitions de Carnelia au CE2 qui était la plus compliquée des tâches.

- Roberto, tu viens me débarrasser cette assiette et vite fait. S'écria Claire depuis le salon. Elle avait tellement haussé le ton qu'on l'entendait dans toute la maison. Je sors à peine de ma chambre en tirant les pieds, je la trouve dans le couloir face à face. Sa mine est tellement changeante, je la revoyais comme si souvent lorsqu'elle et Latanya se disputaient. Je comprenais pas ce changement de comportement. Je pris l'assiette que j'avais laissée sur la table et tellement j'étais nonchalant, je tardais davantage sur le chemin de la cuisine, Claire me poussa à deux reprises pour me faire comprendre de me dépêcher. Faut dire que j'essayais de l'énerver pour voir jusqu'où elle serait capable d'aller. Latanya observait la scène et sans doute avait une crainte que je puisse lâcher une gifle à Claire. Assise sur le divan devant la rediffusion de son émission Secret Story, elle me demanda d'obtempérer. Ce que je fis. Une fois dans la cuisine, Claire s'empressa de prendre l'assiette et la balança dans la bassine étant dans l'évier, puis me retourna. Elle grandit sur ses pieds, prit ma tête entre ses mains et la ramena vers son visage. Sa poitrine assez douillette contre la mienne, je sentis sa langue caresser mes lèvres comme un ivrogne qui frappe une porte fermée mais pas à clé. On s'est embrassé, c'était pas comme avec les autres filles. J'étais ébahi, je comprenais pas. Mais bon j'avais pas le temps de réfléchir. J'ai envoyé mes mains autour de sa taille, puis j'ai répondu à son appel de langues. Ça a duré une à deux minutes  puis nous avons été interrompus par le bruit des semelles de Latanya qui arrivait sans doute pour vérifier que tout allait bien vu qu'elle n'entendait plus de bruit depuis un moment. La cuisine est assez loin de la salle de séjour communément appelée Salon, mais le couloir les joignant assez étroit laisse raisonner tout bruit aussi minime qu'il soit. Claire se mit direct à faire la vaisselle en fredonnant une balade de Charlotte Dipanda : Longuè. Du regard elle me fit signe de prendre mon téléphone qui était posé sur la paillasse. Ce que j'ai fais immédiatement. Puis deux secondes après Latanya faisait son entrée dans la cuisine, toute étonnée et mécontente un peu.

Obsession mature. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant