Recueil de poèmes et de coups de cœur

Quatre jours dans une prison blanche

Blanc. Blanc... 
Toujours du blanc.
Il y en a marre de cette chambre 244, où
Je dois demeurer jusqu'à vendredi. 
Prise de sang; tension;douche;bétadine;piqûre.
Puis salle de réveil.
Tandis qu'une seringue pénètre dans ma veinure,
Pour faire passer, plus docilement les antidouleurs,
Ces personne vêtues de blanc se dispersent ,près du Charcutier qui les raille.
Dans l'enceinte toute de bleu où je pense passer un siècle,
Soixante-trois minutes pour être exacte;
Viennent artistiquement me disséquer ma jointure droite.
Mon braillement des plus profonds vient alerter le Charcutier,
Qui me demande avec grâce de me calmer.
Enfin mon Eclipse dans le monde matériel prend fin,
Mille huit-cent secondes plus tard.
Je bois leurs paroles pittoresques,
De ces gens qui se consacrent à mon membre.
Soudain une épouvantable folie jaillit.
Où sont passées mes deux échasses ?
Je ne les conçois plus ! 
Ces appuis qui me permettaient de vagabonder.
L'apaisement qu'on m'a adressé,
N'est que nenni.
Le plafonnier n'est plus que mon seul ami.
Seul lui peut comprendre mon anxiété.
Ainsi je retourne dans ma blanchâtre geôle.
Seulement,
Je rentre à nouveau,
Dans une léthargie, dés plus infinis.
Mon seul renouveau n'est utile,
Que pour ingérer des médos!
Sans logis, je m'efforce de regarder l'écran, qui
Semble intercepter les chaines. Alors,
Ils m'enchaînent sur un châlit, puis
Deux cent cinquante-neuf mille Deux cent secondes plus tard,
L'instant fatidique surgit.
Ils doivent me déraciner le boyau qu'ils m'avaient cloué,
Faisant deux cents millimètres de longueur, et dix millimètres d'épaisseur.
Ma rotule s'active, et mon muscle se contracte,
Dans une ineffable torture, où jaillit des crachats rouges,
Qu'écarlates ou noir, près de l'assistante qui s'écarte.
Il est un boucher qui rit des étoffes laiteuses,
Des abris aux grandes carafes cyanose.
Après quelques aurores, je reprends mon souffle
Afin de me promener dans une réalité morose.
Où les dangers éclosent.