Chapitre 13

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Il m'entraîne tellement durement que si j'aurais résisté à sa poigne, j'aurais probablement trébuché. Vu sa détermination, je crois que cela ne l'aurait pas fait sourciller et il m'aurait trimbaler quand même derrière le quatrième et dernier -à ma connaissance- bâtiment du terrain. Il est en pierres assez délabrées mais tiens parfaitement debout. Nous disposons d'un mètre de largeur. Nous sommes donc un peu à l'étroit à deux, coincés entre le local et le haut mur qui délimite le terrain.
Il lâche mon bras et je ne peux pas m'empêcher de masser celui-ci pour apaiser la douleur de sa main tout juste retirée.

- Ça va pas, qu'est-ce qui t'prend? Il aboie presque.

- Rien du tout.

- Pourquoi tu as fait ça?

Il fait référence à son joint, qui a d'ailleurs tragiquement fini dans l'herbe humide par la rosée.

- Quoi? Tirer? C'est moi ça Zayn.

- Tu mens.

- Je ne mens jamais. Mais tout ça, tu ne peux pas le savoir.

Il ne prend pas le temps de répondre et baisse la tête. Il me fuit.

Je pince son menton pour l'obliger à supporter mon regard.

- Zayn..., je chuchote.

Il secoue la tête pour se défaire de mon emprise et détourne à nouveau le regard.
Je laisse les basses embrasser le silence de l'aube un instant.

- Tu vas me frapper un jour?, je demande.

- Quoi? L'horreur se lirait presque dans son regard lorsqu'il ramène ses yeux dans les miens.

- Tu es violent. Souviens-toi l'autre fois.

- Je ne t'ai pas frappé.

- Mais qu'est-ce qui se serait passé si j'étais restée avec toi.

- J'ai frappé à côté. C'était calculé.

Il semble comprendre à mon expression que je ne le croirais probablement pas sur ces paroles.  Alors il m'attrape et inverse nos positions violemment. Je me retrouve projetée contre la pierre, à quelques centimètres de là où se trouvait à l'instant. Il amorti l'impact de la tête en plaçant sa paume derrière celle-ci. Il colle son visage colérique au dessus du mien puis prononces ces quelques mots.

- Tu vois?

Je ne lui répond pas et son air redevient celui qu'il tenait avant.

- T'es aussi mignonne quand t'as peur que quand t'es gênée.

Il se recule mais je ne peux pas plus respirer.
Après un instant je lui répond.

- J'espère être mignonne à tes yeux à d'autres moments. Si il faut être dans un sale état pour te plaire..., je souffle.

Ma phrase reste suggestive mais je veux lui faire comprendre que je ne souhaite pas me sacrifier moralement pour ses beaux yeux. Phrase à laquelle il ne me répond pas d'ailleurs. 
Nous nous regardons un moment dans le blanc des yeux, sans rien faire. La fumette l'a probablement pousser à faire la suite. Dans un geste de tendresse, il attrape une de mes mèches brunes et joue avec ses boucles. Je le regarde faire un instant avant de le regarder à nouveau. Son visage est attendri et je ne peux pas le cacher que j'aime ce moment. Je l'adore. Je lève les yeux au ciel pour ne pas bouger. Même s'il est couvert de nuage et que l'on n'aperçoit pas les étoiles, je me convainc de faire un vœu, malgré l'absence des filantes. Je souhaiterais que ce moment dure le temps d'une vie. Sa seconde main attrape mes doigts et j'y suis réceptive. Son regard se replonge dans mes iris bleus et son visage est tendre. Il relâche la main qu'il avait dans mes cheveux et j'en profite pour faire mon premier pas vers lui. J'attrape sa main à mon tour et l'attire vers moi. Son corps se décolle de l'abri et nous tournons très lentement sur place, au rythme de cette musique de fin de soirée. Au bout de ce que j'appellerais le deuxième tour, il m'attire vers lui mais le mouvement est commun. Je viens me loger contre lui, la tête dans le creux de son cou. J'ai l'impression que nous ressemblons à un de ces couple, ceux qui semble indispensable en soirée. Tellement indispensable qu'il y en a au moins un à chaque soirée. C'est inévitable. Ce genre de couple qui reste dans leur bulle, effacé et absent de la fête. C'est juste eux deux. Ici et maintenant, c'est nous. L'espace d'un instant, j'oublie notre passé. J'oublie nos différents. J'oublie la journée affreuse que je viens de passer et la douleur que je ressens. J'oublie Leïla, j'oublie Ander. J'oublie l'entièreté de ma vie et de ce qu'il y a autour de moi. Parce que la seule chose qui compte à présent c'est les doigts de Zayn qui tire gentiment sur mes boucles dans mon dos et sa main sur ma hanche. Ce silence est plus qu'appréciable et j'en oublie nos presque cris d'il y a quelques instants. La tête logée dans son cou, je sens son parfum et il n'est pas du tout ressemblant à l'odeur de sa fumée. Il est a la fois boisé et animal, démontrant une puissante virilité. Cependant, je sais que cela reste uniquement l'odeur du produit. Je n'ai jamais senti Zayn "à nu" mais je l'imagine beaucoup moins "agressif" au naturel. Je sens son souffle chaud s'échouer dans mes cheveux rosés et je crois que c'est une des meilleures sensations que j'ai pu ressentir dans ma vie. Avec lui, maintenant, je me sens bien. Et j'espère que cet instant sera un moment phare de notre relation et qu'elle prendra un tournant positif.
Mon téléphone sonne dans la poche arrière de mon jean et je maudis la personne qui me contacte lorsque Zayn l'attrape du bout des doigts. Il lit mon message silencieusement sans que je n'ai à bouger. Puis il effectue une pression que je qualifierais presque de sèche sur mon corps et je me recule de son corps tout sculpté sans trop me poser de questions. Il me tend mon cellulaire et affiche sur son visage un tout autre air que l'attendrissement: il est en colère. Je lis le message. Je me maudis de ne pas avoir couper ma sonnerie.

ZAYNEDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant