Tilis

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        Tout était noir. Seule la clarté de la Lune filtrait à travers le feuillage, diffusant quelques rayons lumineux. Je ne distinguais que les ombres des pins projetées sur le sol. Quelle brillante idée j'avais eue de partir sans torche... J'avançai à tâtons en essayant de retrouver le chemin emprunté ce matin pour me rendre sur les terres de Nasco lors de la chasse. Ce n'était pas bien difficile, nous avions suivi une ligne droite depuis la cité. Le vent du nord plaquait mes cheveux contre mon front et glaçait ma peau. Mes orteils étaient engourdis, insensibles au froid mordant. J'avançais avec peine, un pied devant l'autre, humant l'odeur fraîche et piquante de la forêt. Les nuits étaient polaires ici, bien différentes de la tiédeur des nuits dans la cité. Ricus nous offrait une douce température ambiante, comme le vantaient nos professeurs. Ricus, Ricus, Ricus. Cette cité me dégoûte.

        Après plusieurs heures de marche dans le noir, je m'arrêtai. Aucune trace des terres de Nasco.  Aucune trace d'habitations cubiques rouges et blanches. Seul résonnait le crissement de mes pas sur les brindilles gelées qui tapissaient le sol. Je m'étais égarée. Il suffisait pourtant de suivre une ligne droite ! Comment avais-je pu dévier d'une trajectoire si simple ? Je me figeai et scrutai les environs. J'essayai non sans peine de percevoir des lumières, des bruits, une fumée de cheminée, n'importe quel signe de vie. Absolument rien. Une vaste densité de pins à profusion. Épuisée, désorientée, je décidai de m'asseoir contre un arbre. Je ne savais pas si j'arriverais à me relever ou si mon corps serait complètement gelé après quelques minutes de repos. Mais je ne savais pas quoi faire d'autre. Le contact rugueux de l'écorce sous mes mains me guida alors que je fermais les yeux, cherchant refuge dans l'obscurité apaisante de mes paupières.

        Curieusement, je me sentais bien. Une sensation de chaleur agréable enveloppait mon corps tout entier. Je me sentais sourire en plein sommeil. J'entrouvris les yeux lentement. Il faisait encore nuit, pourtant j'avais presque chaud. Le froid glacial m'avait-il fait une faveur ? Une lueur flamboyante parvint jusqu'à mes yeux. Je finis par ouvrir complètement mes paupières. Soudain, un sursaut me saisit et me fit pousser un cri de terreur. Il y avait un feu devant moi. Quelqu'un avait allumé un feu devant moi. Quelqu'un m'avait vu dans la forêt et avait décidé d'allumer un feu pour me réchauffer. J'étais saisi d'une peur paralysante. Qui était-ce ? Quelqu'un m'avait-il suivi depuis la cité ? Où se cachait cette personne ? M'observait-elle en ce moment même ? Je me levai affolée et examinai les alentours.

« Y a quelqu'un ? » criai-je autour de moi. Aucune réponse.

« Qui a fait ce feu ? Répondez-moi ! Je ne suis pas armée. Je ne veux de mal à personne. »

        Aucune réponse. Cependant, je remarquai, grâce aux rayons de la Lune, l'ombre d'une silhouette humaine se faufiler furtivement entre les arbres. Je m'en approchai lentement, mais elle était bien trop alerte et agile. J'en perdis rapidement la trace. Je retournais donc près du feu, en espérant que l'individu viendrait se présenter de lui-même. Je rebroussais chemin en direction du camp de fortune que l'on m'avait érigé quand je vis un homme assis près du feu, ajouter quelques branches. Je m'avançai très lentement. C'était un jeune homme grand et svelte. Alors que j'étais à quelques mètres derrière lui, il me dit sans se retourner :

« Bonsoir Lensa. »

Je bondis, les poils hérissés. Comment connaissait-il mon nom ?

« N'aie pas peur. Il était écrit sur l'étiquette de ton blouson. »

C'est vrai. C'était une habitude qu'avait prise ma mère pour ne pas que je perde mes vêtements quand j'étais petite. Elle n'avait jamais arrêté.

« Viens t'asseoir. Je ne te veux pas de mal non plus. »

La Nouvelle ReligionWhere stories live. Discover now