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Aux yeux d'Elaine la question de Matthew n'avait aucun sens, et pourtant leur mère semblait savoir parfaitement de quoi il parlait.

— Ne penses-tu pas que le moment est un peu mal choisi, répondit leur génitrice d'une voix qui peinait à cacher son mécontentement.

— Au contraire, je pense qu'il est temps d'en parler, Matthew jeta un coup d'œil à sa cadette puis reporta son regard sur sa mère, tu aurais dû lui en parler il y a longtemps, lui cacher la vérité ne fera que la mettre encore plus en danger.

Elaine ne comprenait rien à la conversation, les paroles d'Andrew lui paraissaient insensées et dénouées de sens. Elle s'était toujours sentie en sécurité où qu'elle soit, de plus, elle était toujours accompagnée de garde de corps tout à fait compétents.

Elaine se sentit soudainement très exténuée, elle se sentait déjà plutôt fatiguée avant de rejoindre sa mère, mais ce qu'elle ressentait à ce moment ne s'apparentait pas à sa fatigue d'un peu plus tôt. La brune fut prise de migraine et son corps lui semblait anormalement lourd. Elle s'appuya sur le bureau de Catherine et son état n'échappa pas aux membres de sa famille. Voyant qu'elle manquait de force, Matthew s'empressa de passer un bras autour de sa sœur afin de lui éviter une éventuelle chute. Quant à Catherine, elle se contentait d'observer la scène d'un air absent. On aurait dit qu'une chose qu'elle avait toujours cachée venait d'être dévoilée au grand jour.

— Nous aurions pu éviter tout ça, lâcha amèrement Matthew. Quoi que vous fassiez, il la retrouvera et vous ne pourriez rien y faire.

— Je ne pourrai jamais la livrer à lui ! Cria Catherine d'une voix colérique et pourtant pleine de tristesse. Je la protégerai jusqu'au bout.

— Vous ne pouvez pas la protéger, jusqu'ici vous n'avez fait que retarder leurs retravailles mais si vous continuez ainsi elle mourra, le vrai danger, c'est vous et vos actes irréfléchis.

Matthew quitta la pièce avec Elaine dans les bras, quant à Catherine elle semblait fixer un point invisible. D'un geste brusque elle ferma l'écran de son ordinateur. Catherine pouvait sentir une ardente colère monter en elle. Inexplicablement, les cadres, les vases et toutes les décorations en verre se trouvant dans son bureau se brisèrent.

Elaine ouvrit difficilement les yeux, il lui fallut un peu de temps pour reprendre ses esprits. Puis, elle entreprit de quitter son lit mais la brun fut prise de vertige. Ce qu'elle ressentait était un peu similaire à une gueule de bois, sauf qu'elle n'avait consommé aucune goûte d'alcool, ce diagnostic était donc faux.

Après un moment elle pu se lever, elle quitta sa chambre et descendit les marches de leur grande maison afin de rejoindre la cuisine. Le silence anormal et le manque d'activité humaine l'interpelle. Habituellement à cette heure-ci des dames de ménage nettoyaient les pièces tout en discutant. Mais Elaine n'avait croisé personne, que se soit en sortant de sa chambre où en rejoignant la cuisine. La maison était propre et bien rangée mais les rideaux et les fenêtres n'avaient pas été ouverts, les pièces était donc sombres et seulement quelques rayons de soleil arrivaient à s'infiltrer entre les ouvertures.

Elle sortit dans le jardin et le soleil lui éblouit les yeux, il faisait beau mais le silence créait une ambiance sinistre. Puis le ciel passa subitement au gris et la douce chaleur du soleil fut remplacée par des courants d'air glacials.

Les choses prenaient une tournure inquiétante. Elaine ne se sentait plus en sécurité, alors elle voulue retourner dans la maison mais la porte par laquelle elle était sortie au paravent était verrouillée. La brune fut alors prise de panique. Le temps s'assombrit encore plus et la pluie finit par tomber, très vite Elaine fut mouillée de la tête aux pieds.

Alors qu'elle criait désespérément pour qu'on vienne lui ouvrir , Elaine senti une présence menaçante dans son dos. Trop apeurée pour se retourner, Elaine se concentra sur le reflet de la vitre en face d'elle afin de vérifier ses doutes. Elle manqua de crier lorsqu'elle vit un homme à la carrure imposante positionné juste derrière elle, Elaine n'arriva pas à faire le moindre geste, elle était comme paralysée par la peur.

— Je sais que tu m'as vu, retournes toi.

Les mots de cet homme lui donnèrent des frisons. Bien que se soit déplacé, elle l'appréciait et la trouvait agréable à entendre mais peu importe sa voix, cet étranger n'en restait pas moins dangereux pour la jeune femme. Elle était face à un dilemme : se retourner ou prendre ses jambes à son cou.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, elle décida de ne pas fuir ; en effet Elaine était persuadée que ses jambes ne lui permettraient pas de courir assez vite et que sa tentative de fuite se solderait par un échec. La jeune femme s'était doucement retournée vers l'homme derrière elle. Avec le peu de courage qu'il lui restait la brune leva la tête pour enfin mettre un visage sur cet individu, mais Elaine ne perçu rien. Sa vision était devenue trouble et des vertiges la prirent de nouveau.

L'homme posa une main sur sa joue et elle n'eu pas la force de reculer.

— Tu dois être à bout de force, dit-il.

Il lui caressa les cheveux et posa son front contre le sien, cet homme paraissait tout à coup tendre et bienveillant, il lui procurait un sentiment de sécurité qu'elle ne serait expliqué.

— Mais ne t'inquiète pas je te retrouverai et tout sera réglé, maintenant réveilles-toi... Il chuchota près de son oreille.

Elaine lutta pour garder les yeux ouverts, mais elle perdit peu à peu connaissance dans les secondes qui suivirent.

Alcine: Le Sortilège MortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant