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Le corps plongé dans sa baignoire, Elaine prenait du bon temps. L'eau chaude lui détendait les muscles tandis que son bain moussant la nettoyait tout en la parfumant d'une exquise odeur fruitée. La jeune brune laissa un soupire de satisfaction lui franchir les lèvres, il s'agissait là de son second moment préféré de la journée, le premier, étant bien sûr celui où elle se glissait sous les douces couvertures de son lit.

La journée d'Elaine n'avait pas était de tout repos. Après déjà une longue journée de cours elle dut rentrer au plus vite afin d'essayer une multitude de robes, de bijoux et d'escarpins dans le but de choisir une tenue pour le bal du nouvel an organisé chaque année par sa mère. Cette année Catherine, la mère d'Elaine, tenait absolument à ce que sa fille cadette fasse un discours, ce qui ne plaisait pas du tout à Elaine.

La brune détestait être le centre d'attention, de plus, elle avait un mal fou à s'exprimer en public. Cette pénible tâche revenait habituellement à son grand-frère Andrew, mais cette fois-ci sa mère en avait décidé autrement. Pour s'assurer que le discours de sa fille soit un succès Catherine avait exigé qu'elle l'écrive à l'avance, avec bien sûr des inscriptions à suivre et des mots-clés à utiliser, tous ceux-ci devant être suivis à la lettre. C'est ainsi qu'Elaine avait passé le reste de sa soirée sous la pression et le regard pesant de sa mère qui attendait d'elle un discours parfait et inspirant.

Mais tout ceci était derrière elle, demain sera le premier jour d'été et cette pensée la fit sourire. La jeune femme se glissa un peu plus dans son bain. Savourant ce meilleur moment, elle ferma les yeux et laissa le silence la bercer.

Malheureusement bien que demain soit le début de l'été, elle devra de nouveau affronter sa vie qui n'a de merveilleux que les apparences. Certes elle baignait dans la richesse et ne manquait de rien, aussi, elle ne manquait pas d'amis, mais pouvait-elle vraiment les appeler ainsi ? Elaine savait pertinemment que si elle avait été quelqu'un d'autre, par exemple une fille normale de classe moyenne, elle n'aurait pas autant de succès auprès des lycéens de son lycée. Ils lui couraient tous après, sans pour autant savoir qu'ils s'intéressaient à une personne dont l'image était fabriquée de toute pièce. En effet dans la vie d'Elaine il n'y avait rien de plus faux qu'elle.

Elle n'avait de vrai que ses goûts vestimentaires - qu'elle aurait été obligée de délaisser s'ils ne plaisaient pas à sa mère - par contre ses yeux gris que tout le monde croyait vrais était enfaîte des lentilles de contact, sa personnalité était façonnée de manière à toujours faire bonne impression. Même son parcours scolaire était choisi par sa mère, l'année prochaine elle sera malgré elle en fac de médecine alors qu'elle aurait préféré pouvoir elle-même choisir ses études.

Elaine chassa toutes ces pensées de son esprit "ce n'est pas le moment" se disait-elle.

Alors qu'elle sombrait déjà dans un sommeil bien mérité, elle se fit brusquement réveiller par des bruits désagréables, quelqu'un était en train de cogner à la porte de la salle de bain. Mécontente et affreusement frustrée la brune sortit du bain et enfila un peignoir avant d'aller ouvrir. Devant elle se tenait une employée de la maison habillée de la tenue de travail obligatoire qu'avait imposée Catherine.

— Je suis vraiment désolée de vous déranger, mais votre mère m'a chargée de vous faire savoir qu'elle vous attend dans son bureau.

Elaine grimaça, ce n'était jamais bon signe lorsque sa mère lui demandait de la rejoindre. Ce fut à contrecœur qu'elle enfila un pyjama avant de se rendre dans le bureau sa génitrice. Catherine avait les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur, elle semblait imperturbable et ses doigts pianotaient tellement vite sur son clavier qu'on aurait pu la comparer à un robot, une machine créée pour travailler et ne sachant faire que ça.

Elle hésita un instant puis se racla la gorge. Catherine leva les yeux vers sa fille et lui fit un geste de la tête, lui indiquant de s'asseoir en face d'elle. Elle ferma l'écran de son ordinateur lorsqu'Elaine fut assise et prit une grande inspiration, c'était comme si elle prenait de l'élan pour annoncer une nouvelle déplaisante.

Catherine n'eu pas le temps de prononcer un seul mot. Quelqu'un venait de faire irruption dans la pièce, il s'agissait de son fils aîné. Andrew s'approcha d'un pas pressé vers le bureau de sa mère, il semblait mécontent et la colère se lisait dans ses yeux. Il toisa sa sœur du regard et en fit de même avec sa mère.

-— Est-ce enfin le moment attendu ou repousser une fois de plus l'inévitable ? Demanda Andrew en fixant sa génitrice du regard.

Alcine: Le Sortilège MortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant