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Positionné devant le manoir de ses parents, Reda regardait avec appréhension l'immense bâtisse. Cela faisait deux ans qu'il n'y avait pas mis les pieds, il ne saurait pas dire pourquoi mais l'idée d'y pénétrer le stressait. Ce lieu renfermait toute son enfance, donc en quelque sorte une grande partie de sa vie. C'était peut-être pour ça qu'il appréhendait autant, il avait peur de se heurter à son passé.

Mais Reda se ressaisie. Il n'allait quand même pas passer toute la nuit sur le bas de la porte d'entrée, d'autant plus que ça faisait un moment que ses parents l'avaient laissé à l'extérieur. La mâchoire de Reda se serra lorsque ce dernier repensa au moment où lui et ses géniteurs avaient quitté le véhicule. Dwayne, le père de Reda avait pénétrait la demeure sans accordait un seul regarde à son fils. Son comportement depuis le retour du brun en disait long; Dwayne Halls n'était pas guère enchanté du retour de son fils unique. Quant à Nour, elle s'était contentée d'embrasser la joue du jeune homme avant de suivre son mari.

Reda posa une main sur sa poitrine lorsqu'il sentit les battements de son cœur devenir de plus en plus lents. Il s'appuya contre la porte d'entrée et se glissa contre celle-ci pour s'asseoir sur le paillasson. Bientôt le brun ressentit une douloureuse pression au niveau de son torse qui le fit gémir de douleur. Le jeune homme était essoufflé et peinait à respirer mais étonnant, malgré son état il se mit à sourire.

— C'est toi qui me fais endurer tout ça ma belle... Se chuchota-t-il à lui-même d'une faible voix roque.

Il était sur le point de perdre connaissance et pourtant, Reda gardait sur son visage un sourire nié. Il ne perdait pas la tête, bien au contraire, il était totalement conscient de son état. C'était le fait de penser à Elaine qui le faisait réagir de cette manière. Le simple fait de penser à sa bien-aimée le rendait heureux et c'était surtout dans ses moments de torture qu'Elaine occupait toutes les pensées de Reda. Le brun ne regrettait pas de s'être lié à la jeune femme et ce malgré la douleur qui lui faisait ressentir le sortilège. Pendant toutes ses années il avait mis de côté son propre cas et se souciait plutôt de l'état d'Elaine, telle une mère poule, Reda se demandait ce qu'elle faisait et avec qui, si elle supportait les douleurs passagères ou si au contraire elles la faisaient hurler de détresse. Mais bientôt il ne se poussera plus ses questions car il sera de nouveau auprès d'elle.

Reda laissa écharper un juron lorsqu'il sentit une nouvelle pression sur son torse, suite à ça, il toussota, du sang franchit la barrière de ses lèvres et Reda s'écroula sur le sol. Bien qu'au bord de l'évanouissement, il sentit la porte s'ouvrir derrière et entendit le cri d'une voix féminine. Entre les petites ouvertures de ses paupières il vit une silhouette puis celle-ci lui saisit les épaules et le secoua frénétiquement en émettant des mots que Reda n'arrivait pas à comprendre. Et il ferma les yeux.

Nour tentait tant bien que mal de réveiller son fils, elle savait que le secouait dans tous les sens en criant son prénom ne servirait à rien, mais elle était aveuglée par l'angoisse et la détresse. Dwayne entendit les cris de sa femme et la rejoignit à l'extérieur, sa conjointe pleurait à chaud de larme tout en serrant contre elle son fils inconscient. À la vue de cette image, la peine envahie le cœur de Dwayne. Ne voulant pas assister plus longtemps à cette scène, il fit appel à un garde du corps afin qu'il l'aide à conduire Reda dans sa chambre.

Voyant qu'on voulait le lui prendre , Nour serra un peu plus Reda dans ses bras, elle foudroya au passage son mari et le garde du corps à ses côtés. Alors Dwayne s'accroupit près de son épouse, il lui essaya les larmes qu'elle avait sur visage et lui chuchota d'une voix douce:

— Ne t'inquiète pas mon amour... Nous prendrons soin de lui.

La femme d'origine libanaise regarda à tour de rôle les deux hommes avant de doucement hocher la tête. Aillant complètement confiance en son mari et remit le jeune homme dans les bras de son père. Quelques secondes plus tard une femme du personnel lui apporta une couverture qu'elle posa sur ses épaules, ensuite Nour se fit accompagner de la chambre conjugale en même temps que son fils qui se fit transporter dans la sienne.

Devant l'entrée se tenait encore Dwayne, les poids serrés et le visage exprimant du dégoût.

— Un fils inutile et faiblard, chuchota-t-il entre ses dents.

Alcine: Le Sortilège MortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant