Filer à l'espagnole

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Encore et toujours les mêmes couloirs, je m'ennuyais, seulement deux jours que j'étais revenu et les vacances me paraissaient si loin. L'avantage était que la reprise ayant été un mercredi, nous étions aujourd'hui un vendredi, ce qui voulait dire que le week-end n'était plus très loin.

"Eh Yanis!"

Et cette voix était celle de mon présupposé meilleur ami, meilleur ami qui avait passé ses vacances à me parler d'Amanda, chaque appel, chaque message lui était consacré, j'avais donc décidé de l'ignorer. Mais je n'étais pas rancunier et avais déjà oublié mes bonnes résolutions quand je lui répondis.

"Timéo! Alors l'Espagne ?"

"Meilleure colo de ma vie gars! Je veux dire, oui, c'était joli tout ça. Mais j'aimerais surtout que tu retiennes deux choses si un jour je suis connu, que je meurs, et qu'on te demande un résumé de ma colo en Espagne. La bouffe et Amanda."

Car oui, il avait rencontré Amanda lors de cette colo en Espagne et selon ses paroles, ce fut le coup de foudre.

"La seule question que je me pose c'est pourquoi tu serais connu? T'as un peu pris la confiance après ta victoire au concours de mangeur de Hot Dog entre les jeunes de Limoge."

"Mais ferme-là! Si j'ai gagné à Limoge, je peux gagner aux Etats-Unis, sans aucun problème." 

"Mais oui bien-sûr, je réserve des places au premier rang."

"T'es juste jaloux mon p'tit Yanis."

"Pas jaloux, gastronome."

La sonnerie coupa mes moqueries et j'eus envie de m'encastrer la tête dans le mur le plus proche. Les choses sérieuses commençaient.

"Alors cours de quoi ?"

Je grinçai des dents, meilleur ami einh?

"J'ai cours avec toi imbécile."

"Oh! Les Avengers entrent en actions, comme au bon vieux temps!"

"On est deux… Je veux pas briser tes rêves mais ça fait un peu pitié."

“Pas grave, j’aurais le temps de nous trouver un nouveau nom, maintenant dépêche parce que c’est pas que je veux pas arriver en retard pendant ma première semaine, mais je ne veux pas arriver en retard pendant ma première semaine.”

Je ne pris pas la peine de répondre et on se dirigea vers la classe. On hésita entre deux places vers le fond ou deux places sur le côté et on opta pour ces dernières quitte à se déplacer plus tard, on ne voudrait pas se faire remarquer le premier jour dans une matière qu’on est même pas sûrs de pourquoi on l’a choisi.

Parce que oui, première et nouveau bac oblige, matières dont tu n’as jamais entendu parler. Et puis des noms explicites c’était pas possible, alors ils ont choisi d’en faire des aussis sombres que ma cave, la nuit, en hiver, quand je suis dedans les yeux bandés. 

Donc là, on attendait notre prof de ce qu’on appelait géopolitique, mais laissez moi vous dire que même le destin lui-même ne savait pas ce qui nous attendait.

“A vos place !”

On se retourna tous vers la porte et un homme d’une soixantaine d’année s’y postait, droit comme un piquet. On se tint alors tous à notre place mais les chuchotements fusaient, Timéo se pencha vers moi.

“C’est lui le prof de géopo ?”

Une fille de notre classe, assise devant nous se retourna et lui répondit.

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