Rêve et Allergies

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Le repas fut silencieux ce soir là, la mère de Timéo l'avait appelé en disant qu'elle devait prendre la garde d'un collègue à l'hôpital et que par conséquent elle ne rentrerait que tard dans la nuit, mais qu'il restait du poulet dans le frigo qu'il n'aurait qu'à faire réchauffer. Ma mère attendrie lui avait comme toujours proposé de rester passer la nuit et il accepta sans grande surprise. Il détestait être tout seul depuis l'incident de l'année dernière alors ma mère avait promis à la sienne de s'occuper de lui en cas de soucis.

Il avait été seul ce soir là, sa mère travaillait de nuit et avait pris toutes les précautions possibles pour qu'il ne lui arrive rien. Il avait mangé du poisson et du riz et était allé dans sa chambre, il avait travaillé quelques temps puis on s'était envoyé des messages tout le reste de la soirée. Sauf que vers vingt-trois heures, pris d'une fringale nocturne il avait décidé d'aller manger un biscuit dans la cuisine. Son message ne m'avait alors pas du tout alerté, "Attends je reviens je vais chercher un gâteau j'ai la dalle". Mais c'est lorsque dix minutes plus tard je n'avais toujours aucunes nouvelles que j'avais commencé à m'inquiéter. Avec n'importe qui d'autre, j'aurais pu me dire que ce n'était rien, qu'il m'avait oublié, mais pas Timéo, et j'avais un mauvais pressentiment. Alors j'avais tenté de l'appeler, de nombreuses fois, et j'avais atterri à chaque fois sur messagerie. Alors j'avais réveillé ma mère et je lui avais expliqué la situation, bizarrement, elle aussi s'était inquiétée. Elle avait appelé les secours, répété ce que je lui avais dit plus tôt et avait donné son adresse. 

Choc anaphylactique. Le biscuit qu'il avait mangé contenait un élément nouveau, sa mère n'y avait pas fait attention. 

On aurait presque pu le perdre cette nuit là.

Depuis il faisait presque partie de ma famille, et je faisais presque partie de la sienne.

Et je me demandais là, dans mon lit, en pleine nuit, alors que tout était éteint, pourquoi j'avais commencé à penser à cet événement si traumatisant pour me changer les idées de la journée. Je me rappelai de la raison lorsque je fermai les yeux et que le même visage apparut derrière mes paupières, je grognai et enfonçai mon crâne dans mon oreiller. Le seul bruit qui pouvait nuire à mon sommeil était le léger ronflement de Timéo sur son matelas, mais je savais très bien que ce n'était absolument pas la raison de mon insomnie.

Le visage de Monsieur Martin semblait tatoué à chaque cellule éveillée de mon corps et cela me frustrait car jamais je n'aurais pensé subir ça. J'étais le premier à regarder de travers la moindre personne qui étais un peu trop proche d'un professeur, et ce que ce soit dans ses pensées ou dans la réalité. J'avais toujours trouvé ça immoral et bizarre. Maintenant je me disais qu'après tout quinze ans d'écart ce n'était pas si grand que ça. 

J'étais fatigué, alors je fermai mes yeux une nouvelle fois et peu importait le visage qui se trouvait dans mon sommeil, je voulais dormir, alors je me laissais dériver.

Mon dos se heurtait au tableau et je ne pensais plus distinctement. Ses lèvres étaient brutales sur les miennes et sa barbe frottait contre ma mâchoire de la meilleure des manières. Je laissai échapper un gémissement quand ses dents mordillèrent avec douceur ma lèvre inférieure puis entrouvris mes lèvres afin de laisser passer sa langue qui entra en contact avec la mienne. J'entrai presque en auto combustion lorsque sa main, alors sur mon torse, commença à voyager de plus en plus bas sur mon corps, je grognai et laissai ma tête retomber vers l'arrière. Monsieur Martin dû voir cela comme une invitation puisque sa bouche quitta la mienne afin de se diriger vers mon cou, tout en s'attardant sur tout le long de ma mâchoire. Je gémissai sombrement lorsqu'il commença à suçoter à un point particulier de ma gorge. 

Puis je me pris un oreiller dans le visage.

Je me pris un oreiller dans le visage.

J'ouvris lentement mes yeux pour voir Timéo à mon chevet, un oreiller dans les mains prêt à attaquer de nouveau.

Je le regardai avec incompréhension avant de lui lancer.

"Mais pourquoi tu me réveilles ?"

"Tu faisais des bruits trop bizarres."

Je haussai un sourcil, trop fatigué pour vraiment m'énerver.

"Tu ronfles toutes les nuits, pourtant je te réveille pas."

Il ricana.

"Oh, crois moi c'était pas des ronflements."

"Quoi ?"

"Tu faisais de beaux rêves on dirait."

Je compris immédiatement ce qu'il sous-entendait et me souvins alors de mon rêve, j'étais heureux qu'il fasse sombre et que ma lampe de chevet qu'il avait allumé ne soit pas assez forte pour qu'il remarque mes joues rougies. 

Quoi qu'il en soit, je n'avais pas d'autres choix que de nier.

"Mais qu'est ce que tu racontes."

Cette fois ci ce ne fut plus un ricanement mais un vrai rire qu'il laissa exploser.

"Je crois que ton corps sait ce que je raconte."

Merde...


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