𝑻𝒉𝒊𝒆𝒇 𝑶𝒇 𝑴𝒚 𝑯𝒆𝒂𝒓𝒕 •° ᵐⁱⁿˢᵘⁿᵍ

0.5

- La maison est énorme ! Le jardin est gigantesque ! Et l'intérieur est luxueux.

- Ouah t'es sérieux ? La chance.

Il était 17h30 et Jisung venait de rentrer du travail. Mais sur le chemin, ses trois grands amis l'avaient intercepté dans la rue pour prendre de ses nouvelles, et surtout pour entendre parler de son lieu de travail. Ce fut pourquoi les exclamations n'avaient cessé de raisonner ensuite.

- Dire que sans moi, t'aurais juste eu l'air d'un pauvre garçon paumé au milieu du jardin, ajouta Seungmin, fier de lui.

- Qui aurait cru que ta passion pour les végétaux servirait à quelqu'un un jour, plaisanta Felix, une sucette dans la bouche, avant de recevoir un léger coup de coude de la part de son ami.

- Et tes patrons, ils sont comment ? demanda Hyunjin avec curiosité.

Étrangement, c'était toujours la même question que ses proches lui posaient.

- Sympas, répondit-il tout simplement.

- Eh, tu nous donneras une petite part du pognon quand t'auras vendu tes meubles hein, s'assura Seungmin.

- Je verrai encore, rit le blond.

Ils s'étaient mis à se donner quelques baffes, une bonne vieille habitude aucunement violente qu'ils avaient adopté depuis leur plus tendre enfance. En effet, le quatuor avait grandi côtes à côtes, voisins depuis toujours. Ils avaient passé tellement de temps ensemble que l'on pourrait penser à certains moments qu'ils faisaient de la télépathie, alors qu'ils se connaissaient juste sur le bout des doigts : goûts, préférences, allergies...

- Oh voilà ta canon de sœur, s'écria soudainement Hyunjin en voyant Eunji les approcher au loin.

- Ai-je bien entendu Hyunjin ? s'indigna Seungmin. Canon ? T'as bien dit "canon"?

- Il a osé dire ça devant son homme ! hurla Felix en faisant des grands gestes pour en rajouter du sel.

Rien de cela n'était sérieux, le quatuor avait juste plusieurs délires que seuls eux pouvaient comprendre. Par exemple : Seungmin et Hyunjin étaient ensemble, Felix était le fils du Président et Jisung avait des millions d'abonnés sur Youtube. Ils aimaient jouer le jeu à chaque fois que l'occasion se présentait.

- Salut les mecs, Eunji leur tapa à chacun dans la main. Quoi de neuf ?

- Hyunjin a raison, t'es vraiment devenue canon, commenta Felix avant de se rattraper. Mais je suis pas amoureux de toi, bien sûr.

- C'est ce qu'ils disent tous, sourit la jeune fille avant de poser un bras sur l'épaule de son frère. Ça vous dit qu'on aille quelque part ?

Les trois amis de Jisung s'étaient regardé avec un sourire approbateur, une autre manifestation de leur fameuse télépathie. Mais Jisung était moins emballé à l'idée, et ce n'était pourtant pas ainsi tous les jours.

- Je dois me lever tôt pour aller travailler, expliqua-t-il. J'aimerai pas me réveiller avec une gueule de bois.

- Oh mais c'est que mon frère devient mature !

- Roh allez Jisung, supplia Felix. Rien qu'une fois, ça te fera pas de mal.

Au fond, le blond en avait envie. Mais pour une fois, il ne voulait pas faire passer ce qui lui faisait plaisir avant ce qui lui était utile.

- Je peux pas les gars ! Sinon on me verra mal au boulot et adieu l'écran plat !

- Oh non ! Pas l'écran plat ! s'affola Hyunjin, le dos de la main sur le front. C'est bon, rentre chez toi et dors bien.

- On te promet de nous amuser pour toi, ajouta Seungmin.

Jisung commençait déjà à regretter sa décision, mais ne voulait plus faire machine arrière, comme ses amis l'encourageaient dans le sens inverse.

- Je vous confie ma sœur, souligna-t-il avant de partir, je vous préviens, c'est mon double, ma meilleure amie, vous y faites attention.

- C'est bon frérot, rit ladite sœur. Je suis pas en porcelaine.

- Je dirai aux parents que t'es avec les mecs. Ils s'inquièteront pas comme ça.

- Okay. À tout à l'heure Jiji, sourit Eunji en tendant son auriculaire.

- À tout à l'heure Jiji, répondit Jisung en tendant le sien avant de croiser les leurs.

Le blond partit avec la conscience tranquille, car il savait que tout allait bien se passer. Ce fut donc seul qu'il avait poursuit la route de sa maison. Mais une seconde fois, il fut soudainement barragé, et cette fois-là, ce n'était pas par une bonne connaissance. Bien loin de là.

- Qu'est-ce que tu veux encore Changbin... soupira-t-il en apercevant la touffe noire qu'il tentait maintes et maintes fois d'éviter chaque jour.

- Accepteras-tu enfin de sortir prendre un verre aujourd'hui ?

- Pour la énième fois mec, je ne veux pas de toi ! C'est même pas de l'amour que tu ressens, c'est... inexplicable.

Comme Changbin y était habitué, cela ne l'affectait plus de se prendre un râteau de la sorte. Quelque part, cela l'encourageait même à continuer. Car quand il voulait quelque chose, il l'obtenait et c'était comme ça.

- Tu sais bien que jamais je ne lâcherai l'affaire, rit-il. Qu'est-ce que je t'ai fait de mal, je peux savoir ?

- Tu oses demander ça ? Toi, celui qui me persécutait moi et ma sœur quand on était petits ?

- On était gosses, c'était normal à l'époque. Maintenant on a grandi et je suis devenu beaucoup plus mature.

Agacé, Jisung avait préféré le contourner. Mais c'était sans compter sur la main de Changbin qui avait subitement agripé son bras pour l'en empêcher.

- T'as trouvé un boulot, à ce qui paraît, dit-il en maintenant sa prise ferme. Et bah je suis... Je suis content pour toi...

Et il le lâcha avant de partir, sans rien ajouter d'autre. Jisung mentirait s'il disait qu'il n'avait pas envie de pardonner à Changbin. Mais malheureusement, le noiraud avait commis un acte que le blond ne digérait toujours pas, et que jamais il ne digèrerait d'ailleurs. Changbin avait, dans le temps, failli tuer Eunji.

Les deux enfants s'étaient disputés, et avaient chacun traîné l'autre jusqu'à l'autoroute. Jisung se rappelait de la frayeur de sa sœur, de ses parents, mais surtout de la sienne. Et ça, jamais il ne l'oublierait. Même si ce n'était pas réellement intentionnel de la part du noiraud.

Ayant marre de ces pensées sombres, il avait essayé de chasser ces mauvais souvenirs, et de rentrer la tête sereine.

Il avait encore une dure journée de boulot qui l'attendait le lendemain...