9 : La jalousie de Davi

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9.
La jalousie de Davi


Brésil, 1985


— Il m'énerve, grogna Davi.

Le jeune homme venait d'arriver dans la chambre qu'il partageait avec Leon, balais et torchons dans les bras. La première chose qui le frappa, c'était le désordre qui régnait autour du lit de son colocataire alors qu'il l'avait poliment prié de ranger ses affaires. Sa valise, à moitié défaite seulement malgré les semaines qui s'étaient écoulées depuis la rentrée, bloquait le passage jusqu'à la salle de bain. Les habits du français étaient éparpillés un peu partout dans la pièce, parfois pendus à des endroits improbables tels que les crevasses dans les murs de pierre.

La deuxième chose qui le frappa, c'était que son camarade n'était pas encore là.

Castelobruxo avait toujours catégoriquement refusée d'employer des elfes de maisons ou quelconque autre créature afin de s'occuper des tâches ménagères de l'école. En Amérique du Sud, c'était d'ailleurs une pratique très mal vue que de se servir d'un être vivant comme d'un esclave. C'était donc aux élèves de s'occuper eux-mêmes du ménage de leurs chambres. Davi avait indiqué à Leon qu'ils s'occuperaient de la leur dimanche, en fin d'après-midi, mais ce dernier était encore introuvable. Il tenta de réfréner la colère qu'il sentait monter en lui avec de grandes inspirations et expirations.

Depuis les évènements qui s'étaient déroulés une semaine plus tôt, les deux adolescents s'étaient débrouillés pour être le moins souvent possible dans la même pièce. Davi ne restait dans la chambre que pour dormir ou passait en coup de vent chercher ses affaires pour les cours. Comme il n'avait jamais croisé Leon, il soupçonnait le garçon de faire la même chose.

Toujours agacé par la vue du désordre laissé par son colocataire, il entreprit de pousser lui-même ses affaires. Il avait d'autres choses à faire et n'avait pas l'intention d'attendre toute la soirée que celui-ci daigne se montrer. Au diable la question d'intimité. Avec un grognement, il attrapa tous les vêtements qui lui passait sous la main pour les balancer dans la valise. Il ramassa les parchemins empilés au fur et à mesure au pied du lit du blondinet, sur lesquels ils avaient griffonnés des notes pour ses cours. Davi se contenta de tout poser sur les draps défaits du lit.

Il s'accroupit et la vision du désordre sous le lit de Leon lui arracha une grimace. Comment c'était possible qu'une seule personne mette autant de bazar ? Il soupira, mais décida de tout mettre sur le lit. Il n'osait pas imaginer la poussière qui devait régner sous le matelas et Mrs Papagaois, qui s'occupait de l'inspection des chambres des septièmes années, corrigeait sévèrement ceux qui faisait le ménage à moitié.

Ses doigts dérapèrent sur une surface dur alors qu'il tentait d'attraper un tee-shirt floqué aux couleurs d'une équipe de Quidditch qu'il ne connaissait pas. Il se pencha davantage et tendit le bras pour ramasser ce qui semblait être un gros livre. Davi fronça les sourcils, curieux de savoir pour quelle obscure raison Leon avait cru bon d'enrouler le grimoire dans l'un de ses tee-shirt avant de le fourrer sous son lit.

Ses épaules se crispèrent quand il déchiffra le titre écrit en lettres enroulées sur une couverture bleue nuit. Son agacement pour son colocataire avait redoublé d'ardeur. Au même moment, ce dernier entrait en sifflotant dans la chambre qu'ils partageaient, loin d'imaginer la colère dans laquelle il avait plongé son camarade de chambre.

— Désolé, Mora, je ne vais pas pouvoir faire le ménage, j'ai quelque chose de prévu. On peut décaler de deux ou trois h...

Davi s'était relevé et faisait à présent face au français.

Les fantômes de Castelobruxo ❊ HP FANFICOù les histoires vivent. Découvrez maintenant