29 : La déception de Tao

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29.
La déception de Tao


Brésil, 1985


— Azalée ?

Les trois adolescents s'étaient figés, leurs yeux ronds comme des billes dévisageaient la jeune femme qui arrivait vers eux. Tao resta bouchée bée, choqué de la voir ici.

— Tu es sortie de l'hôpital ?

Azalée eut une grimace.

— Oui, mais de manière clandestine, avoua finalement la sorcière d'une voix un peu plus rauque que d'ordinaire. Franchement, l'hôpital psychiatrique, c'était une horreur. Et puis, je déteste rester alitée.

Tao esquissa un sourire. Oh, ça, il le savait. L'adolescente avait chuté un nombre incalculable de fois en jouant au Quidditch, mais jamais elle n'avait accepté de passer plus que quelques heures dans l'infirmerie. Il savait que rien ne la ferait changer d'avis, et aucun d'eux n'avaient le cœur à la dénoncer aux professeurs. Leon et Rowena lui firent part de leur joie de la revoir et malgré sa pâleur, Azalée leur adressa un sourire. Le péruvien se sentit instantanément soulagé. Elle paraissait affaiblie, mais elle allait bien.

— Pourquoi est-ce que vous étiez en train de courir ? s'enquit la jeune femme, sans doute désireuse de changer de sujet.

— Ça, faut le demander à Tao, grommelèrent les deux autres adolescents d'une même voix.

Si le péruvien roula des yeux devant le ton chargé de reproche de ses amis, il ne se préoccupa pas de le relever. Son hypothèse était toujours là, bien présente dans son esprit et il mourait d'envie de la vérifier.

— Je veux aller demander des renseignements sur les sacrifices incas au professeur d'histoire de la magie...

— Quoi ? Mr Tamanduas ? Tu veux dire qu'on va encore aller le déranger ?

— Réfléchit, Wyna. On a peut-être une piste sur l'origine de ce qui rôde dans l'école. Je veux lui poser des questions pour vérifier si mon hypothèse tient la route.

Devant le ton décidé du sorcier, la jeune femme ne trouva rien à redire. Leon demeurait songeur. Les yeux d'Azalée s'était écarquillés et elle affichait un air légèrement perdu, néanmoins elle semblait prête à accompagner ses amis et à se plonger à nouveau dans l'enquête.

Comme personne ne semblait prêt à le contredire, Tao se remit en route. Il marchait d'un bon pas et il savait que ses trois amis le suivaient de près. Après avoir dévalé les escaliers, ils arrivèrent rapidement devant la porte masquant le bureau de leur professeur d'histoire de la magie.

— Attend, s'exclama Leon alors que Tao s'apprêtait à toquer à la porte. Azalée, tu n'es pas censée être de retour à l'école, n'est-ce pas ? Si Mr Tamanduas t'aperçoit, ça pourrais poser problème.

— Oh, souffla la jeune fille. Avec tout ça, je n'y pensais même plus...

— Cache toi dans le recoin du couloir, proposa Wyna. Tu devrais pouvoir entendre la conversation même à cette distance.

La blonde s'exécuta sans un mot. Elle s'accroupit dans le virage et tendit l'oreille. Un coup toqué contre le bois suffit cette fois et le sorcier leur ouvrit rapidement la porte.

— Encore vous ?

— J'aimerais vous poser une question, débita précipitamment Tao.

L'excitation du péruvien était facilement palpable dans l'atmosphère. Tao avait les yeux brillants et les mains moites. Il essuya ces dernières sur le tissu vert clair de son uniforme. Derrière lui, Rowena et Leon n'avaient pas l'air de bien savoir ce qu'ils faisaient ici.

Tamanduas haussa les sourcils, une moue mi-exaspérée, mi-amusée sur le visage.

— Allons bon, soupira-t-il. Allez, vas-y, pose-moi ta question. Mais fais vite, j'ai encore une pile énorme de parchemins à corriger qui m'attends.

— Supposons... commença Tao, fébrile. Je dis bien « supposons » hein ! Qu'un sacrifice inca se déroule dans un bâtiment et que des sorciers y soient mêlés avec de la magie noire...

Leur professeur d'histoire de la magie plissa les yeux. Il ne voyait visiblement pas où le jeune homme voulait en venir. Tao s'humidifia les lèvres avant de poursuivre.

— Est-ce que ce serait possible que cette magie noire ait imprégnée le bâtiment de sorte à ce que, même après avoir changé de place, elle hante toujours l'endroit ?

Leon eut un hoquet de surprise, mais Tao ne se retourna pas. Il gardait toute son attention focalisée sur son professeur. Il sentit son rythme cardiaque s'accélérer pendant que Tamanduas réfléchissait.

— Et bien... En théorie, pas vraiment, finit-il par répondre. Ça pourrait être le cas d'un fantôme, mais les résidus de magie noire sont diffus et donc non enfermables...

Tao avait l'impression que du plomb était tombé dans son estomac. La déception l'envahît lorsqu'il se rendit compte que son hypothèse était fausse. Dépité, il s'apprêtait à remercier à contre-coeur le sorcier, mais celui-ci le coupa :

— Mais je ne suis certain de rien. Ce n'est pas franchement mon rayon.

— Merci quand même, professeur, répondit Leon pour ses amis.

Tao s'éloignait déjà en traînant des pieds. Il était déçu. Déçu de ne pas être en mesure d'avancer dans leurs recherches, mais surtout de s'être monté la tête avec une hypothèse complètement fausse.

— Désolée de m'être emporté... lâcha le péruvien d'une voix morne alors qu'Azalée les rejoignait. On dirait que je me suis trompé sur toute la ligne...

— Ne fais pas cette tête, tenta Leon pour lui remonter le moral. Tu as entendu Tamanduas : il ne s'y connaît pas vraiment pour ce qui est de la magie noire et compagnie. Peut-être que...

— Alors, à qui est-ce qu'on pourrait demander des informations ? désespéra Tao. Si même un professeur d'histoire de la magie l'ignore...

Le péruvien s'adossa contre le mur de pierre. Groot sortit pour la première la tête de la poche du jeune homme et grimpa sur son épaule. Le botruc, soucieux de redonner le moral à son maître passablement déprimé, lui pinça la joue. Tao grimaça. Sa déception lui pesait et il avait l'impression d'être épuisé.

— Et si on demandait à quelqu'un qui était présent ?

Les regards se tournèrent vers Rowena qui venait de parler. Tao haussa un sourcil, perplexe. Un sourire étira les lèvres de la sorcière et le cœur du péruvien manqua un battement quand ses pupilles rencontrèrent celles de son amie. Il avait compris où elle voulait en venir. Instantanément, il sentit l'espoir prendre forme au creux de son abdomen et son rythme cardiaque s'accélérer. Devant les airs perplexes de Leon et Azalée, la jeune femme répéta dans un souffle :

— Et si on posait directement la question à quelqu'un qui était là, en 1450 ?

Les fantômes de Castelobruxo ❊ HP FANFICOù les histoires vivent. Découvrez maintenant