Imagine George Michael...

Careless Whisper

Le reste de la séance se déroule aussi parfaitement que le début. Le film est bien, drôle souvent, triste un peu, le pop corn est sucré, Georgios est beau. Il rie de bon cœur quand il le faut, te jettes des regards bienveillants aux moments tristes, comme pour te rassurer, ou peut-être juste pour voir si tu dors. Vos mains sont toujours l'une dans l'autre, emboîtées à la perfection, comme si elles avaient été conçues pour s'imbriquer de cette manière si soudée.
A la moitié du film, Yog se penche dans ta direction pour te murmurer quelque chose à l'oreille. À cause du volume sonore élevé de la projection, tu n'entends pas la totalité de ses paroles, tu parviens seulement à percevoir : "heureux... Passer... Moment... Toi. " Il ne t'en faut pas plus pour être aux anges. Avant même que ton cerveau réussisse à décoder l'information, Georgios avait déjà sa tête posée sur ton épaule. Tu sens ses cheveux couleur de jais te chatouiller le cou. Tu réprimes un frisson. Là, tu te dis que, si le paradis existe, alors il ne doit pas avoir un goût aussi exquis que ce moment.
En général, c'est plutôt les filles qui ont ce genre d'attention, mais Yog est un mec délicat et sensible, timide et introverti, ce qui n'est pas pour te déplaire.
"En voilà un qui supportera mes niaiseries et mes conneries romantiques" , penses-tu.

Le film te semble beaucoup, beaucoup trop rapide. Chaque instant avec Yog, à sentir son parfum, ses cheveux, son souffle, sa main dans la tienne... Te parais infiniment trop court.
Ce n'est que la troisième en tout que vous vous voyez, mais ton attirance envers lui est tellement forte qu'il n'est pas nécessaire que tu le connaisses plus pour justifier ce sentiment à son égard.
En arrivant au cinéma, tu n'étais pas certaine d'avoir de réels sentiments pour lui, excepté un petit "entichage" sans importance.
Mais, depuis, il s'est passé tellement de choses, le long moment plongée dans ses yeux profond, sa main entrelacée dans la tienne, son visage si près du tien, son murmure soufflé à ton oreille, ses caresses futiles et discrètes... Ton incertitude s'est métamorphosée en une toute autre chose, une espèce d'évidence, une vérité irréfutable à tes yeux, mais surtout pour ton cœur. 

Tu l'aimes.

Ces trois mots peuvent peut-être sembler exagérés, après tout, à cet âge, les sentiments, c'est un peu comme la météo, ça va, ça vient, on est sûr de rien. Mais dans le cas de Georgios, rien ne sonnait faux, tout s'accordant à la perfection, comme dans une symphonie. Si ça n'est pas de l'amour, alors tu préfères vivre cela plutôt que d'aimer.

Tu ne veux pas utiliser de grands mots, mais aucun autre que celui-là ne peut illustrer ce qui caractérise ton état d'esprit. 

L'amour.

Ce dernier, est souvent difficile à avouer, ou même simplement à identifier, mais maintenant que tu es bien certaine de le ressentir pour Yog, alors tu te sens capable de le crier haut et fort... Heu... Intérieurement bien sûr, tu es quand même en pleine séance de cinéma, et un simple toussement te vaut un regard incendiaire de la part de la moitié de la salle... Mais... 

Tu es amoureuse.