L'enquêteur et la fille du réseau

Chapitre 2

Après une semaine à l'hôpital, Helena avait appris qu'elle avait dormi deux jours avant d'ouvrir les yeux, qu'elle retrouverait bientôt toutes ses capacités motrices et qu'il lui faudrait encore quelques semaines avant de se remettre totalement de la fatigue engendrée. Cependant, face à son amnésie et à la méfiance qu'elle avait envers tout le monde, la psychologue du service ne s'était pas prononcée. En même temps ce n'était pas comme si la jeune femme avait coopéré. Elle était reste quasiment muette face a l'air qui se voulait rassurant et compatissant de Victoire. Elle feignait l'amnésie, il aurait été trop dangereux de révéler quoique ce soit à qui que ce soit, on ne savait jamais qui se cachait derrière chaque visage souriant. De toute façon il lui manquait encore des morceaux de souvenirs, donc ce n'était pas totalement un mensonge. 

Aujourd'hui, c'était son dernier jour à l'hôpital, sa mère viendrait la chercher le lendemain. La lumière du soleil inondait sa chambre, selon Mike c'était la plus ensoleillée de l'aile de l'hôpital, et Helena posa ses pieds nus sur le sol pour se diriger vers la fenêtre. Elle n'eut pas le temps de faire trois pas que des médecins entrèrent dans sa chambre sans prévenir, elle détestait ce manque d'intimité. 

" Oh vous marchez seule ! C'est une excellente nouvelle !  

- Vous auriez pu toquer, grommela Helena

La médecin qui semblait diriger les autres prit un air désolé qui parut extrêmement faux à la jeune femme.

- Vous me voyez désolée de vous avoir dérangé mais nous sommes en service de réanimation, ici les patients sont tous inconscients normalement. 

Helena s'apprêta à lui répliquer que même pour des personnes inconscientes, ce n'était pas poli. Cependant la femme ne lui laissa pas ouvrir la bouche, elle avait un dossier entre les mains qu'elle regarda avant d'observer Helena. 

-  Je suis le docteur Mélina Shulman, je travaille dans la recherche ADN. Nous vous avons fait des analyses sanguines plus poussées, pour rechercher des traces de maladies dans votre ADN. 

Dans son regard brillait de la curiosité et elle n'aimait pas ça, ça sentait les problèmes, les questions et les ennuis. Son ADN était bien la dernière chose qu'un médecin devait voir, elle ne voulait pas finir rat de laboratoire à nouveau. Elle s'assit sur le fauteuil près de la fenêtre vers lequel elle se dirigeait initialement. Elle prit le temps de réfléchir à ses mots en faisant mine d'arranger les petits tuyaux reliés a son bras. La médecin allait se remettre a parler, semblant agacée par le désintérêt d'Helena lorsque celle-ci releva la tête et demanda

- Vous n'êtes pas sensée devoir avoir une signature attestant de l'accord du patient avant de faire ce genre d'analyses ? Hors il me semble n'avoir rien signé dernièrement.

La femme médecin au regard bleu, aux cheveux noir de jais et a la posture élancée parut déconcertée. Cependant elle ne se laissa pas démonter et avec un air suffisant répliqua

- Certainement, mais cependant nous avons retrouvé des mutations dans votre ADN qui ne peuvent pas avoir été transmise par vos parents. Vous nous devez des explications, finit elle avec un regard arrogant qui fit bouillir Helena intérieurement. Elle remercia sa professeur de théâtre et prit un air étonné, un peu confus, d'une petit voix elle dit

- Je vous l'ai déjà dis, je ne me souviens de rien. Ça veut dire que je suis malade ? 

Bien sûr elle savait que non, mais son petit jeu innocent avait marché car la médecin sembla se radoucir, elle était au courant de l'état amnésique de sa patiente et la prit en pitié. 

- Bien sûr je comprend, ne vous en faites pas, ça ne devrait avoir aucune influence sur votre vie quotidienne.

Helena aquiecsa et la vit commencer à partir avec le groupe de jeunes gens, qu'elle avait identifié comme étant des internes, en lui souhaitant un bon rétablissement. Cependant elle la retint avec son petit air d'oiseau blessé

- Attendez, je me demandez si je pouvais vous posez quelques questions..

La médecin se retourna vers elle avec un faux sourire rassurant. Décidément elle avait l'air vraiment antipathique. 

- J'aimerais pouvoir vous parlez seule à seule, ajouta t-elle en posant un regard sur les internes. 

La médecin leur fis signe de sortir et Helena attendit de voir que la porte était bien fermée pour de nouveau couper la femme qui venait d'ouvrir la bouche pour parler. Elle avait perdu son air fragile mais son corps ne la suivrait pas, seul son esprit l'aiderait pour le moment.

- Je ne sais pas qui vous êtes, ce que vous voulez, qui vous a demandé de faire ces analyses. Ce que je sais c'est que c'est illégal et je suppose que vous n'aimeriez pas voir votre carrière entachée de poursuites judiciaires ? 

Le docteur Shulman fut déconcertée et balbutia quelques mots sans sens particulier. 

- Je vois, vous êtes une novice avec eux. Je vous conseille de faire disparaître les résultats et toutes traces d'analyse, n'envisagez même pas de parler à qui que ce soit de cette discussion. 

Helena lui jeta un regard noir, une colère sortit du plus profond d'elle même brillait dans ses yeux. La femme devant elle avait perdu tous ses moyens, c'était une adversaire facile. 

- Allez vous en. 

Mélina ne se fit pas prier et disparu rapidement derrière la porte. Après quelques secondes Helena relâcha la pression, sa colère par contre ne s'en alla pas, elle ne s'en ira jamais vraiment. Elle posa sa tête contre le dossier du fauteuil médical et soupira, finalement elle avait hâte de partir d'ici. 

Le lendemain c'est une voix qu'elle ne connaissait maintenant que trop bien qui la réveilla. Mike. C'était le jour de son départ. Sa mère était déjà là. Après avoir mangé il avait fallu qu'elle se prépare. En se préparant, elle observa enfin son visage et son corps dans le miroir. Ses joues étaient creusées, ses habits paraissaient trop grands, ses yeux avaient perdu leurs éclats. Cependant, des pointes d'ambres brillaient dans ses iris.  La jeune femme avait perdu le léger sourire qu'elle avait offert à Mike un peu plus tôt, elle soupira avant de sortir de la salle de bain, elle allait débuter sa troisième vie.