14 - Massacre dans le désert

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   En fin d'après-midi, alors que le soleil déclinait, la température avait atteint son paroxysme. Les maigres rideaux de cuir et les parois en bois de la diligence ne permettaient pas une isolation suffisante, et chacun des passagers ressentait les effets de la chaleur.

   Il doit faire au moins une centaine de Fahrenheit là-dedans... Moi, je m'en fiche, je ne ressens pas la chaleur. Vous autres par contre, vous transpirez à grosses gouttes ! Pour une fois que je suis content de ne pas avoir de corps propre...

   Durant ces longues heures de silence, la voix intérieure de Dan s'était montré étonnement bavarde, révélant sur elle-même des choses que le blond était loin de soupçonner. S'il ne savait pas encore ce qu'était concrètement cette entité, il avait appris qu'elle était à part entière, et l'avait choisi comme hôte, n'ayant pas de corps.

Plus il y réfléchissait, plus il se disait qu'un exorciste ne serait peut-être pas du luxe... Ou alors c'étaient juste des hallucinations, après tout, la chaleur étouffante commençait à lui donner mal à la tête.

   Cependant, il fut coupé dans ses réflexions par une remarque de leur compagnon de route à l'air louche. Ça devait être la première fois qu'il l'entendait dire un mot depuis le début du voyage.

— Comanches, à six heures !

   Evidemment, il ne fallait pas s'attendre à une longue tirade... Le pasteur s'apprêtait à faire remarquer qu'il n'était que dix-sept heures, puis réalisa que l'attelage était suivi par un groupe de cavaliers amérindien.

Torse nu pour la plupart, ils étaient une petite douzaine à chevaucher à cru, tenant des armes variées allant de l'arc ancestral au fusil de dernier modèle. L'un d'eux portait même un chapeau de cavalerie, probablement un trophée de l'une de ses victimes.

   Au cri de celui qui semblait être leur chef, ils accélérèrent la cadence et se placèrent de chaque côté de la diligence. Se tassant sur son banc, le cocher se maudit d'avoir accepté de changer d'itinéraire. En plus, il aurait dû se douter que les deux ornières laissées sur une route abandonnée depuis dix ans alerteraient les peaux-rouges. Il ne lui restait plus qu'à espérer que son carabinier saurait mériter sa paie, et que l'homme aux deux six-coups savait s'en servir. Il maintint l'allure et s'enfonça du plus qu'il put dans son baquet, tandis que le carabinier se couchait sur le toit.

À l'étage inférieur, les quatre passagers s'étaient assis sur le plancher, dos aux portières et tête dans les épaules. De chaque côté de la diligence, les cavaliers s'étaient mis en joue, et commencèrent à faire feu.

   Ils sont cinq de chaque côté, et deux derrière. Ne lève pas la tête, il y en a un dans le lot qui ne tire pas et attend que quelqu'un pointe le bout de son nez pour le descendre. C'est le deuxième en partant de l'arrière : tue-le en premier.

   N'ayant rien eu le temps de voir, le blond se demanda un instant comment son hallucination pouvait être aussi précise. Mais il y avait plus urgent à régler.

— Vous, ordonna-t-il à l'étranger qui était dos à lui, vous tirerez quand je vous en donnerai le signal. Essayez d'en abattre le plus possible et de faire diversion. MAINTENANT !

   L'autre ne posa pas de question et se leva d'un bond pour tirer sur leurs assaillants, un revolver dans chaque main. Sur l'autre flanc de la voiture, Dan sortit son arme, et inspira un grand coup.

Il attendit un coup de feu, puis découvrit sa tête immédiatement après. Il compta rapidement ses assaillants et repéra le deuxième en partant de l'arrière. Effectivement, ce dernier se tenait en joue, son fusil braqué sur la diligence, en attendant que quelqu'un lui montre sa tête, ce que l'enfant venait de faire. Cependant, décontenancé par son jeune âge, il retint son tir un instant.

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