Les Héritiers de Sheyton

Chapitre 7 (Corrigé)

Après avoir récupéré son médicament, Kal disparaît, en m'adressant un bref regard qui me glace le sang. Je déglutis et avale le contenu de mon verre, sentant le dégoût me monter à la gorge. Seeno se dirige à nouveau à son bureau pour s'assoir. Il se met alors à taper quelque chose sur son ordinateur.

— Qu'est-ce que tu écris ? osé-je demander, préoccupée.

— Tout ce qui est à propos de ta visite d'aujourd'hui. On nous demande de tenir compte de vos états de santé, répond le médecin.

Il vient de me confirmer ce que je savais déjà.

— Kal va donc être au courant de chaque visite qu'on va faire à l'infirmerie ?

Seeno hoche la tête, étrangement détendu, tout au contraire de moi.

— Effectivement. Il demande de faire un bilan de santé sur chaque élève. Il s'en sert pour évaluer vos capacités de résistance face à la formation.

— Génial... soufflé-je.

Donc ce que Seeno sous-entend, c'est que chaque visite ici nous pénalise, puisqu'elles sont synonymes de faiblesses. Voyant l'expression crispée de mon visage, Seeno m'accorde alors un sourire de réconfort.

— Il n'y a rien de mal. Ne t'inquiète pas, Lana. Kal ne va pas te mettre sur la touche pour quelques nausées. On décèle juste les étudiants qui pourraient être inaptes à l'entraînement avant de faire trop de dégâts. Votre formation est très difficile. Il est de notre devoir de prévenir les cas éventuels où ça irait trop loin. Est-ce que tu comprends ?

Je finis par hocher la tête, à contrecœur, restant douteuse face à ce qu'il vient de me dire. Les raisons ne sont pas que bienveillantes et j'en suis intimement persuadée.

— C'est juste que je trouve Kal très strict. Je ne pense pas que ce soit forcément nécessaire de l'être autant.

— Ce n'est pas Kal qui fixe les règles. Il les applique, c'est tout. Je comprends qu'il vous fasse peur, mais c'est un gentil garçon quand on apprend à le connaître. C'est normal qu'il soit froid et distant avec vous au début, il teste vos capacités à pouvoir supporter la pression. Ne sois pas trop nerveuse. C'est sûrement pour ça que tu as des nausées. Cette journée a été éprouvante, pour vous tous.

Je laisse échapper un petit soupir, et me relève pour lui rendre son verre et sa cuillère.

— Ça doit être ça.

— Sache que si tu as besoin de parler ou de conseils, je reste à ta disposition. Ce qui ne relève pas de votre état de santé, je n'ai pas à le communiquer à Kal, répond Seeno avec bienveillance.

J'acquiesce alors poliment. Seeno est adorable.

— C'est gentil, merci.

Il me raccompagne à la porte. Je le salue et le remercie encore une fois.

— Au plaisir de te revoir, Lana. Prends soin de toi.

Je me retrouve alors seule, repensant à cet instant si différent de ceux que j'ai pu vivre depuis mon intégration à l'ISEM. Seeno paraît tellement chaleureux comparé à Kal. Absolument rien à voir, deux opposés. Pourtant, d'après ce que j'ai vu, ils ont l'air d'être assez proches.

Je regagne ma chambre et m'endors enfin, chassant mes questions à propos du personnage énigmatique de Kal, débutant une nuit déjà mille fois trop courte.

***

Le lendemain, j'arrive en retard au cours de biologie botanique. Je n'ai pas entendu le réveil sonner et je me suisétonnée qu'Éria ne m'ait pas réveillée. Mais bon, passons. Je toque à la porte et une femme de la cinquantaine, châtain, au style un peu bohème et à l'accent presque comique m'ouvre.