Kievag était, plus qu’à son habitude, enfouie sous les vapeurs des cheminées et des machines. Kievag la grise et la crasseuse, dans les rues de laquelle les rats se mordaient gaiement, dans la terre collante où nos pieds les envoyaient contre les murs.
On était trois. On devait retourner au village des sorcières. De nouveau des activités suspectes, ce qui, traduit du langage des dirigeants, veut signifier des témoins.
Les deux à côté se demandaient pourquoi on n’avait pas de voiture tandis qu’on se faisait couper le passage par un de ces engins sur rail. Elles étaient inutilisables en dehors de la ville de toutes manières, et on en était bientôt sortis.
Le village n’était qu’à une demie heure sur ces horribles chevaux, mais je les pousserais quelque-part avant s’ils n’arrêtaient pas de geindre.
On a franchit le bois noircit des portes, somme montés sur les quadrupèdes et avons tracé sud-ouest à la chasse aux "sorcières". La ville derrière nous semblait plus insignifiante à chaque mètre qui nous éloignait d’elle, tas de débris humain au milieu d’une nature rêche.
Ça a senti le purin, signe que nous nous rapprochions. Rien n’était mort dans les champs, seules les femmes l’étaient dans la fraîche fosse où leurs os carbonisés avaient dû être jetés.
À première vue, elles ne manquaient à personne, les terres continuaient d’être pompées du peu qu’elles avaient à offrir et les bêtes ruminaient l’herbe brune du pays, probablement aidées dans leur faible engraissement par des fermiers qui avaient su trouver une dernière utilité aux restes de leurs défuntes sœurs.
Nous avons fini de traverser ces champs de vie pour arriver au village déjà moitié reconstruit. Des poutres brûlées soutenant un nouveau parquet moisi, de la suie dessinant de ridicules prières. Qui sait, peut-être dans cinq minutes serons-nous foudroyés pour l’affront à commettre. J’en doute.
Ensuite nous avons avancé et avons contemplé le misérable spectacle de l’absence de femme. Les hommes violaient leurs cochons sans plus une once de honte.
Les deux derrière ont hurlé au scandale. Je leur ai fait remarquer que s’ils n’étaient pas contents, ils pouvaient s’atteler dès à présent à la tâche qui était la notre ; l’extermination silencieuse des désespérés. Ils ont fait acquiescer leurs armes dans la répugnante boucherie de notre quotidien.
C’était son anniversaire aujourd’hui.
On a tout brûlé. Les deux avaient l’habitude, ça n’a pas prit trop de temps. Ceux-là ont été assez efficaces pour qu’on puisse allez déjeuner à l’heure. Je les redemanderai.
La bière a coulé en vue de l’après-midi gagnée. On a bouffé le pain rance de l’auberge et les pieds de porcs offerts par notre salaire. Tiens, certainement du cochon de la région. Je ne l’ai pas fait remarquer, mais quand bien même l’aurais-je fait, je ne pense pas que ça aurait heurté l’estomac des deux gaillards.
Je les ai laissés, j’avais une après-midi d’ennui sur le feu.
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Sous le regard vide de la lune
رعبRien. Je n’ai rien ressenti lorsque je l’ai tuée. Lorsque mes doigts se sont enfoncés dans sa gorge, que ses lèvres tremblantes et ses yeux m’ont supplié d’arrêter. Et depuis, je n’ai plus rien ressenti. Aujourd’hui j’erre sous la lune et le soleil...