Cela fait longtemps que Liam a renoncé à prendre un ticket aller-retour le matin. Tous les lycéens de Trompignon-les-Chedonneux le font pourtant, 7h09 et 18h02, tarif réduit. Le problème, c'est que Liam ne sait jamais s'il tiendra jusqu'au soir. Le maximum de sa capacité est régulièrement atteint au bout de quelque heures, parfois une, parfois cinq, sous l'indifférence générale. L'absence d'attention de ses camarades le blesse presque plus que les regards inquisiteurs et lourds qu'il subit parfois. Liam est paradoxal, c'est vrai. Il veut être vu sans être regardé. Peut-être qu'au final, Liam est juste humain. Juste pas un humain comme les autres. En cet instant, il jurerait sentir le poids d'une paire d'yeux sur sa nuque. Se cachant sous sa frange de cheveux, il lève craintivement le regard et analyse la situation : un vieux perdu avec son ticket, un second perdu, pas si vieux que ça, quelques femmes d'affaires, le facteur qui passe pas loin... Liam replonge ses iris sur ses genoux. Prend une inspiration. Continue : le mec du guichet qui prend sa pause clope avec un de ses potes, et le principal suspect. C'est un mec adossé au mur, Liam ne l'avait pas immédiatement remarqué à cause de ses vêtements sombres. Leurs regards se croisent et Liam suffoque en abaissant sa tête. Il est dans un mauvais jour, il tremble, il se sent prisonnier alors qu'il n'a même pas encore passé l'enceinte de l'établissement, il est encore sur le quai ! Non Liam non... Il essaie de se raisonner : il ne risque rien, il n'y a pas de raison pour qu'aujourd'hui ça déraille alors qu'hier ça allait. Tout va bien. Sauf que sa respiration se fait sifflante et ses yeux clignent de plus en plus nerveusement, il y a trop de couleurs, de bruits, de présences, de sensations. Il s'en va, il court. Il fuit.
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De 7h09 à 18h02
Short StoryJ'ai écrit cette histoire il y a un moment maintenant, à une époque où j'avais apparemment besoin d'écrire des personnages qui allaient mal. Honnêtement elle est loin d'être gaie. Si c'est votre type d'histoire cependant, n'hésitez pas : faites la r...