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  Felix reprit tout à coup conscience, il avait la tête qui lui faisait atrocement mal, à vrai dire tout son corps n'était que synonyme de douleur. Des pieds à sa tête des pics de douleurs ne cessaient de circuler, parfois en tant que pincement léger, mais parfois ils se faisaient également ressentir comme des gros coups de massues dans l'estomac. Surtout quand il essayait de bouger, même si cela n'était que légèrement.

Pourtant dans cet inconfort se trouvait un peu de confort, il sentait la chaleur d'une couverture l'enrouler, le moelleux d'un matelas sous son corps et la douce caresse d'une main dans ses cheveux.

Et pendant un instant le garçon se sentit bien, il ne ressentait pas le vide qui l'accompagnait depuis plusieurs semaines, ni la haine immense qu'il se portait à lui-même, non seulement la sérénité naïve du moment présent. Alors il garda les yeux fermés, ne voulant pas revenir à la dure réalité. Il avait besoin de cette chaleur.

Cependant après un certain moment, il sentit que la situation n'était pas ordinaire, que ses souvenirs de la veille était trop flou, trop douloureux. Il ne comprenait pas pourquoi il se sentait bien, ni même pourquoi il pouvait sentir une main dans ses cheveux. Puis tout à coup il se rappela du pont, de son envie soudaine de tout terminer, de mettre fin à la peine et la souffrance en sautant vers l'eau du fleuve.

Une pensée furtive traversa son esprit : est-ce que c'est à ça que la mort ressemble ? Il se demanda s'il était mort, s'il avait osé sauter et en finir avec sa vie.

Mais tout à coup la douleur dans son abdomen, les quelques bleus qui se dessinaient sur sa peau ainsi qu'une douleur sous la plante de ses pieds lui annoncèrent que non, il n'avait pas quitté le monde des vivants. Alors il soupira et se décida d'ouvrir les paupières et de laisser le monde le bouffer tout entier.

Tout d'abord il ne reconnut pas où il était. Autour de lui se trouvait le décor d'une chambre à coucher qu'il ne connaissait pas, il se sentait totalement étranger que ce soit par les murs crème, aux meubles en bois clairs ou l'immense tableau d'un paysage de campagne qui trônait mur. Il se sentait perdu.

Toutefois la main dans ses cheveux continuait de le caresser doucement, il n'avait pas rêvé cette douceur, or celle-ci signifiait que quelqu'un était allongé aussi dans le même lit que le jeune homme.

Il inspira puis bougea légèrement la tête pour croiser le regard de la personne. Et tout à coup son cœur s'arrêta.

Felix ne sursauta pas, il ne bougea pas d'une millimètre ou n'essaya pas de se dégager du contact de la personne. Au contraire il resta immobile, alors qu'il ne comprenait plus rien à la situation. Il sentit sa gorge se serrer puis s'exprima d'une voix brisée.

- Est-ce que je suis en train de rêver ?

Le brun secoua la tête, les traits de son visage extrêmement fatigués. Il accorda un sourire attristé à Felix puis prit finalement la parole.

- Non tu ne rêves pas Felix.

La voix de Samuel était douce, elle était plus attentionnée que la dernière fois où l'homme marié s'était adressé au garçon. Le brun gardait son regard rivé sur le visage de Felix, un air inquiet incrusté dans ses traits. Il patienta quelques secondes puis commença de nouveau à caresser les cheveux du jeune homme.

Felix quant à lui ne pouvait détourner les yeux de Samuel, il ne comprenait même pas pourquoi ils se retrouvaient tous les deux dans le même lit, il ne se souvenait plus rien de la veille à partir du moment où il avait posé ses yeux sur le pont. Les seuls souvenirs qu'il gardait étaient ceux dans les toilettes, avec Alessandro.

Le goût du plaisirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant