Ce que Granger ne sait pas

Fremione • Martyre

Un mois.

Un mois à souffrir en silence pour réconforter ceux qui souffrent à haute voix.

Pourquoi tu nous as fait ça ?

Pourquoi a-t-il fallu que la première chose qu'on me dise après la victoire contre le Mal soit l'annonce de ta mort ?

Pourquoi tu les as laissés ?

Pourquoi tu l'as laissé lui ?

Il souffre tellement.

Il n'est plus rien.

Plus rien sans toi.

Tu ne riras plus jamais.

Lui, si.

Dans quelques mois peut-être.

Dans une petite année, qui sait.

Pas avant.

C'est certain.

Encore faudrait-il qu'il parle.

Car non, il ne parle plus.

Plus du tout.

Comment est-ce qu'il demande le sel à table ?

C'est simple.

Il ne viens plus à table.

Il boit un verre d'eau de temps en temps.

Il se laisse mourir, tout simplement.

Et puis tu m'as laissée moi.

Moi qui ne te l'ai jamais dit.

Moi qui ne te le dirais jamais.

Pourquoi a-t-il fallu que tu nous quittes ?

Je crois que le pire fut ton enterrement.

Car tu ne peux pas être vraiment mort, n'est-ce pas ?

Non, hein ?

Non ?

Non...

Si.

Si, tu peux.

S'enfermer dans le déni n'aide jamais.

Et tu es mort en sauvant Denis Crivey de l'explosion.

Colin était avec toi.

Colin qui est mort devant les yeux de son frère.

Tout comme tu es mort devant Percy et Ron.

Denis a tout vu.

Denis a tout dit.

Denis était sous le choc.

Denis a baissé sa garde.

Puis Denis s'est fait tuer.

Tu es mort en vain.

Parfois, je me dit que j'aurais préféré mourir avec toi.

Et eux ?

Pourquoi tu n'as pas pensé à eux ?

Ils sont inconsolables.

Qu'est-ce que j'entends ?

"Il faut faire son deuil" ?

Ha oui ?

Dis à mes yeux de faire leur deuil, qu'ils cessent de pleurer.

Dis à ma bouche de faire son deuil, qu'elle cesse de crier.

Dis à mes jambes de faire leur deuil, qu'elles cessent de trembler.

Dis à mes mains de faire leur deuil, qu'elles cessent de griffer. 

Dis à mon esprit de faire son deuil, qu'il recommence à fonctionner.

Dis-le à mon cœur, de faire son deuil.

Il n'arrêtera pas pour autant de se détruire et de me laisser mourir.

Attention !

Ne te méprends pas !

Ma santé est plutôt bonne.

C'est ma conscience qui est détraquée.

Elle ne fait plus qu'un avec mon inconscient.

Aussi, les rares nuits où je dors, je rêve de toi.

Quand je me réveille, je te vois.

Tu me prends dans tes bras.

Et tu t'évapores.

Encore.

Et mon cœur se brise.

Encore.

Il n'est plus que du cristal.

Du cristal tranchant, coupant.

Du cristal pour autant.

Quelque chose d'assez précieux pour que j'essaie de le préserver, si tu vois ce que je veux dire.

Juste histoire de ne pas mourir.

Alors maintenant écoute-moi.

Sors de ma tête.

Sors.

Sors...

Sors...

SORS DE MA TÊTE, FRED !!!!!

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Voilà le premier OS de ce recueil, publié le 2 mai 2020 en la mémoire de Fred, pour l'anniversaire de sa mort. C'est gai, hein ?

J'en profite pour vous faire un petit point : je ne publierais pas régulièrement, ça dépendra de mon inspiration. C'est aussi pour ça que j'ai fais un OS, l'histoire étant terminée, je n'ai pas à m'obliger pour écrire la suite.

Votre dévouée sorcière,

Mlle Ravendaigle.